Sous la conduite de Nathalie Miel, le Damier porte un ambitieux projet de transformation de la filière culturelle

Le cluster auvergnat des industries culturelles et créatives a engagé il y a trois ans une réorientation très affirmée pour prendre en compte les impacts – positifs et négatifs – de ce secteur d’activité sur l’environnement. Nathalie Miel nous raconte comment cet élan se propage dans son équipe, mais aussi auprès des entreprises adhérentes, des partenaires, du territoire…


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Le pourquoi et le comment

Cela tombait sous le sens. Tikographie étant adhérent du Damier depuis cette année (et moi-même depuis pas mal de temps, à titres divers), j’ai vu évoluer cette structure et amorcer son virage vers les questions de responsabilité environnementale à vitesse grand V.

L’intérêt d’un cluster – c’est-à-dire d’une association qui réunit un maximum d’acteurs d’une filière d’activité sur un territoire donné pour favoriser leur développement et leur collaboration – c’est que quand il se donne un sujet de travail, non seulement il se transforme en interne, mais en plus il entraîne dans son sillage plein d’autres structures.

Avec le Damier, cela concerne plus de 70 structures adhérentes, dont quelques gros acteurs comme l’Université, le festival du Court Métrage, la Coopérative de Mai, et beaucoup de toutes petites structures qui auraient du mal à agir seules dans leur coin. Collectivement, on a forcément plus de poids.

Un exemple inspirant, une structure qui affiche de fortes ambitions et un zeste de culture et de créativité… Voilà qui méritait bien une interview, non ?

Marie-Pierre

Les principaux points à retenir

  1. A partir de 2020, le Damier, grappe d’entreprises du secteur des industries créatives et culturelles (ICC) d’Auvergne, qui regroupe plus de 70 adhérents, a entrepris de prendre en compte les questions de responsabilité sociale et environnementale (RSE), autant dans son propre fonctionnement que dans ses propositions d’actions destinées à ses adhérents.
  2. Les enjeux pour le secteur : favoriser une prise de conscience de son impact, notamment en termes de mobilité du public et d’utilisation de technologies énergivores. Il a aussi un rôle à jouer dans la construction des imaginaires souhaitables et soutenables. Et il est confronté de plus en plus à la conditionnalité des aides, subventions, ou des appels d’offres.
  3. Le Damier a commencé par mettre en place des accompagnements collectifs des entreprises adhérentes sur la mise en place d’une stratégie RSE, et a participé à l’une d’elles. Parallèlement, des rencontres et tables rondes sur ces sujets ont jalonné l’année 2022. Et le Damier s’est engagé dans la labellisation « événement éco-responsable » pour l’édition 2022 de son salon professionnel de la musique, le MIMA.
  4. Autre projet phare : la création d’une fresque de la culture, en partenariat avec les Shifters, pour participer (nationalement) à l’engagement de la filière.
  5. Le Damier va encore accélérer cette tendance dans son prochain projet triennal 2024-2026, et a répondu à un appel à manifestation d’intérêt qui pourrait lui permettre un développement ambitieux, pour faire de Clermont un pôle reconnu nationalement d’expérimentation et de développement des ICC, autour d’un lieu emblématique exemplaire en terme d’éco-responsabilité.

La structure : Le Damier

Cluster des industries créatives et culturelles en Auvergne

Le Damier est une association réunissant les entreprises et autres structures d’Auvergne du secteur des industries culturelles et créatives.

Il réunit (en 2023) plus de 70 adhérents œuvrant dans less domaine du spectacle vivant et de la musique, de l’événementiel, de l’audiovisuel, de la communication, des médias, du design, etc.

L’objectif est de permettre à ces différentes structures de la filière de travailler et se développer ensemble grâce à la collaboration, à la mutualisation, à l’expérimentation, à la formation… Le projet actuel est structuré en quatre axes : fédérer, développer, promouvoir, innover.

