Pour Géraud Dorchies, « quand la RSE n’est pas sincère, elle finit par se retourner contre l’entreprise. »

Point d’étape sur la RSE, ses enjeux, ses apports, ses bonnes et ses mauvaises pratiques, avec Géraud Dorchies, formateur et consultant spécialisé en développement durable à Clermont


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Pourquoi cet article ?

Comme je l’ai évoqué par petites touches depuis quelques mois, je participe à une nouvelle initiative d’accompagnement des entreprises locales à la transition écologique et à la résilience territoriale, baptisée Sens9 – le site devrait paraître sous peu 😉

Dans ce cadre, j’ai voulu faire le point sur l’enjeu de la RSE qui est largement partagé, mais inégalement appliqué, par les entreprises. Car, lors de mes entretiens, je constate que les « pressions » pour le développement durable viennent de nombreuses sources – les financements accordés par les banques, les obligations réglementaires, les critères d’appels d’offres publics, les exigences des grandes entreprises … ce qui se mêle aux approches « intrinsèques » de nombreux chefs d’entreprises convaincus de sa nécessité.

En même temps, la RSE, qui date peu ou prou des années 90-2000, est-elle encore suffisante pour agir face à l’urgence écologique ? Peut-être faut-il se dire que c’est une bonne « première pierre » mais qu’il faut vite progresser. C’est d’ailleurs le point de vue de Géraud, qu’il développe dans ces lignes.

Je vous souhaite une bonne lecture !

Damien

Les principaux points à retenir

  1. La RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises – s’est progressivement imposée comme la « clé d’entrée » principale du développement durable pour les entreprises. Liée aux 17 piliers posés par les Nations Unies, elle a pris corps directement ou indirectement dans un corpus réglementaire – dont les lois PACTE ou Climat et Résilience – sans être très contraignante malgré tout.
  2. Comprenant sept « piliers », dont un dédié à l’environnement, la RSE couvre les aspects sociétaux de l’activité de l’entreprise. Cette définition reste, en outre, générale. La RSE est donc très souple, insiste Géraud Dorchies, et les entreprises sont assez libres dans le choix de leurs indicateurs et de leurs objectifs. Seuls les grandes structures ont l’obligation de publier un « rapport extra-financier« , qui n’est pas toujours bien utilisé par ailleurs.
  3. Quelles sont les motivations des entreprises pour développer leur RSE ? Il semble que cela soit d’abord pour des raisons d’image – avec les risques connexes de greenwashing, ce que qualifie Géraud d’approche « réductrice ». Une meilleure approche consiste pour l’entreprise à travailler sur ses fondamentaux : raison d’être (depuis la loi PACTE), valeurs communes … la RSE est ici un levier de valorisation interne, positif pour la motivation comme pour le recrutement.
  4. Enfin, Géraud insiste sur des avantages liés aux aspects économiques, soit parce que les critères RSE se multiplient dans les appels d’offres publics, soit parce que les entreprises pro-RSE sont plus en lien avec leur environnement et les communautés qui leurs sont proches. C’est le principe de « parties prenantes« , tous les acteurs impactés par l’activité de l’entreprise, et qui sont appelés à participer au process RSE.
  5. Géraud précise qu’on ne peut être certifié RSE. Il est cependant possible d’appliquer des certifications ISO (ISO 26000 notamment) qui s’en approchent tout en englobant autant de social que d’environnemental. Il avance aussi les apports de labels comme Lucie, qui incluent une communauté d’entraide et un accompagnement à l’auto-évaluation.
  6. L’Etat a ici un rôle positif, reconnaît Géraud. Au-delà des différentes lois évoquées, il pousse des dispositifs incitatifs comme l’Ecoscore ou la Plateforme RSE gouvernementale, pilotée par France Stratégie. Aujourd’hui, la France est bien classée dans les comparatifs RSE par pays. Néanmoins, Géraud invite à prendre du recul sur les nombreux classements RSE : selon lui, ce sont surtout les petites structures, « sous le radar » de la RSE, qui malgré tout la pratiquent le plus car elles le font de manière naturelle, étant proche de leurs communautés et de leur environnement.
  7. La RSE est enfin un très bon moyen de développer sa résilience. Parce que les entreprises auront travaillé sur leurs valeurs fondamentales, parce qu’elles auront ressoudé leurs salariés autour d’elles, et parce qu’elles seront en lien quasi-permanent avec les parties prenantes – clients, fournisseurs, autres acteurs de la filière – elles auront développé une « reliance » qui est un critère de résilience majeur en cas de crise.
  8. C’est pourquoi Géraud recommande, in fine, d’appliquer la RSE de la manière la plus sincère et la plus globale possible, aussi bien dans la stratégie de l’entreprise que dans ses projets et ses processus quotidiens. Et dans une logique d’amélioration continue, car il faut en parallèle renforcer la cadence face à l’urgence écologique.

