Ce jeune Puydômois vient d’obtenir son diplôme d’ingénieur aéronautique… pour faire tout autre chose. Une expérience de simulation de vie sur Mars et surtout un long voyage de césure l’ont conduit à abandonner le rêve spatial pour la mission plus terre-à-terre de sensibiliser aux urgences climatiques. Récit d’une bifurcation.
Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
C’est par sa mère, elle-même animatrice de la Fresque du climat, que j’ai eu connaissance du parcours hors norme de Corentin (merci Sophie !).
Ce n’est pas si souvent que j’ai l’occasion de mettre en valeur l’action des jeunes générations, mais ça ne veut pas dire qu’elles n’agissent pas.
Et si la jeune génération a besoin de modèles, en voici un qui me semble très inspirant. Le récit de Corentin nous raconte que rien n’est facile quand on veut agir et se faire sa propre expérience, mais que ça vaut la peine d’essayer. Et peut-être aussi que tout devient plus simple et fluide dès qu’on commence à mettre sa vie en accord avec ses valeurs et ses principes.
Dans ce riche parcours, il y a aussi de quoi faire voyager nos imaginaires et booster les envies d’agir.
Car pendant que nous nous inquiétons de l’absence de gouvernement, de la dette du pays et de la pertinence d’appeler « saucisse » des produits végétaux, les glaciers fondent. Et c’est bien plus préoccupant.
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Corentin Senaux, Puydômois de 24 ans, vient de terminer ses études d’ingénieur dans la prestigieuse école Sup Aéro à Toulouse, orientée aéronautique et aérospatiale. Mais il ne compte pas faire carrière dans les industries correspondantes, car il a peu à peu pris conscience des impacts de notre société en général et de ce secteur en particulier sur le climat et l’environnement. L’occasion de participer à une expérience de simulation de vie sur Mars aux Etats-Unis, qui l’avait attiré vers cette école, a définitivement mis fin à ses rêves d’exploration spatiale.
- Son année de césure, l’an dernier, lui a donné l’occasion d’affiner ses convictions et de réorienter ses projets. Après six mois d’études en Australie, il décide de tenter de rentrer en France sans prendre l’avion, d’en profiter pour se frotter à des initiatives dans les pays traversés, pour documenter les constats d’impacts et pour communiquer. Mais le projet lui semble sur le moment un semi-échec, car en période de cyclones, il ne peut quitter l’Australie autrement qu’en avion, vers sa première étape Bali. Il fait tout de même de riches rencontres et comprend progressivement quelle place il veut prendre.
- Durant sa dernière année d’études, il prend 15 jours pour aller à la conférence des Nations-Unies sur l’Océan à Nice. Il y rencontre la glaciologue Heidi Sevestre et l’explorateur Matthieu Tordeur, et finit par intégrer l’équipe qui anime leur stand. Il entame aujourd’hui un service civique dans une ONG qui sensibilise les scolaires sur le sort des glaciers. Une période qu’il mettra à profit pour faire mûrir ses propres projets.
2020 : Corentin Senaux intègre Sup Aéro, prestigieuse école d’ingénieur orientée aéronautique et aérospatiale à Toulouse. Septembre 2025 : ce Puydômois de 24 ans décroche son diplôme. Jusqu’ici, rien d’étonnant. Ce qui l’est plus, c’est qu’au lieu de postuler dans les grandes entreprises du secteur, il s’apprête à faire un service civique dans une ONG qui alerte sur la fonte des glaciers. Il aura à mettre en lien des centaines de classes de gamins avec une expédition antarctique en kite-ski, projet de la célèbre glaciologue Heidi Sevestre et de l’explorateur Matthieu Tordeur. Cherchez l’erreur… ou au moins l’anomalie.
L’anomalie qu’il s’apprête à me raconter, dans ce bistrot des Martres-de-Veyre proche de chez ses parents où il est en escale pour quelques jours, c’est celle d’une bifurcation. Plus discrète que le coup d’éclat de ces étudiants déserteurs qui ont fait le buzz il y a trois ans. Mais tout de même un virage spectaculaire. Il s’amorce dès l’enfance, passe par une conscientisation en famille, et se poursuit à travers une année à l’étranger qui a constitué une vraie césure dans sa vie, autant et même plus que dans ses études.

