La critique est tellement aisée…

Cette chronique parle de ceux qui critiquent et de ce que ça fait à ceux qui font. A lire en y mettant le ton : un tantinet agacé.

La chronique mensuelle de Marie-Pierre Demarty

Je voudrais commencer cette chronique en vous offrant deux scoops : les gens qui agissent pour l’environnement, pour la planète, pour le climat et autres urgences écologiques ne sont pas parfaits. Et par ailleurs, ce sont des êtres sensibles. Incroyable, non ?

Si j’ai eu envie de le rappeler, c’est à la suite d’une petite anecdote de rien du tout, mais assez significative pour m’avoir agacée. Peut-être parce que ce n’est pas la première du genre dont je suis témoin…

A force de me lire, vous vous souvenez peut-être que je suis engagée dans une association qui œuvre sur les sujets écologiques, modestement, à l’échelle de mon village. Je l’ai déjà évoqué dans une précédente chronique. Nous avons organisé en mars une série d’événements de sensibilisation et d’actions, en partenariat avec notre municipalité qui – nous avons beaucoup de chance – se montre volontariste. Cette programmation « Solidarité et environnement » a été annoncée dans le bulletin municipal (le « Flash Info »), et dans un petit programme imprimé, plus détaillé, sur un format A4 recto-verso. Lequel a été distribué dans toutes les boîtes-aux-lettres de la commune par quelques bénévoles qui ont pris du temps sur leur dimanche matin pour le faire.

On n’est pas là pour se faire…

Message de l’une sur mon portable ce dimanche-là : « Critique d’une habitante : pourquoi un flyer en plus du Flash ? Pour une asso défendant l’environnement… » Je vous épargne la suite du message, mais il laissait entendre que mon amie s’est sentie atteinte, voire un peu coupable, d’autant plus qu’elle n’avait pas su vraiment répondre à cette dame de façon convaincante.

Voici ce que j’ai répondu à mon amie (bien sûr, à distance et à froid, c’est toujours plus facile de trouver les arguments !) :

1. Personne n’est parfait ;

2. Quoiqu’on fasse, on s’expose aux critiques et seuls ceux qui ne font rien ne sont pas critiqués : que fait cette dame en faveur de l’environnement ???

3. Une double information est peut-être nécessaire pour marquer les gens et leur faire comprendre que c’est plus important qu’une info parmi d’autres dans le Flash.

Parce que c’est vrai, quoi ! Le bénévole passe ses dimanches à distribuer des flyers, à organiser des conférences avec d’éminents chercheurs en espérant qu’il y ait plus de dix personnes dans la salle, à coordonner des projets, à ramasser des bouts de plastique et des mégots dans la nature, à planter des arbres, alerter, chercher des solutions solidaires, lancer des chantiers participatifs… Si en plus il doit essuyer les critiques de ceux pour qui le dimanche, c’est barbecue au bord de la piscine et soirée à regarder des séries en streaming haute définition, pour peu qu’il soit sensible (et souvent, il l’est !), le bénévole pourrait finir par se décourager et laisser tomber. Et là, il ne faudra pas que Monsieur Barbecue-Piscine vienne pleurer.

Yaka… nous rejoindre !

Alors je vous le demande humblement : merci, merci, mille fois merci à ceux qui ont envie de critiquer ceux qui font quelque chose, même quand ce quelque chose est vaguement maladroit ou imparfait, de :

1. Vous abstenir de penser tout haut,

2. Commencer par féliciter ceux qui donnent de leur temps pour qu’absolument tout le monde souffre moins que prévu dans un proche avenir,

3. Vous engager à votre tour parce que plus on est nombreux, moins on risque de faire de ces petites maladresses par manque de temps, de bénévoles, de recul, d’omniscience…

Parce que jusqu’ici, tout va bien chez les bénévoles qui encaissent et continuent vaille que vaille leur tour des boîtes-aux-lettres. Mais jusqu’à quand ?