Rouler à vélo dans Clermont vous fait peur ? Pas de panique !

Idée de bonne résolution pour 2024 : se mettre au vélo. A Clermont, avec les travaux qui s’amplifient, c’est le moment idéal… Mais ça peut faire peur au début. Pour vous encourager, j’ai demandé à cinq « pros » leurs meilleurs conseils. Ils vont vous emballer !


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Le pourquoi et le comment

En ce mois de janvier où j’ai pris la bonne résolution de vous donner des idées de bonnes résolutions – après la rénovation thermique la semaine dernière – j’ai décidé de vous donner un petit coup de pouce sur le sujet de vos déplacements du quotidien.

Etant moi-même effrayée à l’idée de lancer un frêle biclou dans le flot de la circulation automobile, la question à poser me paraissait toute trouvée, car j’imagine que je ne suis pas la seule.

Précision tout de même à l’intention des automobilistes et même des piétons : cet article s’adresse aussi à vous !

Parce qu’on y lit en filigrane tous les travers des uns et des autres, qui font que le cycliste ne se sent pas encore tout à fait légitime dans Clermont, alors qu’il y est de plus en plus nombreux. Il serait donc temps de se dire que pour cohabiter, chacun doit faire sa part de petits efforts et cet article pourra vous permettre, à vous aussi, de suivre le conseil de Julien : « se mettre à la place de l’autre ».

J’ai donc aussi une bonne résolution pour vous : en 2024, je respecte les cyclistes et les pistes cyclables.

Et maintenant, voyons… qu’est-ce que je vais pouvoir vous trouver pour la semaine prochaine ?

Marie-Pierre


Information sur notre prochain événement

Menace des gaz à effet de serre sur le climat, travaux monstrueux dans Clermont et embouteillages qui s’ensuivent, arrivée progressive d’un schéma cyclable cohérent, besoin d’entretenir sa forme physique, période des bonnes résolutions… Vous le sentez bien : c’est le moment ou jamais de franchir le pas. Laisser sa voiture au garage pour se remettre en selle. Allez, courage, on s’organise et on y va !

Euh… oui mais voilà. Vous n’avez pas refait de vélo depuis vos années de collège dans un village tout calme, vos vacances d’enfance à la mer où vous rouliez sur la digue piétonne, ou le square bien protégé où vous avez appris à garder l’équilibre sur votre première bicyclette. Alors se lancer dans le flot de la circulation clermontoise, avec les travaux, les rues qui montent, les conducteurs qui s’énervent, les itinéraires que vous ne connaissez pas… ça fait peur, non ?

Histoire de vous aider, voici les conseils de cinq usagers pionniers, pros ou expérimentés, pour vous mettre le pied au pédalier.

Un embouteillage boulevard Lafayette
Même en pleine heure du déjeuner, ça bouchonne sur le boulevard Lafayette. De quoi donner envie de laisser sa voiture au garage et de ressortir son biclou !

« Les plus grosses craintes ne sont pas les plus difficiles à surmonter »

Didier Fromont, représentant de l’association Vélo Cité 63

« Paradoxalement, les plus grosses craintes que les gens ont avant de s’y mettre ne sont pas les plus difficiles à surmonter, notamment la peur de ne pas y arriver physiquement ou d’avoir froid. Contrairement à la trottinette où on est statique, à vélo on pédale, donc on a plus chaud !

Ensuite vient la crainte de l’automobile : comment la gérer ? qui doit passer en premier ? quels comportements on va susciter ? C’est souvent ce qui freine le plus les nouveaux usagers. Face à cela, c’est peut-être actuellement le meilleur moment pour débuter, car avec les travaux, les voitures roulent au pas, ne savent pas trop par où passer et sont plus prudentes.

« On va pouvoir choisir son itinéraire, selon ses préférences. »

Didier, Vélo Cité 63

On va découvrir aussi que la ville n’est plus complètement auto-normée : il y a des itinéraires spécifiques pour les vélos, et même plusieurs itinéraires possibles, souvent plus rapides qu’en voiture, des endroits fermés aux voitures où les vélos peuvent se frayer un passage… On va pouvoir choisir son itinéraire, selon ses préférences : si on a du temps ou si au contraire on est pressé, si on a besoin de confort, si on veut ou non passer dans des rues avec des trous, avec des feux tricolores, etc.