Premiers décalages
Rembobinons pour mieux comprendre. « Petit j’étais très curieux. Je lisais beaucoup d’articles scientifiques. Je voulais être volcanologue », commence Corentin. Ses grands-parents (prof de physique et astrophysicienne, ça aide !) l’encouragent en l’emmenant en vacances visiter des îles aux cratères spectaculaires : Islande, Lanzarotte, Madère… Bon élève, il passe un bac scientifique à Godefroy, fait sa Prépa à Blaise-Pascal, envisage de suivre les pas de sa grand-mère. Une vidéo sur un projet d’étudiants partis dans l’Utah pour une expérience scientifique de simulation de vie martienne le décide à postuler à l’ISAE, alias Sup Aéro. Il intègre cette prestigieuse école qui se targue de compter dans ses anciens élèves les astronautes Thomas Pesquet et Sophie Adenot. Il fera même à son tour, en deuxième année, le voyage dans l’Utah.
Mais ces premières années ont été celles où il commence à réellement se conscientiser. « Je me suis rapidement senti en décalage avec beaucoup d’élèves qui se passionnaient pour l’aéronautique. Je regardais beaucoup de vidéos liées au réchauffement climatique. Ça a contribué à m’isoler et à faire monter mon éco-anxiété », évoque-t-il. Un enchaînement de circonstances a accéléré son évolution.
« Sur les sept étudiants de l’expédition, quatre ont basculé vers des projets en lien avec le climat. »
D’abord, un accident de ski le contraint à revenir en Auvergne le temps d’une opération et d’une convalescence : une première prise de recul. Elle le contraint à suivre à distance une conférence que vient faire dans son école un Aurélien Barraud peu révérencieux. « Il a dit très cash que ‘cette école ne devrait pas exister’, ce qui m’a conforté », se souvient Corentin.
Quelques mois plus tard, il part à son tour sur Mars – ou plutôt dans l’Utah – mais vit l’expérience « pas au mieux mentalement ». D’ailleurs il n’est pas le seul : sur place, le jeune équipage comprend les orientations « pro-Musk » du projet, et Corentin précise que « sur les sept étudiants de l’expédition, quatre ont basculé vers des projets en lien avec le climat. » Finalement une bonne école, pourrait-on dire…
Mettre les voiles
Mais pour Corentin, ce n’est que le début de l’histoire. Car celle-ci commence vraiment lorsqu’il doit choisir la destination de son année de césure : une année obligatoire dans le cursus pour aller étudier à l’étranger et voir du pays. « Comme je n’étais pas dans les premiers au classement, j’avais peu de choix et j’ai tardé à faire mes demandes. Juste avant que je me décide, deux nouvelles places se sont ouvertes pour l’Australie. Je n’étais pas totalement convaincu, je commençais à ressentir que prendre l’avion me dérangeait, mais j’ai postulé et je suis parti à Adelaïde, avec un sentiment très fort d’être en totale contradiction avec mes valeurs », reconnaît-il.
« Je commençais à ressentir que prendre l’avion me dérangeait. »
Il accomplit ses six mois de cours « en continuant à ruminer », et en choisissant des cours qui pourraient lui éclaircir les idées : « observation de la Terre », « repenser le capitalisme avec Thomas Piketty », « politique mondiale et terrorisme »… Le cursus-type d’un ingénieur aéronautique ?

Ce jeune sportif, plutôt habitué des sports de montagne, trompe aussi son ennui en s’inscrivant à un club de voile. Une initiation en cohérence avec l’idée qui trottine dans sa tête : revenir en France sans prendre l’avion. « Le week-end, on allait faire les équipiers dans des régates sur des grands voiliers avec skipper. J’ai commencé à apprécier. À la fin du semestre, il y a eu une opportunité de faire partie de l’équipage pour acheminer à Sydney un bateau qui allait participer à la grande course Sydney-Hobbart. Je n’avais pas l’expérience mais je me suis porté volontaire. »
Il embarque pour huit jours. Apprend la navigation, prend ses quarts à la barre comme tout le monde, navigue avec les dauphins, croise une baleine. « J’ai adoré. »