L’intervenant : Géraud Dorchies

Formateur et consultant spécialisé en RSE et en développement durable


De formation « agri-agro » comme il la définit, Géraud a travaillé initialement dans la biologie, en laboratoire. Il s’est converti au développement durable et à la RSE – pilier environnemental – « parce qu’il n’y a pas besoin d’être un grand biologiste pour constater la dégradation de l’environnement », précise-t-il.

Il a notamment travaillé avec l’INRA sur le terrain agricole : « dégradations liés à la pollution de l’eau ou des sols, aux pesticides, à la perte de biodiversité … ce sont des choses qui bouleversent les écosystèmes. » Il a aussi étudié la chaîne alimentaire des fromages, « avec de vraies dérives de l’agro-alimentaire industriel dans le secteur laitier » insiste Géraud. Au global, il a été consultant dans ce secteur et sur l’hygiène-qualité pendant 10 ans, en portage salarial notamment.

Aujourd’hui – début 2022 – Géraud est formateur, intervenant à l’ITSRA (Institut du Secteur Social) où il intervient sur un certificat permettant de devenir directeur de structure sociale. Il est également en recherche d’opportunités professionnelles auprès des entreprises.

Contacter Géraud par e-mail : geraud.dorchies [chez] gmx.fr

Crédit photo : Géraud Dorchies (DR)


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La RSE [Responsabilité Sociétale des Entreprises] concerne de plus en plus d’acteurs aujourd’hui. D’où le concept vient-il ?

Beaucoup d’entreprises, notamment des petites, faisaient de la RSE sans le savoir, depuis la nuit des temps – en se préoccupant de leur environnement social (entreprises “paternalistes”, philanthropes …). 

C’est Bowen qui a théorisé le concept en 1953 aux Etats-Unis. Mais la prise en compte de l’impact écologique restait à la traîne … jusque dans les années 1980, quand les grands accidents industriels comme Tchernobyl ou Bhopal ont fait réaliser aux chefs d’entreprise que leur activité pouvait fortement impacter l’environnement. Et ce bien avant la sensibilisation au changement climatique !

Puis, en 1987, le “développement durable” naît du rapport Brundtland. Suivi par le sommet de Rio en 1992 et les 17 principes du développement durable lancés par l’ONU et son secrétaire général Kofi Annan. Enoncés comme objectifs pour 2030, ils sont devenus, intrinsèquement, les “piliers” de la RSE, même s’ils s’appliquent d’abord aux Etats.

Les Nations Unies ont posé les 17 « objectifs » du développement durable, en principe pour 2030. Ce sera loin d’être acquis, mais c’est un cadre de référence pour de nombreux acteurs / Crédit photo : Manuel Elias, UN (DR)

Aujourd’hui, quels sont les axes d’amélioration portés par la RSE ? Et avec quelles obligations ?

Dans la norme de base, on peut définir sept piliers : la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, le respect des consommateurs, et enfin les communautés et le développement local. On voit que la partie “environnement” est un point parmi sept … et elle reste assez générale dans sa définition. 

En termes d’obligations, la RSE est très souple. C’est toujours aux entreprises de choisir leurs indicateurs : souvent – dans la dimension écologique – cela se traduit par de la réduction des déchets ou des économies d’énergie … en tous cas, ce qui semble le plus évident pour agir sur l’environnement. Enfin, les entreprises sont libres de se fixer des objectifs de réduction.

En termes d’obligations, la RSE est très souple.

Cela dit, du côté des grands groupes (plus de 500 salariés, et 100 millions d’euros de chiffre d’affaires) il y a une obligation de publier un “rapport extra-financier” , une compilation de données sociales et environnementales. C’est logique, puisqu’une grande entreprise aura un impact important. Mais ces rapports sont peu lisibles et rarement parcourus.

Avec peu d’obligations, quelles sont alors les motivations pour pratiquer la RSE ?