Notre association propose d’ailleurs un accompagnement d’aide au trajet pour définir son itinéraire et avoir un conseil personnalisé.

Rangée de vélos divers accrochés à des arceaux, à la gare
Un parking à vélo à la gare. Conseil de Didier : prendre le temps de choisir le vélo qui vous convient.

Cela deviendra ensuite encore plus intéressant à partir du printemps, où seront ouverts des itinéraires réellement conçus pour la circulation à vélo : les boulevards sud avec une voie cyclable bidirectionnelle séparée, un autre axe de Salins à Marcombes, le fameux rond-point des Carmes… La circulation va devenir plus plaisante, au moins dans les quartiers du centre ou résidentiels.

Je conseille aussi de choisir le vélo qui nous convient : ce n’est pas utile d’avoir un vélo de course pour circuler en ville ; pourquoi pas se mettre au vélo à assistance électrique pour un trajet boulot-domicile avec des côtes. Autre avantage sur la voiture : on peut tester en louant un vélo sur quelques mois, ça ne reviendra pas très cher.

« L’avantage est qu’il n’y a pas besoin d’être un mécano chevronné. »

Didier, Vélo Cité 63

Enfin côté matériel, l’avantage est qu’il n’y a pas besoin d’être un mécano chevronné. Il y a juste à savoir gonfler une roue de temps en temps. Il faut savoir qu’un vélo, c’est quasiment garanti à vie, ça se recycle bien.

Je recommande quand même de s’équiper d’un bon antivol en U. Et ensuite, c’est surtout du bon sens. Une fois qu’on y a goûté, on y trouve vite du plaisir. »

Antivol en U
Ne pas négliger de s’équiper d’un bon antivol. Avec l’engouement pour le vélo, les rues de Clermont deviennent moins sûres pour votre bicyclette.

« Le droit d’être dans la ville »

Léo, en service civique au Guidon dans la tête, atelier de réparation de l’association Tous Deux Roues

« A ceux qui se mettent au vélo, je dirais d’abord : bon courage ! Mais heureusement avec les travaux, la situation à Clermont s’améliore pour les cyclistes.

Au regard de notre activité, je recommande forcément de commencer par avoir un vélo fiable, qui freine bien, qui est visible, pour ne pas commencer par se stresser à cause du matériel.

Piste cyclable cours Sablon
Les travaux apportent peu à peu des itinéraires plus agréables pour les cyclistes, comme ici le long du jardin Lecoq.

Ensuite, définir ses trajets à l’avance en fonction de son itinéraire. Pour cela, l’appli Géovélo est efficace, car elle fonctionne en agglutinant les données de géolocalisation des utilisateurs, donc elle repère les itinéraires les plus empruntés par les cyclistes.

« Un vélo fiable, qui freine bien, qui est visible, pour ne pas commencer par se stresser à cause du matériel. »

Léo, Un guidon dans la tête

Penser aussi à être bien visible. La législation impose au minimum d’avoir un feu avant et arrière, des catadioptres, une sonnette.

Celle-ci est utile pour se signaler aux piétons. Car à Clermont, les piétons comme les automobilistes n’ont pas encore la culture du vélo. Des piétons marchent sur les voies cyclables ; des voitures se garent dessus… Donc il faut se signaler, ne pas hésiter à déranger. Car les cyclistes ont le droit d’être dans la ville ! »

Lire aussi le compte rendu de la rencontre : « Schéma cyclable et système vélo : quelles perspectives sur Clermont Métropole ? »
Conseils de nos experts : se tester d'abord avec les C.Vélo, puis bien entretenir sa bicyclette, par exemple dans un atelier collaboratif.
Conseils de nos experts : se tester d’abord avec les C.Vélo, puis bien entretenir sa bicyclette, par exemple dans un atelier participatif, que ce soit au Guidon dans la tête (le plus ancien) ou à La Roue tourne, qui a trouvé un chouette moyen de se faire connaître, ici dans le quartier étudiant.