Prendre l’avion pour 5 secondes
C’était une première tentative de s’éloigner sans passer par la case aéroport. Et ça n’allait pas être facile de continuer. Car on était en novembre, début de la période des cyclones. Les opportunités de rejoindre l’Indonésie par bateau ne se présenteraient pas avant mai, ce qui risquait de compromettre le voyage s’il voulait être en cours à Toulouse pour septembre.
Que faire à partir de là ? Visiter au moins un peu l’Australie le tente, mais il doit pour cela aller dans le pays le plus proche pour faire renouveler son visa étudiant. Donc, puisque l’Australie n’a pas de frontière terrestre, prendre l’avion. Le 18 décembre, après avoir tergiversé, il se décide à prendre un aller-retour pour la Nouvelle-Zélande. « C’était absurde : là-bas j’ai eu le visa en 5 secondes. J’en ai profité pour visiter et pour commencer à réfléchir à ce que je voulais faire, à observer les problématiques de climat et de biodiversité. »

Ce qui le choque alors, c’est « le recul phénoménal des glaciers ». Et encore plus de voir l’énorme tourisme qu’ils attirent et la quasi absence de sensibilisation des visiteurs. Il repère les contradictions entre la protection des parcs nationaux et le balai des hélicoptères pour déposer les touristes sur ces glaciers, devenus inaccessibles autrement. Il entend les faux arguments rassuristes du style : « Ils reculent car on sort d’un petit âge glaciaire ». Il va jusqu’à envoyer un courriel aux autorités environnementales pour leur mettre sous les yeux l’opportunité de conscientiser les visiteurs, mais ne reçoit qu’une réponse évasive et sans suite.
Retour en Australie. Corentin se balade le long de la côte est, en faisant ce qu’il appelle du « climate fresk surfing ». Formé à animer la Fresque du climat avant son départ de France, il s’était rapproché de la très petite communauté des fresqueurs d’Australie, avait trouvé quelques occasions d’animer des ateliers. Et il a pu par ce biais se faire héberger par des Français ou Franco-Australiens fresqueurs. De belles rencontres, et même des mises en contact utiles pour la suite de son voyage. « Grâce à eux j’ai eu l’opportunité d’animer deux fresques à Singapour. »
Derrière la carte postale
Accélérons, car Corentin a encore à traverser la moitié de la planète. Il manque de peu une opportunité de rallier le Timor, puis Bali à la voile. Découvre l’inquiétant blanchiment de la Grande Barrière de corail. Fait 36 heures de bus vers Darwin, au centre-nord du pays, en espérant y trouver un cargo. Puis se résout la mort dans l’âme à prendre un avion pour Bali. Ce sera son tout dernier, mais il le vit comme un échec, un poids qu’il traînera tout au long de son voyage, au point de bloquer son projet initial : « Je documentais beaucoup, je voulais publier des choses sur mon voyage, poster des vidéos, des photos. Je voulais parler de voyage lent, de beaux paysages, des rencontres, de santé mentale et d’environnement… Mais je n’ai rien pu publier. Le blocage était trop fort », regrette-t-il.
Pourtant ce voyage a été riche d’expériences et d’enseignements. Déjà à Bali, l’île touristique par excellence, il fait un pas de côté pour aller constater le « revers de la médaille », s’inspirant d’une vidéo d’Hugo Clément aux îles Gili : il visite l’immense décharge sauvage cachée derrière les hôtels de luxe. Il rencontre l’association qui se bat sur ces plages de rêve pour protéger les coraux décimés par le tourisme.

Puis il flashe sur l’île de Java : « C’est le cœur de l’Indonésie, plus grand pays musulman du monde, mais d’une grande ouverture car elle reste un pays laïque. Et pour faire le lien avec ma première passion, c’est un pays de volcans, où la population a un lien particulier avec ces montagnes qui détruisent parfois la vie, mais l’apportent aussi en fertilisant les terres. »
« Je n’ai rien pu publier. Le blocage était trop fort. »
Plus loin, sur l’île de Sumatra, il fait une semaine de volontariat dans une petite association qui s’efforce de veiller à la protection des tigres de Sumatra, sous-espèce en danger critique d’extinction, qui côtoie les orangs-outans et les éléphants dans un parc national. « Ce parc, en montagne, a manifestement été créé là juste parce qu’on ne peut pas y produire l’huile de palme qui grignote tout le pays et assèche les sols », a-t-il compris… à défaut d’avoir participé à des actions intensives, dans une période de vacances où la plus grande partie de l’équipe était absente.

