Mobilisations tous azimuts dans le Puy-de-Dôme : tour d’horizon des points chauds

La rentrée voit fleurir les manifestations et autres actions sur des sujets écologiques. Eau, artificialisation, prospection minière… On fait un point sur les luttes en cours.


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Le pourquoi et le comment

Il n’est pas dans notre vocation d’assurer un suivi de l’actualité. Des médias mieux armés pour l’actu au quotidien (rappel : nous sommes une rédaction pléthorique de deux personnes) s’en chargent à merveille. Mais il y a des moments, comme ça, où l’actu nous questionne.

Le militantisme, voire l’activisme, ne sont pas souvent dans notre ligne de mire, mais ce sont aussi des formes d’initiatives qui peuvent faire avancer la résilience du territoire : parce qu’ils donnent une visibilité aux problématiques, parce qu’ils soudent les collectifs, parce qu’ils sont agiles, inventifs, créatifs, parce qu’ils ont le plus souvent de bonnes raisons de s’énerver…

Et puisque nous ne pouvons pas être partout, pour une fois, on ne va pas creuser un sujet, mais en survoler plusieurs… Pour se faire une idée des colères qui montent.

Marie-Pierre


Information sur notre prochain événement

Est-ce une coïncidence ? Le simple fait que c’est la rentrée ? Une accélération des projets qui dérangent ? Une amplification des colères exacerbées par le trop plein d’inaction ?

Ces derniers jours ont pu donner l’impression que les luttes et actes militants à caractère écologique se réveillent dans le Puy-de-Dôme. Avec des causes diverses : certaines anciennes, d’autres plus récentes ou nouvellement surgies en ce mois de septembre.

Ce petit tour d’horizon souligne un émoi grandissant. On n’en est pas encore au stade de voir s’implanter des ZAD (ou zones à défendre) dans le département (quoique…). Et les mobilisations restent encore locales. Mais elles fleurissent en ce début d’automne (trop) printanier. Avec peut-être des intentions de se coordonner entre elles ?

A Billom, tension autour des bassines

C’est le grand sujet qui monte depuis le début de l’année, porté par l’élan des événements à Sainte-Soline. Les habitants des environs de Billom ont découvert l’existence de projets de réserves d’eau à vocation agricole de grande ampleur, qui placeraient ces deux « mégabassines » parmi les plus grandes de France. Si les opposants ont consacré le printemps à se documenter, se rassembler, se compter et essayer de s’organiser, ils promettent un automne plus actif et plus visible.

Et ça commence… Après des campagnes d’affichage qu’on a vu apparaître ici ou là, un petit groupe militant a frappé plus fort la semaine dernière en installant un grand panneau sur un pylône électrique à Saint-Georges, commune d’implantation d’une des deux retenues (photo à la une).

Lire aussi : « Bassines à Billom #3/3 : « C’est toute la question du mode de production qui interroge  »

Une réunion publique d’information avait lieu mercredi dernier pour réengager la mobilisation. Les groupes de travail se coordonnent actuellement. Et un prochain rendez-vous est fixé pour continuer à sensibiliser ceux que le projet questionne : un ciné-débat autour du film « De l’eau jaillit le feu », demain (4 octobre) à 20h30 au Moulin de l’Etang à Billom. En attendant des actions plus offensives.

A Riom, la contestation ne tarit pas

Un petit cercueil pour chaque source tarie. C’est le symbole qu’avaient choisi les manifestants à Riom ce samedi pour protester contre ce qu’ils qualifient de « gestion catastrophique et abusive de la ressource en eau de l’impluvium de Volvic ».

Plus clairement, il s’agissait pour eux de dénoncer les autorisations de prélèvement en amont, sur des volumes trop importants, pour l’embouteillage par la Société des Eaux de Volvic. Ces prélèvements, dénoncent les opposants, contribuent à assécher les sources qui alimentent la région aval : ruisseaux, activités agricoles et même la pisciculture historique de Saint-Genès-l’Enfant.

Le sujet n’est pas nouveau, mais les opposants ne désarment pas. Ils étaient samedi plusieurs centaines à avoir répondu à l’appel des associations PREVA, Marsat Nature et Frane.

Lire aussi : « Huit siècles de truites contre une montagne de bouteilles plastique : le combat d’Édouard de Féligonde »

A Beaumont, la coupe est rase

Pas de manifestation à Beaumont, mais beaucoup de colère et d’incompréhension, et surtout une pétition qui continue de circuler et a dépassé les 2000 signatures.