« Se transformer en sapin de Noël »

Joanne Lecorfec, ébéniste créatrice du gravel en bois Tijo  et voyageuse à vélo

« Pour circuler en ville, je conseille de commencer par un itinéraire facile, pas trop long, habituel et qui ne demande pas un timing trop serré pour qu’on puisse prendre son temps au début, par exemple les trajets vers sa salle de sport. Et de commencer par le repérer en amont, un dimanche où on a du temps.

Je préconise aussi de porter un casque, même si ce n’est pas obligatoire. Ça ne vous mettra pas à l’abri d’une chute, mais c’est sécurisant.

Cycliste avec un casque jaune fluo
Porter un casque n’est pas obligatoire, mais peut être sécurisant.

A Clermont où il y a beaucoup de côtes, même si on est en bonne forme physique, il ne faut pas s’en vouloir de choisir un vélo à assistance électrique parce que ça peut être contraignant d’arriver au travail en sueur. On peut aussi opter pour le C.Vélo : ça peut être plus facile pour un premier pas, parce qu’il n’y a pas à se soucier de l’entreposer, de l’entretenir.

« Même si on a l’impression d’être visible, l’automobiliste ne nous voit pas bien, ou au dernier moment. »

Joanne, Vélo Tijo

Sur route et même en ville, il faut surtout penser à être très visible, car l’automobiliste vous voit peu, il a l’impression que tout l’espace lui appartient. Il faut donc faire en sorte qu’il prenne conscience qu’on est là, en mettant beaucoup de lumière, en portant des couleurs flashy.

Je préconise d’ajouter, en plus des lumières fixes, des lumières clignotantes à l’avant et à l’arrière : cela évite d’être confondu avec une moto ou une voiture à qui il manque un feu. Et les utiliser même de jour ou entre chien et loup, car même si on a l’impression d’être visible, l’automobiliste ne nous voit pas bien, ou au dernier moment. J’ai testé de rouler en plein jour avec ou sans lumière : la réaction des voitures est très différente. Donc ne pas hésiter à se transformer en joli sapin de Noël !

Piétons sur une piste cyclable
Les piétons à Clermont n’ont pas encore l’habitude de respecter les pistes cyclables. Prévoir un petit coup de sonnette pas trop agressive, sans attendre le dernier moment, conseille Joanne.

Et c’est pareil pour les piétons : ne pas hésiter à se signaler par un coup de sonnette, suffisamment tôt. Et si possible avec une sonnette sympa, pas agressive, par exemple un joli « dring dring » de sonnette à l’ancienne. »

Lire aussi le portrait : « Joanne Lecorfec, l’ébéniste qui sort du cadre »

La suite de votre article après une page de pub (pour Tikographie)

Il reste quelques exemplaires de notre premier recueil papier « l’année tiko 2023 » : 16 reportages sélectionnés par la rédaction de Tikographie et imprimés avec amour et encre végétale

Merci de votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

« Se mettre à la place de l’autre »

Julien, fondateur et animateur de Tempo, boutique-café-atelier dédié au vélo à Clermont

Premier conseil que je donnerais en tant que vélociste : si vous ressortez du grenier un vélo qui n’a pas servi depuis longtemps, vérifiez ou faites vérifier qu’il est en bon état, notamment les pneus – qui peuvent avoir vieilli – les freins et la chaîne.

« Ne jamais tenir pour acquis la sécurité d’une piste cyclable ou d’une signalisation. »

Julien, Tempo

En tant que cycliste roulant dans Clermont depuis vingt ans, j’ajouterais qu’il faut être vigilant et ne jamais tenir pour acquis la sécurité d’une piste cyclable ou d’une signalisation. Car l’automobiliste ne nous voit pas et il est important de toujours anticiper ce qu’il va faire : avancer, tourner, traverser le carrefour… et d’être prêt à freiner à tout moment.

Pour la même raison, je conseille d’être bien visible et personnellement j’allume mes feux même en journée.