Créé en 2011, il est labellisé grappe d’entreprise et a été reconnu Pôle territorial de Coopération économique (PTCE) par l’État en 2014.

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Au commencement…

Comment les sujets liés à la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) sont arrivés au Damier ?

C’est arrivé lors d’un séminaire de l’équipe salariée et du conseil d’administration, en 2019. Il y avait parmi nous des personnes assez engagées et l’une d’elles, Claire Rouet représentant la Baie des Singes, a soulevé la question, en demandant que le Damier se positionne sur ces sujets. Nous étions tous d’accord, mais sans savoir quelle forme cela pouvait prendre.

Cela s’est concrétisé un peu plus tard. En août 2021, au retour de vacances, nous réfléchissons avec Matty Raphanaud, responsable des événements au Damier, sur la thématique d’Oblic, notre cycle observatoire et laboratoire de l’innovation culturelle où nous travaillons les sujets qui transforment notre secteur. Jusqu’à présent nous avions abordé surtout des sujets technologiques. Mais un nouveau rapport du GIEC venait de sortir ; nous étions assez démoralisées. Nous nous sommes dit que c’était le thème à aborder : montrer à nos adhérents qu’ils avaient un rôle à jouer, inspirer, sensibiliser, former… Et avec l’idée de produire des outils et d’expérimenter des choses. Ça a été le point de départ.

Nathalie Mile pendant l'entretien
Nathalie Miel durant notre entretien : « nous nous trouvons au croisement de plusieurs problématiques, comme la mobilité avec les déplacements du public et ceux des artistes, ou le poids du numérique ». – Photo Damien Caillard

La motivation des adhérents pour ces sujets a-t-elle été forte dès le départ ?

Au niveau du conseil d’administration, beaucoup avaient un engagement en tant que personne, mais pas en tant que chefs d’entreprise.

Plus largement, peu d’acteurs des industries culturelles et créatives (ICC) en parlaient. Ils se sentaient tous concernés individuellement mais ils n’avaient pas forcément conscience qu’ils pouvaient agir, d’autant que nos adhérents sont pour la plupart de très petites entreprises. Il fallait donc les tirer vers ces sujets, et faire comprendre que si on veut atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, cela concerne tout le monde et tout secteur d’activité.

« Le secteur de la culture a un rôle important à jouer dans la construction des imaginaires. »

L’annonce des premiers engagements et des propositions de formation a suscité de l’intérêt, mais il a fallu solliciter individuellement des adhérents pour les convaincre de participer aux accompagnements. Beaucoup y sont venus sans attente particulière.

Quels sont les enjeux environnementaux pour les industries culturelles et créatives ?

Sur ces sujets, on n’a pas forcément en tête que ce secteur d’activité a un fort impact : on pense plutôt en général au bâtiment, au transport, à l’énergie… Mais nous nous trouvons au croisement de plusieurs problématiques, comme la mobilité avec les déplacements du public et ceux des artistes, ou le poids du numérique pour les entreprises de l’audiovisuel, du jeu vidéo, de la communication…

Par ailleurs, le secteur de la culture a un rôle important à jouer dans la construction des imaginaires, sur les nouveaux récits qui favorisent la prise de conscience.

Premières actions concrètes

Concrètement, comment êtes-vous entrés en action ? D’abord la transformation des entreprises, puis la construction des imaginaires ?

Tout s’est fait en même temps, en raison d’un alignement de planètes. Nous avons lancé en janvier 2022, dans le cadre du cycle Oblic, une série de rendez-vous de sensibilisation de nos adhérents. Cela coïncidait avec le festival du Court Métrage, avec l’intérêt de profiter de l’événement, de mettre en avant les nouveaux métiers tels que les éco-managers. Il y avait également la problématique de nos adhérents qui allaient assez vite être confrontés à des appels à projets ou des financements de projets éco-conditionnés, à commencer par ceux du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Le festival constituait donc un point de départ opportun.