Dans cette autre histoire d’eau, il s’agit de l’assèchement d’une rase et de puits qui alimentaient une belle zone de jardins potagers. Les habitants et jardiniers mettent en cause les travaux d’assainissement entrepris par la Métropole pour compléter l’aménagement de cette zone sud de l’agglomération clermontoise qui s’est beaucoup construite récemment.

La Métropole se déclare à l’écoute et prête à réparer ce qui relèverait de ses erreurs. Les habitants ont pris acte, mais restent vigilants.

Lire aussi : « A Beaumont, le petit paradis des jardins potagers est en colère »

A Clermont, de l’eau dans le défilé

A la confluence de toutes ces problématiques autour de la ressource en eau, Extinction Rébellion appelle à une manifestation qui se voudra festive, artistique et bon enfant, pour sensibiliser un « public non militant et a priori désintéressé » au sujet. Baptisé « Eau’ctobre », l’événement doit prendre la forme d’un « défilé du peuple de l’eau » et fait appel à la créativité des participants.

Attendez-vous, samedi prochain, à croiser des personnages étranges dans Clermont. Mais ils ont peut-être des choses à vous apprendre…

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A Vic-le-Comte, le lithium débarque

Alors que chez nos voisins de l’Allier, du côté d’Echassières et de la forêt des Colettes, les opposants poursuivent leur mobilisation contre le projet de mine de lithium, le sujet s’est brusquement rapproché en cette fin septembre.

Les municipalités et habitants des communes de Vic-le-Comte, Parent et Coudes ont découvert tardivement et quasiment par hasard qu’une demande de permis avait été déposée auprès du ministère de l’Economie par une certaine société Sudmine, pour rechercher la présence de lithium « en solution dans une nappe aquifère » sur une zone couvrant tout ou partie du territoire de ces trois communes. Le projet, baptisé « Vinzelle », a donné lieu à une consultation obligatoire mise en ligne sur le site du ministère, mais accompagnée d’une totale absence d’information auprès du public concerné. Ce qui est légal car on n’en est pas au stade de l’enquête publique.

Vic-le-Comte : au centre de nouvelles mobilisations
Le projet d’exploration de Sudmine s’étend sur une partie importante de la commune de Vic-le-Comte, ainsi que ses voisines Parent et Coudes. – Photo Marie-Pierre Demarty

Les élus locaux ont découvert cette consultation quelques jours avant sa clôture, qui devait intervenir en début de semaine dernière. A la suite de leur protestation très officielle, cette clôture a été repoussée au 30 octobre. Un minimum pour espérer lire, comprendre et analyser les 324 pages du dossier déposé.

Sur place, les associations locales se questionnent autant sur le caractère peu démocratique de la procédure que sur le fonds du projet… ce qui augure mal de l’espoir d’une « bonne acceptation du projet » exprimée dans la notice d’impact de Sudmine.

Ici, on en est donc au tout début de l’histoire…

A Orcet, on hisse le pavillon

Autre lieu, autre sujet en cours. Le projet de Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Mond’Arverne a été rendu public il y a quelques jours, confortant les inquiétudes du collectif StopUrba63 mobilisé depuis un an contre un projet qu’il redoutait de voir validé. Il s’agit de l’implantation d’une « opération d’aménagement programmé » (un lotissement, quoi…) rue des Vergers à Orcet. Une zone de jardins familiaux et de terres à vocation agricole que le PLUi veut rendre constructible, dans une commune où l’habitat pavillonnaire s’est déjà considérablement développé.

Face à la mobilisation, un conseil municipal a dû se tenir à huis clos, mardi dernier. Chouette ambiance, avec mobilisation sous le mot d’ordre « Auzon la ZAD » (par référence à la rivière qui traverse Orcet et à l’intention d’occuper le terrain en « zone à défendre »). Qui fait écho à la déclaration du président de notre Région, lequel a exprimé ce samedi son intention de ne pas appliquer la loi sur le « Zéro artificialisation net » (ou ZAN).

Autour de nous aussi

Pour faire bonne mesure, rappelons trois mobilisations dans les départements voisins : celle contre le projet de mine de lithium déjà mentionnée ; mais aussi, également dans l’Allier, une mobilisation contre le projet d’abattre 180 arbres patrimoniaux dans le parc des Sources à Vichy ; et en Haute-Loire, la « Lutte des Sucs » qui perdure contre l’aménagement à deux fois deux voies d’une portion de la route nationale 88.

Serions-nous dans une période de crispation ?


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