Sommaire
- Les intervenants
- Le podcast
- La synthèse : Retard à l’allumage pour un sujet brûlant
- Une question (trop) récente
- Technique et bon sens
- Un défi à grande échelle
- Obstacles à la pelle
- Les vidéos diffusées
- Interview introductive sur le contexte climatique à Clermont
- Interview sur la définition du confort thermique
- Interview sur l’opportunité d’investir dans l’adaptation
- Interview sur le décalage économique offre/demande
- Interview sur l’accompagnement des particuliers
- Interview sur la réglementation RE2020 et le confort thermique
- Autres ressources
- Les structures représentées
- Quelques liens externes proposés par Guillaume Dolques
- Le cycle “Clermont sous 50 degrés”
- Les crédits
Les intervenants
- Rémi Chabrillat : président de l’Aduhme, élu à la ville de Clermont-Ferrand
- Cindy Vernet : conseillère à Rénovactions 63
- Stéphane Weber : fondateur de Mon Habitat Positif
Le podcast
Vous pouvez accéder à un enregistrement “nettoyé” – pour une meilleure écoute – de la Rencontre ici :
La qualité de l’enregistrement audio est parfois mauvaise, il nous est arrivé d’avoir quelques imprévus techniques. Nous en sommes bien désolés. Si vous connaissez une gentille IA (pas un Terminator) qui puisse nettoyer nos fichiers son, tenez-nous au courant.
La synthèse : Retard à l’allumage pour un sujet brûlant
Si on vous dit confort thermique des bâtiments, vous pensez sans doute d’abord chauffage et isolation pour avoir un cocon douillet en hiver. Éventuellement, vous imaginez vaguement qu’une bonne isolation contre les grands froids vous prémunit aussi contre les grands chauds.
Ce sont les premières idées reçues que nos intervenants se sont attachés à démonter, alors que les météorologues nous disent que les étés vont dans l’avenir être plus longs, plus chauds, avec des pics de chaleur plus violents. « Ce ne sont pas les mêmes isolants pour l’hiver et l’été, explique Stéphane Weber. Contre le froid, il faut des matériaux épais contenant de l’air. Contre la chaleur, il faut des matériaux lourds, denses pour créer un déphasage : on va chercher à faire en sorte que la chaleur les traverse le plus lentement possible. »
« Quand on nous questionne sur la climatisation, ça nous alerte sur le fait qu’il y a un problème sur le bâtiment.”
Cindy Vernet
Seulement voilà : quand on rénove, on n’y pense pas. Ne serait-ce que parce que les aides sont inexistantes. Les conseillers Rénov’actions 63 en sont bien conscients, à l’image de Cindy Vernet qui recueille comme ses collègues très peu de questions sur ce thème, mais s’efforce de relever les « questions indirectes » : « quand on nous questionne sur la climatisation, cela ne peut pas relever d’une logique de baisse de facture ; ça nous alerte sur le fait qu’il y a un problème sur le bâtiment. On va alerter aussi quand il y a un projet d’aménagement de combles. »
Une question (trop) récente
Car les deux professionnels en sont bien conscients : il vaut mieux traiter les deux questions en même temps, même lorsque la question de la chaleur relève encore de l’anticipation : « Si on fait une rénovation thermique pour l’hiver maintenant et qu’on doit reprendre les choses dans quelques années pour la chaleur, cela coûtera beaucoup plus cher », avertit Stéphane Weber.
On le comprend, il a surtout été question de rénovation au sujet du confort thermique des bâtiments en été.
Pourquoi ? « Parce que les deux tiers, voire les trois quarts des bâtiments de 2050 sont déjà construits », répond Rémi Chabrillat, qui précise encore la problématique : « alors qu’on se préoccupe du confort d’hiver depuis des siècles, le confort d’été n’est un sujet que depuis dix ou vingt ans, et surtout dans une logique sanitaire ou d’urgence. »
“Le confort d’été n’est un sujet que depuis dix ou vingt ans, et surtout dans une logique sanitaire ou d’urgence. »
Rémi Chabrillat
De sorte que « pour le neuf, on sait faire », mais pour le plus ancien, tout semble à reprendre – et même le pas très ancien, témoigne Stéphane Weber qui lève les yeux au ciel en pensant aux constructions des années 1970 ou 1980 : « avant les années 2000, on ne faisait rien ». Alors que, rappelle Rémi Chabrillat, « la première règlementation thermique date de 1975 ».