« Nous avions envie d’être exemplaires pour être inspirants. »

En même temps, nous nous sommes trouvés au bon endroit et au bon moment pour faire financer des accompagnements sur la mise en place d’une stratégie RSE. Nous avons engagé deux accompagnements collectifs, financés l’un pour cinq structures dont le Damier par la Boutique de Gestion des Entreprises (BGE) ; l’autre pour six structures, par l’organisme de financement des formations de notre secteur, l’AFDAS.

Parallèlement nous avons proposé des événements, tables rondes, conférences…

Débat sur la redirection écologique des ICC
Un des temps forts du cycle Oblic en 2022 : une table ronde à la Jetée sur la redirection des industries culturelles et créatives, faisant intervenir trois chercheurs spécialistes de la question à l’ESC : Emmanuel Bonnet, Nathan Ben Kemoun et Diego Landivar (de gauche à droite – débat animé par Véronique Jal). – Photo Marie-Pierre Demarty

Il y avait pour nous un double enjeu : celui de la stratégie RSE du Damier à engager en tant qu’entreprise, et celui de notre rôle de tête de réseau, et de ce que nous allions proposer à nos adhérents pour les accompagner dans leur propre évolution.

Nous avions envie d’être exemplaires pour être inspirants. Nous nous sommes donc engagés sur ce travail de fond et parallèlement, nous avons travaillé à la réalisation d’un événement éco-conçu, en l’occurrence le Mima, salon professionnel de la filière musicale que nous organisons tous les deux ans.

En quoi consistait l’éco-engagement sur cet événement ?

Nous nous sommes engagés sur le niveau 1 du label éco-événement du REEVE, en nous positionnant sur trente-quatre engagements. Cela va de mesures sur les modes de déplacement du public à la parité des artistes se produisant sur les plateaux, à la sensibilisation du public ou à la mise en place de circuits courts pour les approvisionnements.

Nous avons été accompagnés dans la démarche par Rémi Bonin, qui est adhérent du Damier, et le MIMA a été le premier événement éco-engagé sur le territoire. Sachant que le deuxième a été le festival du Court-Métrage et le troisième l’Étonnant Festin, deux manifestations portées par des adhérents du Damier.

Lire aussi le portrait : « Comment Rémi Bonin questionne l’impact des grands festivals »

Comment avez-vous vécu cette première expérience ? Cela a-t-il été facile ? Ou plutôt contraignant ?

Nous ne l’avons pas vécu comme une contrainte, mais comme une occasion d’apprendre. C’était bien de commencer par un événement que nous connaissions bien, puisque nous en étions à la neuvième édition. Matty, qui pilotait l’événement, a été accompagnée. Cela a permis une montée en compétence. C’était très formateur.

Cette année nous allons monter encore l’exigence en visant le niveau 2 du label pour Lux, le grand événement national des industries culturelles et créatives que nous organisons en novembre. Il comprend cinquante-cinq engagements et s’avère plus structurant sur la façon de construire l’événement. C’est une façon de réinventer nos process, de tisser des partenariats inhabituels sur le territoire : avec le Valtom pour le Mima ; avec la Ligue pour la protection des oiseaux pour Lux, dans le cadre d’un dispositif de compensation de nos émissions carbone.

Au salon Mima 2022
Le salon des industries musicales Mima, organisé par le Damier, a été en 2022 le tout premier événement labellisé éco-responsable en Auvergne. – Photo Fanny Reynaud

Concernant les cycles d’accompagnement AFDAS et BGE, qu’ont-ils apporté ?

Le bilan est positif pour toutes les structures qui ont participé. Le caractère collectif de ces deux dispositifs a été précieux pour pouvoir partager. Et au sortir de ces cycles, nous avons très envie de prolonger cette dynamique pour que le soufflé ne retombe pas. D’une part avec ceux qui ont participé, et qui ont des attentes collectives, par exemple sur la mise en place de groupes informels pour continuer à échanger sur leurs expériences ; et d’autre part pour lancer de nouveaux cycles avec d’autres adhérents : cela fera partie de notre programme de l’an prochain.

