Soli’doume veut engager le territoire dans la solidarité alimentaire

La monnaie locale complémentaire puydômoise expérimente depuis un an et demi un système de sécurité sociale alimentaire. L’initiative bénéficie à tous les contributeurs, mais doit encore se populariser et engager plus d’acteurs concernés sur le territoire.


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Le pourquoi et le comment

A entendre parler d’un projet comme Soli’doume d’une oreille distraite, on pourrait croire qu’il s’agit d’un simple système de don régulier pour aider les plus précaires.

Ce serait déjà bien.

Mais le dispositif de sécurité sociale alimentaire lancé par l’ADML 63 est mieux que ça. Il fonctionne sur un principe de répartition équitable au profit de tous, comme dans le cas de la Sécu historique.

L’avantage, c’est qu’il ne stigmatise personne, qu’il inclut toutes les situations individuelles et même les variations de situation. Et en plus, qu’il s’autofinance. Je vais donc devoir encore lâcher notre gros mot favori : c’est un vrai système résilient à l’échelle d’un territoire.

Cela valait donc la peine d’y revenir, maintenant que le dispositif est en place et devient concret. Mais qu’il a encore besoin de se faire connaître et d’être mieux compris.

A lire, donc, d’un œil par trop distrait de préférence.

Marie-Pierre


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Déjà plus d’un millier de consommateurs, dans le Puy-de-Dôme et le nord du Cantal, utilisent la doume. Ce qui fait de celle-ci une des plus importantes monnaies locales complémentaires en France. Loin derrière l’eusko, la très exemplaire monnaie basque, mais dans le top 5 des suivantes si l’on considère le nombre d’unités monétaires en circulation et dans les dix premières en nombre d’utilisateurs.

Lancée en 2015, la monnaie qui circule parallèlement et en parité avec l’euro a réussi à maintenir un vrai dynamisme, animée par ses bénévoles et par ses groupes locaux dont certains très actifs. Et avec le soutien précieux d’Angèle Dransart, unique salariée qui a pour rôle d’assurer la bonne marche du projet et de l’association, et de « permettre aux bénévoles de faire ce qu’ils veulent, dans toute la diversité des groupes, parce qu’ils le font tellement bien ». Entendez par là que ce sont les initiatives des groupes locaux qui permettent de développer le projet, et non la salariée, contrairement à beaucoup de monnaies locales complémentaires qui, à l’exception de l’eusko, réussissent moins bien.

« Mon rôle n’est pas de développer le projet, mais de permettre aux bénévoles de faire ce qu’ils veulent, parce qu’ils le font tellement bien. »

Par conséquent, l’ADML 63, association support de la doume, a la liberté de développer des projets dans le projet, qui correspondent à sa vision de l’économie locale. Elle avait ainsi repéré le besoin d’une filière de consigne et lavage des contenants en verre pour intégrer brasseurs, viticulteurs ou maraîchers locaux à une économie plus circulaire, et avait ainsi été à l’origine, avec d’autres, de l’initiative Pampa.

Lire aussi le reportage : « Pampa veut convertir l’Auvergne au réemploi du verre »

Répartition entre tous

Plus récemment, l’association a voulu se tourner vers une problématique encore plus cruciale : la précarité alimentaire. S’appuyant sur la notion de « sécurité sociale de l’alimentation », qui commence à faire son chemin, elle a lancé le projet Soli’doume en 2022, en mode expérimentation.

Un an et demi plus tard, ce dispositif peu habituel a encore fait peu d’adeptes – une quarantaine – justement parce qu’il n’entre pas dans les leviers habituels de l’aide aux plus précaires, généralement orientés vers une aide sélective, un principe de don, un ciblage des précaires.

Il vaut donc la peine de préciser comment fonctionne ce principe original où tout le monde est solidaire de tout le monde.

Angèle montre la BD "encore des patates"
Soli’doume s’appuie sur le principe de sécurité sociale alimentaire, qui a commencé à se populariser grâce à la bande dessinée « Encore des patates !? », explique Angèle Dransart, , coordinatrice de l’ADML 63.

Première condition pour les volontaires : adhérer à l’ADML 63, et de ce fait, devenir utilisateur de la doume. Une fois ce premier pas franchi, vous pouvez choisir (ou pas) d’intégrer le dispositif Soli’doume, en vous y inscrivant à partir de votre compte utilisateur. Vous allez définir une somme – comprise entre 20 et 70 doumes (équivalent de la même somme en euros) – qui sera prélevée chaque début de mois, plus précisément le jour que vous aurez choisi entre le 1er et le 10 du mois.