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Technique et bon sens
Question d’autant plus préoccupante, donc, que la prise de conscience émerge à peine et entre de plain-pied dans la catégorie des questions urgentes qui n’ont pas été anticipées. D’où les difficultés à les résoudre.
“On peut arriver à un confort thermique même en rénovation, sauf pour les périodes de canicule longues. »
Stéphane Weber
On a évidemment beaucoup parlé des solutions techniques : matériaux, orientation, végétalisation, stores, ventilation, sans parler de la solution “contre-productive” des climatiseurs… On a pu découvrir la complexité des réponses à apporter. « Pour la rénovation, malheureusement il n’y a pas de miracle », lâche Rémi Chabrillat. « Si on met les moyens, on peut arriver à un confort thermique même en rénovation, sauf pour les périodes de canicule longues », tempère Stéphane Weber.
Cindy Vernet ajoute la solution du bon sens : « quand on n’a pas de solution technique, il faut penser aux gestes simples : un ventilateur devant lequel on fait sécher du linge pour humidifier l’air, voire un plafonnier-ventilateur comme en Outre-Mer ; éviter de faire fonctionner l’électro-ménager ou les ordinateurs, baisser les stores, aérer la nuit… En somme, changer ses habitudes pour s’adapter. »
Pour aller plus loin : « Dans la jungle de la rénovation thermique, on peut au moins s’appuyer sur Rénov’actions 63 »
Un défi à grande échelle
Reste que la question ne s’arrête pas aux décisions individuelles mais apparaît vite, à Clermont comme ailleurs, entrer dans le champ des problématiques sociales et politiques. Il a été souligné par exemple que le pays fait face à un défaut de compétences pour opérer les travaux nécessaires, au vu de l’ampleur du défi à relever. « 80% des plaquistes ne savent pas ce qu’est l’isolation. Ils en font, mais très mal », constate Stéphane Weber, dans un contexte où, souligne-t-il, « il y avait déjà pénurie de main-d’œuvre avant le covid, mais après le covid, c’est la catastrophe ».
Problématique du coût aussi, non seulement pour les particuliers en l’absence d’aides, mais aussi pour les collectivités qui doivent adapter les bâtiments publics. En tout premier lieu les écoles, puisque l’été caniculaire s’invite désormais au mois de juin. « Une étude sur les écoles de Clermont a montré un constat assez terrible : les plus basses températures mesurées en juin dans les classes étaient à 28°C et montaient pour certaines jusqu’à 36°C », expose Rémi Chabrillat, qui met en regard la lenteur de l’adaptation : « la rénovation thermique d’un groupe scolaire coûte environ 2 millions d’euros ; nous programmons 3 millions d’euros par an sur les rénovations »… sachant que Clermont compte une trentaine de groupes scolaires, dont un seul de construction récente.
« La rénovation thermique d’un groupe scolaire coûte environ 2 millions d’euros.”
Rémi Chabrillat
L’élu précise que la Ville compense la difficulté à engager rapidement ces travaux lourds en finançant aussi des aménagements plus légers : régulation thermique à distance, pose de pare-soleil, achat de ventilateurs, végétalisation des cours d’école…
Obstacles à la pelle
Entre les travaux et gestes individuels et la délicate gestion des bâtiments publics, reste le cas épineux de l’adaptation des immeubles collectifs.
Epineux et bien réel, à en juger par les questions et débats engagés avec le (nombreux) public présent aux Volcans. Difficulté à mobiliser des copropriétaires aux intérêts et moyens divers, incompétence ou indifférence des syndics – « il faut les secouer », enjoint Rémi Chabrillat –, véto des Bâtiments de France, complexité des montages de financement… Autant d’obstacles qui semblent quasi infranchissables pour qui veut pouvoir survivre dans son appartement par 50°C d’ici à quelques années ou dizaines d’années.