La fresque de la culture

Parallèlement, le Damier a lancé l’initiative de la création d’une fresque de la Culture. Comment cette idée s’est-elle ajoutée aux autres projets ?

En construisant le programme Oblic pour 2023, nous nous sommes rendu compte qu’il manquait un outil pour la première étape : celle de la prise de conscience des acteurs. Matty et moi avions expérimenté la fresque du climat ; nous savions qu’il existait des fresques spécifiques pour certains secteurs professionnels et nous avons voulu créer la nôtre.

Nous nous sommes associés aux Shifters, l’association (nationale) qui a pour objet de favoriser la mise en œuvre des préconisations du Shift Project. Ils avaient un projet similaire et ils apportaient leur expertise, ainsi que les éléments du rapport du Shift Project sur la décarbonation de la culture. Pour notre part, nous amenions un financement de l’Ademe que nous avions obtenu pour le projet, et la caution de nos adhérents.

Lire aussi l’entretien : « Les Shifters lyonnais, à la recherche des « points de bascule majeurs »

Quelles ont été les étapes de ce projet ?

Nous l’avons créé à travers un format d’intelligence collective, en organisant un hackathon de deux jours, auquel environ vingt-cinq professionnels ont pris part, principalement des adhérents issus de différents métiers. Nous avons également associé d’autres acteurs locaux : l’Agence d’urbanisme, Clermont capitale européenne de la Culture 2028.

A la fin de ces deux journées, nous avions une première version, perfectible mais constituant une bonne base.

Nous l’avons ensuite retravaillée en comité de pilotage restreint, puis testée d’abord avec quelques adhérents, puis de façon plus ouverte durant la Clermont Innovation Week, ce qui nous a permis d’apporter encore des améliorations. Elle est maintenant opérationnelle depuis juin dernier et nous l’avons jouée une première fois pour les équipes de Valence Romans Agglo. Nous avons également été sollicités par la Coopérative de Mai et nous allons former l’ensemble des acteurs culturels de Clermont Auvergne Métropole.

De leur côté, les Shifters animent aussi des séances. Elle suscite beaucoup d’intérêt.

Pendant la fresque de la culture
Natalie Miel (à droite) animant une des tables de la fresque de la culture, lors du dernier test dans les locaux de Picture, durant la Clermont Innovation Week. – Photo Marie-Pierre Demarty

A quoi ressemble l’expérience d’une fresque de la culture ?

Le jeu consiste dans un premier temps à prendre connaissance des grands chiffres, des ordres de grandeur et les grands postes d’émission de carbone du secteur, puis en un jeu de rôle où les différents types de structures culturelles sont représentées, et enfin un travail sur les leviers d’action.

L’intérêt, c’est que nous avons laissé beaucoup de place à la discussion collective à chaque étape.

« On sent qu’il y a un défaut de connaissance de la part des acteurs culturels. »

A quel besoin répond-elle ?

On sent qu’il y a un défaut de connaissance de la part des acteurs culturels. Ils sont sensibles au sujet mais ne se rendent pas forcément compte de leur impact et ne savent pas comment agir.

Par ailleurs, outre la prise de conscience, le secteur est de plus en plus poussé et incité à transformer ses pratiques, par les conditionnalités sur les appels d’offres et les subventions, ou par les attentes des clients ou du public. Il commence donc à être en demande d’adaptation pour pouvoir y répondre.

On ne ressort pas d’une fresque avec un plan d’action précis, mais c’est un bon point de départ pour identifier les points d’action et amorcer une démarche.