Il est bien entendu que tous les inscrits donneront au moins un peu, ou davantage, en fonction de leurs moyens. Mais aussi que la cagnotte ainsi récoltée sera répartie dès le 12 du mois entre tous les participants. Que vous ayez versé 20 doumes ou 70 ou 40, vous recevrez un montant égal au total divisé par le nombre d’inscrits. Soit en moyenne 36 à 40 doumes. Et chacun aura au finale la même somme pour aller faire ses courses.

Faire comprendre l’intérêt

Si vous avez versé beaucoup, vous recevrez une contrepartie mais moindre que ce que vous avez versé. Si vous avez versé peu, vous verrez votre situation un peu améliorée. Si vous avez versé 40 doumes, vous n’aurez rien changé à votre porte-monnaie… mais vous avez participé.

« Au début ce n’est pas facile à comprendre, reconnaît Angèle. Les gens qui ont des moyens commencent par mettre des sommes moyennes car ils ne comprennent pas qu’ils vont en récupérer. Et ceux qui ont les moyens de contribuer à hauteur moyenne ne voient pas l’intérêt, puisqu’ils récupéreront à peu près autant. »

« On réfléchit à l’idée de créer un fonctionnement de communauté pour renforcer l’attachement au dispositif. »

D’où la nécessité d’informer toujours, de continuer à expliquer le principe. Et à faire comprendre que l’intérêt est d’abord dans le fait de participer et de faire grossir la masse de contributeurs pour apporter à Soli’doume une solidité et une notoriété suffisantes pour avoir un réel impact. Cela aidera aussi à répartir les frais de gestion – car il y en a un peu – entre un plus grand nombre de personnes.

« Il faut aussi penser que les situations peuvent changer – et que l’on peut bien sûr changer le montant de sa contribution à tout moment. Celui qui contribue dans cette moyenne des 40 doumes peut avoir plus tard les moyens de donner davantage, ou au contraire avoir besoin de devenir bénéficiaire. Ce sera alors plus simple, dans un sens comme dans l’autre, s’il est déjà dans le dispositif », souligne Angèle.

Même si les contributeurs ne sont pas, pour l’instant du moins, organisés en communauté, le sentiment de solidarité sera toujours plus ancré si les habitudes sont prises. Tout se passe aujourd’hui de façon anonyme, comme quand vous faites un don en ligne à une association. « Mais on réfléchit à l’idée de créer un fonctionnement de communauté pour renforcer l’attachement au dispositif », précise la coordinatrice.

Lire aussi l’entretien : « Soli’doume, le pari d’une sécurité sociale alimentaire adossée à la monnaie locale du Puy-de-Dôme »

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De la qualité pour tous

Que peut-on acheter avec les doumes ainsi reçues ? Angèle explique que l’association a fait le choix de la simplicité. « Même si le principe initial est celui de la solidarité alimentaire, nous avons préféré ne pas limiter le type de produits payables avec ce panier de doumes. D’abord parce que les données statistiques nous montrent qu’elles servent aux achats alimentaires dans 97% de ce qui est dépensé. Ensuite parce que si on achète du savon, de la lessive ou autre, cela reste des produits utiles et aidera de toute façon à la sécurité alimentaire. »

« Nous prévoyons la mise en place d’ateliers pour accompagner les personnes : pour les faire monter en exigence plutôt que baisser nos exigences sur la transition alimentaire. »

La question se pose aussi de savoir s’il est possible d’aider les personnes à se nourrir mieux, quelles que soient leurs contraintes budgétaires, mais sans stigmatiser les choix des consommateurs concernés. Une question somme toute épineuse, comme l’explique Angèle : « Nous souhaitons insister sur la question de la qualité, dans la perspective de la transition alimentaire ; c’est pourquoi nous avons choisi de flécher le dispositif vers les achats auprès des producteurs et commerçants acceptant la doume, qui proposent des produits locaux, bio… Mais nous avons conscience que c’est un type de consommation très éloigné des habitudes de beaucoup des personnes qui ont besoin de bénéficier d’une aide. C’est pourquoi nous prévoyons la mise en place d’ateliers pour accompagner les personnes : pour les faire monter en exigence plutôt que baisser nos exigences sur la transition alimentaire. Sans pour autant imposer des modes de consommation, mais en permettant aux personnes d’avoir une alimentation choisie plutôt que contrainte, et cela en connaissance des enjeux. »

Les billets en doume présentés par Angèle
Adossé à la monnaie locale complémentaire du Puy-de-Dôme, le dispositif Soli’doume peut être utilisé pour acheter tous types de produits chez les commerçants acceptant la doume.