Cycliste à côté d'un bus, portant une veste jaune fluo
Des lumières allumées nuit et jour, des vêtements fluo : il est important d’être bien visible.

Il faut penser que la présence des vélos dans la ville n’est pas encore devenue habituelle. Surtout en ce moment : avec les travaux, les itinéraires des voitures sont modifiés, leurs temps de trajet sont considérablement allongés et les automobilistes sont tendus. Et en plus on leur ajoute les cyclistes !

« Il faut penser que la présence des vélos dans la ville n’est pas encore devenue habituelle. »

Julien, Tempo

C’est d’autant moins facile que les aménagements sont encore en cours. Les marquages sont parfois incomplets et une voiture peut de bonne foi s’engager dans une rue sans percevoir qu’un vélo peut venir à contresens et se sentir lui aussi dans son bon droit. C’est le cas dans la rue où je me gare…

Donc, la consigne serait : jouer la prudence et toujours se mettre à la place de l’autre. »

« Prendre toute sa place »

Félix de Malleray, photographe à Thiers et réparateur/conseil vélo sous l’enseigne Route Pêche

« Tout d’abord, des lampes puissantes ! Il est prouvé que plus on est visible, plus l’automobiliste aura conscience du danger et aura tendance à s’écarter et à faire attention… sans éblouir non plus. C’est la même problématique que pour les motos, à qui on conseille d’avoir plusieurs points lumineux en verticale, pour que lorsqu’ils sont en inter-file, on ne les confonde pas avec le feu d’une voiture.

Ensuite, un vrai système de freinage, bordel !* J’ai vu en atelier quelqu’un qui devait venir me voir depuis un mois et en attendant, freinait avec ses pieds. Ou un autre qui n’avait pas le bon câble de frein. Ce n’est pas possible !

« Avoir aussi des pneus dans lesquels tu as confiance, c’est-à-dire de bonne qualité et en bon état. »

Félix, Route Pêche

Avoir aussi des pneus dans lesquels tu as confiance, c’est-à-dire de bonne qualité et en bon état. Car cela va jouer sur l’accroche, la distance de freinage, la dynamique du vélo. Tu n’auras pas à hésiter et perdre quelques instants à réfléchir à ce que va donner un coup de frein ou de guidon.

En règle générale, il vaut donc mieux investir dans du matériel de qualité ; ce sera toujours bien moins cher que ce que coûte une voiture, et il durera plus longtemps.

C’est aussi valable pour transporter des enfants : pour ma part, roulant en famille, j’ai investi dans un vélo-cargo avec bac à l’avant et une remorque, plutôt qu’un porte-bagage. C’est plus confortable pour eux et en plus, ça aide à être plus visible.

Le conseil de Félix : ne pas avoir peur d'occuper la chaussée.
Le conseil de Félix : ne pas avoir peur d’occuper la chaussée.

Ensuite, quand on roule, il faut se dire qu’on a autant le droit d’être sur la route que l’automobiliste, qui est en général seul dans sa voiture lui aussi. Donc on n’est pas moins prioritaire à vélo. Et il vaut mieux ne pas partir du principe de lui faire le plus de place possible en se mettant complètement sur le côté, car il sera tenté de passer en force, sans s’écarter suffisamment.

Au contraire, sans rouler complètement au milieu de la route, c’est préférable de prendre toute sa place. Dans ce cas la voiture ne doublera que si elle a la place de le faire en toute sécurité. Et si l’automobiliste klaxonne, eh bien… qu’il klaxonne ! »

*NDLR : Félix m’a autorisée à le citer littéralement.

Un dernier conseil pour la route !
Félix vous recommande le guide très complet « A vélo ! L’encyclo pratique et joyeuse » paru au printemps dernier aux éditions Ulmer. L’auteur est Adrien Zammit, un illustrateur inconditionnel du vélo installé à Cunlhat.
Abondamment et joliment illustré, l’ouvrage s’adresse aux débutants comme aux cyclistes chevronnés.


Reportage Marie-Pierre Demarty – texte et photos – réalisé du 9 au 11 janvier 2024. Photo de une : cyclistes roulant sur les nouvelles pistes cyclables, boulevard Gergovia.

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