Photo de groupe des participants au Hackathon
Les participants du Hackathon qui a permis, en janvier 2023, d’élaborer collectivement la première ébauche de la fresque de la culture. On reconnaît Nathalie au centre, et à sa droite, Lolita et Matty, de l’équipe du Damier. – Photo Félix de Malleray

L’évolution du Damier

Comment ces différentes initiatives ont-elles fait évoluer le Damier ?

L’important pour moi, c’est que toute l’équipe salariée s’est mobilisée, car nous fonctionnons dans cette logique de réflexion collective, et l’accompagnement que nous avons suivi nous a permis de renforcer la cohésion de l’équipe. Aujourd’hui nous partageons un sentiment de fierté.

Quand nous avons commencé, nous ne savions pas trop où nous allions et nous avons commencé par identifier les points positifs : nous étions bien placés sur les questions de gouvernance, d’implication de nos adhérents ou de nos partenaires.

« Nous avons engagé un plan d’action, en commençant par les actions faciles, rapides à mettre en place. »

Par contre nous n’étions pas du tout positionnés sur le pilier environnemental de la RSE et nous devions travailler particulièrement sur cet aspect. Nous avons engagé un plan d’action, en commençant par les actions faciles, rapides à mettre en place, pour aller ensuite vers des actions plus structurantes.

Par exemple sur la mobilité, que ce soit pour les trajets domicile-travail ou pour se rendre à des rendez-vous, nous avions facilement recours à la voiture ; aujourd’hui ce n’est plus du tout la réalité. Nous avons également mis en place un système de tri des déchets.

Et nous avons commencé à dialoguer avec nos prestataires, ce qui a donné lieu à des épisodes rigolos. Par exemple lorsque nous avons demandé à notre prestataire ménage d’utiliser des produits d’entretien écologiques, nous pensions que c’était banal. Mais le directeur nous a demandé un rendez-vous pour en discuter : c’était sa première demande de ce type et comme il était lui-même sensible au sujet, il a été enthousiasmé !

Quelles ont été les actions plus structurantes ?

En plus des événements éco-responsables dont j’ai parlé, le travail engagé sur la RSE impacte aujourd’hui tout ce que nous faisons, en tout endroit. On ne prend plus nos décisions de la même façon qu’il y a deux ans.

Par exemple – au risque de faire bondir certains de nos adhérents – nous nous posons systématiquement la question de savoir si une vidéo est indispensable ou non pour notre communication ; je ne dis pas qu’il ne faut plus en faire ! Mais au moins se questionner sur leur utilité. Nous avons aussi pris la décision de ne pas être présent sur TikTok.

« Les questions de responsabilité environnementale sont vraiment en train d’infuser toutes nos pratiques. »

Cela influe aussi sur notre programme de formations proposées aux adhérents, ou sur celui de notre incubateur, Hub-ic : nous y avons ajouté de nouveaux modules sur ces sujets, afin que les porteurs de projets soient sensibilisés et se questionnent dès la création de leur projet.

Nous avons aussi renforcé l’affichage de ces valeurs dans la charte que nous soumettons à nos nouveaux adhérents.

En résumé, les questions de responsabilité environnementale sont vraiment en train d’infuser toutes nos pratiques. A tel point que nous avons prolongé d’un an notre projet triennal. Nous avions besoin de temps pour bien prendre en compte cette évolution dans l’écriture du prochain projet, qui sera donc mis en œuvre sur 2024 à 2026.

Juliette Vigoureux
En avril 2022, Juliette Vigoureux, spécialiste du cinéma au Shift Project, est venue présenter le rapport « Décarbonons la culture » lors d’une matinée d’information proposée par le Damier à La Coupole à Clermont. – Photo Grégoire Delanos

Et après ?

Comment cela va-t-il se concrétiser dans ce nouveau projet ?

Nous conservons les quatre axes existants – fédérer, développer, promouvoir, innover – mais nous en ajoutons un cinquième : « transformer », pour affirmer le rôle du Damier comme outil d’accompagnement dans la transformation des ICC.