Accompagner des changements d’habitude

Dans cette perspective, l’ADML s’est notamment associée au Cresna, une coopérative qui propose des accompagnements à la transition dans les comportements alimentaires (voir encadré ci-dessous). Des ateliers sont mis en place en partenariat, non pas pour les personnes déjà engagées dans l’utilisation de la doume, mais pour des personnes qui ont besoin d’un parcours construit, sur plusieurs mois ou années, pour découvrir d’autres façons de se nourrir, des modes de vie et de consommation sains et durables.

L’intégration à Soli’doume apparaît comme un levier supplémentaire à leur disposition pour mettre en pratique ce qu’ils auront expérimenté dans ce parcours. Les jeunes de 16 à 25 ans sont le premier public visé par ces accompagnements, mais pas les seuls.

Autre structure associée à la démarche, Cap’Mental apporte par exemple la possibilité d’inclure des personnes en situation de handicap. Et l’ADML 63 parvient parfois à obtenir des financements pour inclure d’autres publics.

Le point de vue du Cresna (cliquer sur le bandeau noir)

« Nous considérons qu’on ne peut pas faire sans les bénéficiaires »

La coopérative clermontoise Cresna, spécialisée dans l’accompagnement aux changements de comportement par rapport aux habitudes notamment alimentaires et environnementales, est un partenaire important de Soli’doume, aux côtés de l’ADML 63.

Pour sa coordinatrice Delphine Faucon, ce partenariat apparaît comme allant de soi : « Il entre dans le champ de notre agrément ESUS qui reconnaît notre utilité sociale, d’autant plus qu’il s’agit d’œuvrer sur un aspect de justice sociale alimentaire. Et surtout, l’accompagnement sur le comportement alimentaire est notre quotidien. »

Comment le Cresna s’implique-t-il dans le dispositif Soli’doume ?

Nous nous impliquons d’abord par l’organisation d’ateliers à l’intention des jeunes de 16 à 25 ans, cible principale du dispositif ; ils sont pris en charge dans le cadre de partenariats avec des structures qui les accompagnent plus globalement, comme la Mission Locale de Clermont. Notre rôle est de travailler à faire émerger les problématiques qui leur sont propres et à créer des outils pédagogiques pour y répondre, et que nous allons ensuite animer. Par exemple, nous avons mis en œuvre des ateliers ‘‘cuisine observationnelle’’ où nous allons aborder des questions de budget, de créativité et des représentations que chacun se fait de l’alimentation ; cela se fait sur un temps long pour les amener à modifier leurs comportements, dans un sens qui préserve mieux leur santé. Ces ateliers sont un des outils, mais il y en a d’autres qui vont s’ajouter par la suite, comme un ‘‘parcours du goût’’ qui les amènera à découvrir l’écosystème où ils pourront avoir des pratiques d’achat en cohérence avec ces nouveaux comportements.

Il s’agit notamment de l’écosystème de la doume… Comment amenez-vous ces jeunes à intégrer le dispositif Soli’doume : est-ce un but à atteindre à l’issue de l’accompagnement ?

Nous considérons les personnes accompagnées comme des Solidoumiens dès l’entrée dans l’accompagnement, même s’ils ne participent pas immédiatement. Et nous allons les accompagner pour qu’ils connaissent mieux cet écosystème et qu’ils s’y intègrent. Pour nous, c’est important de les impliquer car nous souhaitons toujours faire avec les personnes plutôt que pour les personnes. Nous avons à cœur de faire en sorte qu’ils deviennent partie prenante de la gouvernance partagée de Soli’doume. Par exemple, nous allons accueillir prochainement en stage deux jeunes dont la mission sera de créer des contenus pour le compte Instagram de Soli’doume s’adressant spécifiquement à ce public. Nous considérons qu’on ne peut pas faire sans les bénéficiaires.

Votre rôle s’arrête-t-il à ce public des jeunes ou des personnes en précarité alimentaire ?

Nous commençons aussi à travailler à des accompagnements de personnes de catégories sociales plus aisées, de façon à intégrer aussi dans Soli’doume des personnes solidaires, indispensables pour équilibrer la caisse. Ce travail est en cours d’amorçage : nous avons à imaginer des accompagnements spécifiques pour ce public, puis à terme, pour faire se rencontrer ces différentes catégories de contributeurs.

Mais il y a plein d’autres outils à imaginer…

Un dernier exemple, pour donner un aperçu de l’éventail des possibilités ?