C’est principalement pour l’image, à 53% selon un sondage BVA de 2020. Mais cette approche, si elle est la seule, est vraiment réductrice. Il y a heureusement beaucoup d’autres opportunités, qui se renforcent avec le temps.

Déjà, depuis la loi PACTE de 2019, les entreprises peuvent inclure dans leur statuts leur “raison d’être” et leurs valeurs. A mon sens, c’est plutôt une bonne chose ! Même si ça concerne davantage les nouvelles structures, c’est un bon moyen de motiver les collaborateurs.

On voit donc que la RSE sert beaucoup en valorisation interne : définir une marque employeur, attirer des talents, motiver les salariés par les valeurs de l’entreprise. Maintenant, les jeunes diplômés veulent que leurs valeurs se retrouvent dans leur poste. Je pense que ça peut devenir un point principal pour pousser la RSE dans les entreprises, au-delà de l’image ! 

La RSE sert beaucoup en valorisation interne.

Du côté économique, l’Etat a mis un volet RSE dans des appels d’offres. Cela peut faire une vraie différence face à des concurrents moins engagés. 

Enfin, la RSE est un moyen d’être connecté à son territoire et aux communautés locales, et donc de bien répondre aux besoins des consommateurs et des partenaires. D’où l’avantage de travailler avec ses parties prenantes.

Les bénéfices de la RSE résumés dans un article en ligne de Novethic, recommandé par Géraud / Crédit visuel : Novethic (DR)

Comment peut-on être “certifié” RSE ?

On ne peut pas être certifié RSE, on est juste “engagé” ! Cela dit, il y a des normes ISO qui s’en approchent, et principalement l’ISO 26000 qui est volontariste. C’est à mon avis la plus intéressante car elle est la plus englobante – elle inclut aussi bien l’environnemental que le social ou l’économique. Et parce qu’elle est pensée dans une logique d’amélioration continue.

On ne peut pas être certifié RSE, on est juste “engagé” !

A comparer avec les normes ISO 14001 sur la “QSE” (Qualité, Sécurité, Environnement), et bien sûr les normes de type ISO 9001 sur la qualité, bien connues des consommateurs. La plupart des grands groupes sont QSE, parce que tout le monde l’est, et parce qu’ils l’exigent pour travailler avec eux. Mais ces normes sont souvent contraignantes, très bureaucratiques, et peuvent répondre à un phénomène de mode.

Lire l’entretien : recherche, innovation et management au service de la transition, selon Frédéric Denisot

Dans un autre registre, il y a les labels comme Lucie, qui s’applique aux structures ISO 26000 mais en représentant une communauté d’entraide et une série de formations. Lucie aide les acteurs à s’auto-évaluer. C’est une approche collaborative : on ne fait pas l’ISO 26000 dans son coin, on est épaulés par des structures déjà engagées.

L’Etat est-il encore moteur dans le développement de la RSE ?

Il l’a été avec les différentes lois bien sûr. On l’a vu avec la loi PACTE de 2019, ou plus récemment la loi Climat et résilience d’août 2021. Elle a notamment annoncé la mise en place, prochaine, de l’Ecoscore. Est-ce que ce sera comme le Nutriscore mais élargi ? A suivre …

Il y a aussi la plateforme RSE gouvernementale : elle permet de mettre les filières autour de la table pour discuter du sujet. C’est un processus très complexe, et le rôle fédérateur de l’Etat est ici indispensable. Mais, au final, c’est bien pour les consommateurs.

Enfin, il faut noter un certain engagement, du moins affiché, du président Macron pour relancer la RSE au niveau européen, à l’occasion de la présidence française qui vient de débuter pour six mois. Ici, la France souhaite montrer sa “bonne image” : selon un classement Ecovadis, la France le troisième “pays RSE” après la Norvège et la Suède ! Maintenant, que valent précisément ces classements … 

Au ministère de l’économie et des finances, la « Plateforme RSE » – coordonnée par France Stratégie – est vue comme un moyen de mettre les acteurs autour de la table / Crédit photo : Ministère de l’Economie et des Finances (DR)

Qui fait de la RSE aujourd’hui ?

Il y a un effet d’optique dont il faut se méfier. Quand tu regardes les classements mondiaux des entreprises RSE, tu n’as que des très grands groupes – Walt Disney, Rolex, Ferrari, Microsoft … – car ils ont les moyens d’y consacrer des équipes dédiées. Mais ce n’est pas forcément dans leur nature profonde.