Il s’agira de poursuivre la mise en place de la RSE, mais aussi de s’engager sur de nouveaux « terrains de jeu » : notamment un nouveau projet qui va être lancé en novembre, financé par la DREETS, de « fabrique créative des transitions ». Il comporte deux axes : la « promo climat », pour faire travailler ensemble un nouveau collectif d’entreprises sur leur bilan carbone et leur stratégie de décarbonation ; l’autre axe porte sur la transformation des métiers au regard de la transition écologique, dans un travail avec les entreprises, les acteurs de la formation, de la recherche, de l’enseignement pour anticiper la transformation des entreprises.

As-tu l’impression que grâce à ces actions du Damier, le secteur créatif et culturel en Auvergne est en avance sur ces questions de RSE par rapport à d’autres régions ?

Certains territoires ont été réellement précurseurs, comme la région nantaise ou la Bretagne. Mais par rapport à l’ensemble de la typologie des métiers que nous représentons, l’offre d’accompagnement que nous proposons me semble assez unique.

L’intérêt est de dialoguer avec les autres. En ce sens, la fresque de la culture nous permet d’être inspirants.

« Il ne me semble pas qu’il y ait d’autres espaces de dialogue et de formation aussi ouverts.. »

Et par rapport aux autres secteurs d’activité en Auvergne ?

Je pense que nous sommes inspirants, au moins pour les collectivités.

Il ne me semble pas qu’il y ait d’autres espaces de dialogue et de formation aussi ouverts. Mais j’ai du mal à me faire une idée de ce qui se passe dans les autres secteurs, car la dynamique entre clusters n’est plus aussi forte qu’auparavant. Cependant à l’échelle nationale, j’ai eu l’occasion de faire à France Clusters une présentation de la fresque de la culture et cela a éveillé beaucoup d’intérêt.

Notre positionnement nous donne au moins l’occasion de dialoguer, individuellement, avec nos partenaires, comme notre cabinet d’avocats partenaire Fidal qui entame sa démarche RSE, ou La Poste avec qui nous venons de signer une charte de partenariat.

Nathalie Mile et le Damier
Le Damier a passé le cap des dix ans et celui de soixante-dix adhérents. Prochain cap : un projet ambitieux, où la question de la responsabilité environnementale prendra une place primordiale. – Photo Damien Caillard

A échéance de cinq ou dix ans, où va le Damier ? Et quelle place y prendront les questions environnementales ?

Nous avons répondu à un appel à manifestation d’intérêt « Pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives » dans le cadre de France 2030. Si nous sommes lauréats, l’idée sera d’affirmer fortement un positionnement du Damier comme outil d’accompagnement des transitions et d’aller beaucoup plus loin, avec un lieu dédié, à la fois espace ressource, lieu de travail, d’expérimentation, de démonstration, d’événements et avec des moyens importants, pour en faire un endroit identifié nationalement pour son exemplarité sur les sujets environnementaux et sociétaux.

« L’idée sera d’affirmer fortement un positionnement du Damier comme outil d’accompagnement des transitions et d’aller beaucoup plus loin. »

L’objectif est donc très ambitieux : il s’agit de faire de ce territoire un laboratoire d’expérimentation et de transformation de la filière, où l’on fait se croiser les sujets contradictoires de ce secteur d’activité, que sont le développement de la technologie d’un côté, l’aspiration à la sobriété de l’autre. Nous voudrions devenir un laboratoire d’expérimentation de nouvelles solutions pour résoudre cette dichotomie.

Dans le projet que nous avons présenté, nous avons embarqué la Métropole, l’Université, l’Agence d’urbanisme, Riom Limagne et Volcans et Michelin autour de cette vision commune, allant dans le sens de la candidature capitale européenne de la culture. Cela deviendrait un vrai projet de territoire.

Propos recueillis par Marie-Pierre Demarty le 29 août 2023. Photo de Une : Damien Caillard, Tikographie

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