Contrastes en Orient
Après deux mois dans l’archipel, et un interminable trajet de 1600 km en ferry et bus jusqu’à son extrémité ouest – il est souvent le seul Occidental dans les trajets et dans les villages – il s’embarque en ferry populaire, avec 4000 Indonésiens, en partance pour Singapour. Le contraste entre ces deux pays voisins est saisissant. Dans l’opulence de la cité-Etat, il anime deux Fresques du climat, pour un public qui « pense que c’est anecdotique et ne fait pas le lien avec son mode de vie ».
« À ce niveau, ça devient dangereux pour les organismes. »
De là, Corentin traverse la Malaisie sans trop s’arrêter, et débarque en Thaïlande où il fait les mêmes constats qu’à Bali. Il prend le temps de s’initier à la plongée et de pratiquer l’escalade. Escalade sur les rochers, mais aussi dans le climat, avec à Bangkok des températures de plus de 35°C durant des jours et dans une humidité maximale, inhabituelle même pour les autochtones. « À ce niveau, ça devient dangereux pour les organismes. Pour l’anecdote, mon téléphone s’est déformé car la colle a fondu », dit-il en sortant de sa poche l’appareil étrangement recourbé.

Il reste ensuite trois semaines au Laos, puis obtient un visa d’un mois pour la Chine et prend un train tout en tunnels pour Kunming dans le Yunnan, une petite ville chinoise de l’intérieur… de seulement 5 millions d’habitants. Pourtant très calme, constate-t-il, car la politique d’électrification massive des véhicules a apaisé même les 2×3 voies du centre-ville.
La cité est touristique là aussi, mais parmi les touristes essentiellement chinois, il se sent plus observateur que partie prenante mal-à-l’aise. Il s’adapte vite aux applis chinoises, loge en couchsurfing, s’étonne de l’accueil curieux et chaleureux des Chinois. « C’était le coup de cœur du voyage », dit-il. Il le prolonge en traversant de vastes régions d’une grande diversité : petits villages et grandes villes, montagnes et déserts, culture tibétaine et traces de l’antique « route de la soie ».

Premier glacier
Il finit par arriver à Almaty, Kazakhstan. Sa seule option sans avion est alors de traverser la Russie, en plein conflit avec l’Ukraine et par ricochet, avec l’Occident dont il vient. Pas cool, mais il trouve une Française, croisée via un groupe Facebook de voyageurs bas-carbone, pour faire à deux cette partie délicate du voyage. Il obtient en un mois son visa, vide son téléphone de tout élément compromettant, se fait cuisiner par les garde-frontière mais réussit à franchir l’épreuve grâce à la présence de sa coéquipière, jugée peu soupçonnable. Le reste de la traversée du « pays ennemi » se passe sans encombre mais d’une traite, en 5 jours de train, jusqu’en Géorgie.

Belle escale. Il est logé chez un Ukrainien qui lui raconte son pays meurtri. Et il se lance un nouveau défi : s’essayer à l’alpinisme en tentant un sommet à 5000 mètres, le mont Kazbek. Pas très technique mais très physique, juge-t-il. Pas très spectaculaire en termes de paysage car l’accès au sommet se déroule en plein brouillard. Mais Corentin en garde un souvenir illuminé parce qu’il lui a offert « enfin » son premier réel contact avec un glacier.
La fin du voyage est un peu plus banal. À Istanbul, sa « copine de l’époque » le rejoint pour une presque ordinaire traversée de l’Europe. Il lui tarde d’arriver, mais passe symboliquement sa dernière frontière entre l’Italie et la France en stop.

Parti d’Australie fin février 2024, il termine son voyage mi-août. Et reprend le cours ronronnant de sa dernière année à Sup Aéro en septembre. Il la pimente tout de même en préparant un double diplôme : ingénieur, avec une spécialisation de dernière année orientée sur l’observation de la Terre et les questions liées aux énergies bas-carbone, mais aussi un Master en sciences de l’Océan, de l’Atmosphère et du Climat.
Bienvenu dans la criosphère
Une année enrichie encore d’une belle rencontre en juin. Car l’étudiant, au cours d’un ultime stage au CNES sur « l’impact des fusées sur le climat », fait des pieds et des mains pour obtenir un break, le temps de fréquenter les allées de la Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC) à Nice. Il a tellement envie d’y aller qu’il réussit à obtenir un congé sans solde et va, dépourvu d’accréditation, traîner dans la zone ouverte au grand public.