Une lueur d’espoir a tout de même été apportée à ces Clermontois par Cindy Vernet : un conseiller spécialiste des immeubles collectifs a rejoint récemment l’équipe de Rénov’actions 63. Gageons qu’il va recevoir pas mal de sollicitations dans les semaines qui viennent !
Synthèse par Marie-Pierre Demarty
Les vidéos diffusées
Interview introductive sur le contexte climatique à Clermont
Alexandre Letort (prévisionniste météo) et Vincent Cailliez (climatologue)
Interview sur la définition du confort thermique
Sofiane Batnini (thermicien)
Interview sur l’opportunité d’investir dans l’adaptation
Guillaume Dolques (expert à l’I4CE)
Interview sur le décalage économique offre/demande
Patricia Delepine (présidente de la FFB63)
Interview sur l’accompagnement des particuliers
Romain Chiroux (conseiller à l’ADIL63)
Interview sur la réglementation RE2020 et le confort thermique
Virginie Steu (chef de projet à CRR Architecture)
Autres ressources
Les structures représentées
- Le site de Rénovactions 63, de l’ADIL 63 et du CAUE 63 pour l’accompagnement des particuliers
- Le site de l’Aduhme pour l’accompagnement des collectivités
- Le site de CRR Architecture, cabinet d’architecture clermontois à rayonnement national
- Le site du bureau d’études Transis’on à Sauxillanges
- Le site de la Fédération Française du Bâtiment 63
- Le site de l’I4CE (Institut de l’Economie pour le Climat)
Quelques liens externes proposés par Guillaume Dolques
Avec ses commentaires en complément
- Cette étude de l’ADEME sortie l’année dernière propose de se projeter à 2050 et 2100 dans un climat type Nîmes et Paris et regarde les options d’adaptation et leurs limites
- Cette autre étude, du CIRED, montre que même une combinaison d’actions extrêmement ambitieuse (10% des surfaces de la ville transformées en parc, règlementation sur le confort thermique dans la construction neuve ; Isolation, peinture et matériaux réflectifs pour les bâtiments existants) dans une ville comme paris ne suffit pas à supprimer entièrement l’usage de la climatisation mais permet d’en réduire l’utilisation. Parmi les actions observées, c’est bien la sobriété d’usage qui est le plus efficace sur la consommation (température de consigne et durée d’utilisation).
- Cette étude de sensibilité sur le moteur de la RE2020 (un peu technique) portée par 3 bureaux d’études montre que les seuils de confort sont difficilement atteignables en construction neuve dans le sud de la France (zone H3). Comme on devrait s’attendre à voir remonter ce type de climat à l’avenir, c’est vers la France entière que l’on va avoir du mal à “tenir” des bâtiments confortables sans climatisation. C’est une conclusion un peu raccourcie mais l’idée est là.
Le cycle “Clermont sous 50 degrés”
Cette série de Rencontres Tikographie (janvier à juin 2024 inclus) se focalise sur la question de l’adaptation de la métropole clermontoise et de ses acteurs – publics comme privés – aux conséquences du dérèglement climatique et notamment au fort risque d’étés caniculaires à répétition.
A quoi faut-il s’attendre au niveau des bâtiments ? De l’approvisionnement en eau ? Des événements météo extrêmes ? Quelle stratégie adopter à ce moment, et surtout, que peut-on faire aujourd’hui pour s’y préparer ? Ces questions n’éludent pas le besoin d’atténuation en parallèle mais elles le complètent, le dérèglement climatique étant largement enclenché et inéluctable.
Pour en savoir plus (thématiques, dates, modalités), cliquez ici pour accéder au dossier de presse.
Les crédits
Merci à la librairie les Volcans d’Auvergne pour son accueil et le partenariat de réalisation des Rencontres Tikographie pour cette saison, et en particulier à Boris, Philippe, Lénaïc, Olivier et Gaëlle.
Merci à nos invités, aux participants et à l’équipe de l’association Tikographie qui porte et organise les Rencontres.
Pour cette Rencontre spécifique ont œuvré :
- Damien à la préparation éditoriale et à l’animation;
- Clémence à la prise de son;
- Patrick et Laura-Lou à la préparation de l’espace événementiel;
- Marie-Pierre aux photos et au compte-rendu.
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