Nous avons un projet avec la filière « Nutrition humaine » de la faculté de médecine, plus précisément avec des étudiants de Master 1. Nous leur avons proposé de choisir entre différentes problématiques. C’est en cours, mais ils vont probablement s’orienter vers un travail permettant de repérer, dans l’écosystème de la doume, s’il manque des choses par rapport à la qualité de l’offre alimentaire sur le plan diététique.

Dans ce projet comme dans les autres, notre rôle est celui d’une intermédiation, dans une optique de santé publique et plus généralement, de changement de comportement.

Le premier dispositif en France

Le système de sécurité alimentaire représente donc, on le comprend, un long cheminement à construire, ce qui explique cette période d’expérimentation. Des questions se posent encore dans les aspects les plus pratiques – fourchette de versements proposée, panier des produits accessibles, financement des accompagnements, etc. – mais aussi sur les grands principes et la stratégie de déploiement du dispositif.

« Beaucoup de projets ont passé d’abord du temps à travailler à la démocratisation du processus avant de se lancer. »

Ainsi le fait d’adosser celui-ci sur une monnaie locale complémentaire est relativement original – mais pas unique – par rapport à d’autres expérimentations en France. De même que le choix de le lancer rapidement, alors que « beaucoup de projets ont passé d’abord beaucoup de temps à travailler à la démocratisation du processus avant de se lancer. » Ce qui vaut à Soli’Doume d’avoir été historiquement le tout premier dispositif opérationnel en France, mais de rester discret au regard d’initiatives aujourd’hui plus médiatisées, comme celles de Montpellier ou de Bordeaux.

Les porteurs de Soli’doume doivent encore réussir le pari de changer d’échelle en termes de nombre de contributeurs. Cela passera aussi, estiment-ils, par l’appropriation plus générale de cet outil de la part de tous les acteurs concernés : consommateurs bien sûr, mais aussi les producteurs et les commerçants, les collectivités et autres acteurs de la transition alimentaire.

Lire aussi le reportage : « Le grain de sel des citoyens-consommateurs dans la soupe des légumes locaux »

Construire un idéal commun

Pour franchir ce pas important, l’ADML 63 s’est rapprochée du Cisca, afin de mener une recherche-action sur le sujet. « Le rôle de cette mission est d’inviter les acteurs du territoire à construire ensemble un idéal commun des modes d’alimentation, et de mettre en place des actions et expérimentations pour tendre vers cet idéal. Car ce serait important qu’un projet de sécurité sociale alimentaire devienne l’affaire de tout le territoire, et pas seulement de deux ou trois associations », insiste Angèle.

« Ce serait important qu’un projet de sécurité sociale alimentaire devienne l’affaire de tout le territoire, et pas seulement de deux ou trois associations. »

Ce serait d’autant plus intéressant que ce système a l’avantage de s’autofinancer quasiment, et d’autant plus si d’autres acteurs que les particuliers s’engagent. « Ils peuvent aider par des dons à tenir l’équilibre. Car nous avons choisi de faire en sorte que le montant redistribué chaque mois ne soit jamais inférieur à 36 doumes. Ces apports complémentaires vont contribuer à soutenir ce seuil les mois où il n’est pas atteint », explique Angèle, qui cite quelques exemples d’initiatives chez les professionnels adhérents. Par exemple, la pizzeria clermontoise Oncle Héraclite a proposé durant tout un mois sur sa carte une « pizza Solidoume » avec réversion de 2 euros au dispositif sur chaque vente. Biocoop a participé aussi, dans le cadre de leurs opérations de solidarité.

Pour populariser le système et élargir la communauté des contributeurs, Soli’Doume compte enfin sur des jeunes en service civique qui doivent être accueillis prochainement et auront cet objectif pour mission. Si déjà ils arrivaient à convaincre le millier de consommateurs ayant un compte d’utilisateur de la doume, ce serait un beau pas de franchi. Car pour ceux-là au moins, c’est très simple : ils n’ont que quelques clics à faire pour s’y engager.

Pour en savoir plus sur l’Association pour le Développement des monnaies locales du Puy-de-Dôme (ADML63), consulter le site internet.
Pour en savoir plus sur la doume, les professionnels participants, pour devenir utilisateur et intégrer le dispositif Soli’doume, consulter le site spécifique de la doume.


Reportage Marie-Pierre Demarty – texte et photos – réalisé le 22 janvier 2024. Photo de une : Angèle Dransart, coordinatrice de l’ADML 63, présente les documents de promotion de Soli’doume et de la sécurité sociale alimentaire.

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