La RSE est davantage une réalité naturelle pour les petites entreprises au niveau local.

A l’inverse, beaucoup de petites entreprises – PME, TPE – très proches de leur territoire font de la RSE sans y être contraintes, et même sans le savoir. N’oublions pas que le terme “sociétal” englobe tous les enjeux actuels, et surtout l’impact que nous avons sur notre territoire. Finalement, la RSE, c’est davantage une réalité “naturelle” pour les petites entreprises au niveau local. Sans doute plus que les grands groupes !

Et tu estimes que la RSE est un moyen de devenir résilient …

Oui, je le pense. Comme la RSE implique de travailler avec les parties prenantes de son territoire, ces entreprises seront plus reliées à leurs communautés. C’est un critère de résilience important : la “reliance”, le nombre de connexions effectives à des acteurs locaux. 

Mais là aussi il faut le voir sur la durée : je me souviens en 2008 que beaucoup d’entreprises qui communiquaient sur la RSE se sont recentrées sur les profits au moment de la crise des Subprimes. Idem pour la crise post-Covid : vont-elles renier leurs engagements environnementaux ? Ce sera important de faire ce bilan.

Lire l’entretien : pour Nicolas Duracka, « on est obligé de changer de logiciel, et ce n’est pas facile »

C’est pourquoi tu insistes sur la dimension de “sincérité” de la RSE ?

C’est le seul moyen de la rendre vraiment utile à long terme. Si la RSE est appliquée avec sincérité, elle améliore la résilience et la capacité de survie de l’entreprise : celle-ci aura étudié ses impacts, elle se connaîtra mieux, elle aura fait sa propre analyse de risques, elle sera en lien avec ses parties prenantes et sera au fait des enjeux sociétaux et environnementaux … 

Ce d’autant plus que la démarche RSE, qui est toujours longue, gagne énormément à être appliquée à tous les collaborateurs. Je suis notamment sensible à l’holacratie en ce sens ! Et je pense qu’elle peut être présente en transversal, tout le temps, dans tous les projets. C’est parfois nécessaire dans l’industrie, comme avec l’éco-conception où l’on considère tout le cycle de vie du produit avant de le concevoir.

Enfin, il y a une étude très intéressante de France Stratégie qui a prouvé que les entreprises côtées et appliquant la RSE résisteront mieux à une crise économique ou à une krach boursier.

Lire l’entretien : Eric Duverger fait le pari des entreprises pionnières dans l’engagement écologique

On évoquait les “parties prenantes” … de quoi s’agit-il exactement ?

C’est un acteur, de tout type, concerné par une décision, un projet ou une action. Autrement dit, dont les intérêts sont affectés par la mise en œuvre de cette dernière. Prosaïquement, ce peut être les voisins d’une usine, ou une association de consommateurs.

Historiquement, il y avait une opposition entre les actionnaires et les parties prenantes (shareholders/stakeholders), les premiers cherchant le profit, et les seconds pensant à leurs conditions globales de vie. Toutes les parties prenantes auraient leur mot à dire … mais ne l’ont pas forcément ! Ce qui est important et vraiment nouveau avec la RSE, c’est le dialogue qui s’instaure.

Géraud en séance de conseil RSE au sein de l’entreprise Andrieux Bioconsulting : de nombreuses entreprises ont besoin d’une forme d’accompagnement pour optimiser leur stratégie en développement durable / Crédit photo : Géraud Dorchies (DR)

Et comment bien dialoguer avec les parties prenantes ?

C’est une démarche qui peut prendre plusieurs formes. Par exemple, aller à la rencontre de deux ou trois fournisseurs, des clients, des voisins directs … ça peut se concrétiser par des moments informels où la parole se libère, où les gens se rencontrent. Là aussi, si c’est fait avec sincérité, c’est un moyen de mieux connaître les attentes, notamment des consommateurs.

Ce qui est nouveau avec la RSE, c’est le dialogue qui s’instaure [avec les parties prenantes].

Quelques exemples : dans le monde agricole, cela passe par la création de filières spécifiques par les producteurs, ou par la création de coopératives. A Saint-Flour, par exemple, du fait de l’isolement, plusieurs entrepreneurs se sont rapprochés – le producteur d’un digestif local, des laiteries de la Planèze, etc. – pour mutualiser des achats, mais aussi pour développer le tissu local.