Un stand l’attire comme un aimant : le « Pavillon de la criosphère », dédié aux glaciers. Celui-ci est animé par une toute petite équipe autour de la glaciologue Heidi Sevestre et de Matthieu Tourbeur, explorateur avec lequel elle prépare une traversée de l’Antarctique en vue d’études sur la calotte glaciaire.
Corentin est si présent, et l’équipe est si petite, qu’il finit par y être intégré. Il passe une deuxième semaine sur un nuage, à contribuer avec à peine 5 à 8 personnes à l’accueil des quelque 10 000 personnes qui passent sur le stand. Il rencontre les personnalités qui le font rêver et se familiarise avec ce petit monde de l’exploration polaire. Un pas de plus franchi en direction de ses idéaux désormais bien plus clairs.
Et après ?
C’est dans la foulée de ce moment inespéré qu’il cherche un service civique en tapant sur internet quelques mots-clefs incluant « climat » et « glacier ». Il tombe sur l’École des pôles, une branche de l’association Témoins polaires dont le but est de « sensibiliser au dérèglement climatique par l’émerveillement des régions polaires ». Et il se fait accueillir pour six mois.
Objectif : créer des outils pédagogiques et animer des ateliers de sensibilisation au changement climatique, auprès de scolaires de tous niveaux, tout en les mettant en lien avec l’expédition de Heidi Sevestre en Antarctique. Expé qu’il recroise donc presque par hasard, mais avec grand bonheur.
« Le rôle que j’aimerais avoir, c’est celui d’un pont entre la science et le grand public, ou même la décision politique. »
Son travail lui laissera aussi le loisir de penser à la suite. Il a très envie de créer (peut-être pas tout de suite) son propre projet, mêlant sensibilisation à l’environnement et aventure sportive. Car dit-il, « le voyage a ouvert une brèche d’envie d’exploration. Je suis intéressé par la science et la géopolitique, mais ce qui me fait vibrer le plus, c’est le terrain, le face-à-face et être en extérieur. »

D’une exploration à l’autre
Il confie être tenté par l’écriture, ayant dépassé les blocages qui l’ont retenu de partager les apprentissages et ressentis de son voyage. Il y aura certainement aussi dans son après-service civique quelque chose en lien avec les glaciers, peut-être une nouvelle aventure d’un glacier français à un glacier islandais. Avec du vélo, de la voile, de l’alpinisme.
Tout ça reste à mûrir… « Le rôle que j’aimerais avoir, conclut-il, c’est celui d’un pont entre la science et le grand public, ou même la décision politique. »
« Dans dix ans, il n’y aura plus de glaciers dans les Pyrénées : c’est une image facile à comprendre. »
Pour finir de comprendre ce qui l’anime, je lui pose une dernière question : pourquoi les glaciers ? « Ils sont les sentinelles du climat, entame-t-il. C’est un patrimoine fort – et magnifique – du passé de la Terre. Mais c’est aussi l’écosystème le plus en danger et la manifestation la plus palpable et la plus irréversible du réchauffement. Quand des oiseaux disparaissent, c’est difficile de rendre ça visible. Alors que la glace, passé une certaine température, ça fond. C’est précis et sans appel. Dans dix ans, il n’y aura plus de glaciers dans les Pyrénées : c’est une image facile à comprendre. Et enfin, le côté aventure m’attire toujours. Les défis humains face à la grandeur de la nature, ça force l’humilité. Avant je rêvais d’exploration spatiale, aujourd’hui je rêve toujours d’exploration, et savoir qu’elle est encore à poursuivre dans ces milieux froids, ça me rassure. »
Texte Marie-Pierre Demarty, d’après un entretien réalisé le vendredi 3 octobre 2025. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. À la une, photo fournie par Corentin : premier glacier en Géorgie, lors de l’ascension du Mont Kazbek.
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