On a aussi des acteurs qui agissent en faveur du territoire proche. Le Carrefour d’Issoire est un des très rares exemples nationaux qui ont pris une démarche, dès les années 2000, pour acheter des produits alimentaires de proximité. Et surtout sans leur mettre toute la pression de normes, de marques, de marges. Cela parce que le bassin de chalandise était limité ! 

En complément : le dialogue entre parties prenantes du label Bois Territoires du Massif Central, par Marie Forêt

Marie Forêt, aujourd’hui consultante en stratégie, a travaillé pendant plusieurs années à l’élaboration de la certification Bois du Territoire du Massif Central [BTMC].

“Il me semble que la RSE ne trouve son sens que dans une démarche volontariste, structurée, se projetant dans l’avenir. Si c’est juste une réponse technique à un besoin, ou à une injonction réglementaire, ça ne fonctionnera pas. En ce sens, la RSE est un très bon moyen de se questionner.

C’est pourquoi les entreprises qui développent une RSE sincère sont plus résilientes : elles se sont interrogées sur le sens de leur action, sur leur mission, et sur leurs manières de faire.

La RSE est un très bon moyen de se questionner.

Marie Forêt

Dans la filière bois locale, la démarche de mise en place de la certiciation BTMC a été une démarche de RSE qui n’a pas dit son nom. Les différents acteurs de cette filière se sont questionnés en tant que parties prenantes, elles ont réfléchi au niveau de l’écosystème et non pas de chaque structure. Cela a montré qu’elles pouvaient évoluer, et adapter un positionnement territorial en lien avec les fournisseurs comme avec les clients.

Récemment, on a constaté une forte hausse du prix du bois à l’international. Les entreprises de cette filière, ayant travaillé leur approche en accord avec leurs parties prenantes, n’ont pas été prises de court. La plupart du temps, elles ont pu maintenir une activité satisfaisante en privilégiant les clients locaux et en maintenant leur participation à la réflexion commune.”

Donc la RSE peut avancer “sectoriellement” ?

Oui, tout à fait. C’est le cas avec la norme ISO 26030, qui en est une déclinaison dans la chaîne alimentaire. Terrena, par exemple, s’est penché sur le sujet dans l’Ouest de la France. Plus largement, cela montre que certains acteurs économiques veulent aller plus loin : ils ont pris la RSE et l’ont articulé sur leur activité propre. 

Sur le Puy-de-Dôme, je noterais Vulcania, qui travaille beaucoup sur les déchets alimentaires de leur parc de restauration, forcément impactant. Autre exemple avec Royatonic : c’est une piscine d’eau chaude naturelle … mais il faut la compléter avec de l’eau froide, et relarguer de l’eau tiède. Cela peut avoir de l’impact sur l’environnement. Royatonic a beaucoup travaillé sur ce sujet, ainsi que sur les économies d’énergie – chauffage de l’air et de l’eau des bassins extérieurs.

A Royatonic, Géraud a travaillé notamment sur la question de l’impact de l’activité sur l’eau naturelle et sur la consommation énergétique / Crédit photo : Royatonic (DR)

En conclusion, pour toi, la RSE est-elle une réussite ?

D’une certaine manière : on voit aujourd’hui que tout le monde s’y met. Même le MEDEF a publié son baromètre de “perception de la RSE en entreprise” ! Et tous les secteurs sortent leur livre blanc. C’est bien, car ce sont des guides et des outils adaptés à chaque branche, et ça répond aux attentes des salariés notamment. 

On voit aujourd’hui que tout le monde se met [à la RSE].

On peut certes critiquer en parlant de greenwashing ou de “wokewashing” [qui s’applique aux communautés] : c’est un vrai risque. Moralité : quand la RSE n’est pas sincère, elle finit par se retourner contre l’entreprise. 

Mais il faudra sûrement accélérer la cadence, notamment face à l’urgence écologique. Peut-être l’avenir est-il aux labels qui iront plus loin que la RSE … Heureusement, le concept lui-même est élastique, il peut évoluer pour être plus exigeant. A condition d’être incitatif.

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Liens complémentaires proposés par Géraud :
Pour comprendre : les publications du Comité 21, « une association française créée en marge de la COP21 et qui accompagne les entreprises dans leur démarche de développement durable »

Propos recueillis le 19 novembre 2020 et mis à jour le 14 janvier 2022, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Géraud. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie