Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
Et si on restait encore un peu en vacances ?
Plutôt que d’aller aux Bahamas ou à Dubaï, faisons le pari (ou espérons très fort) que le tourisme de demain se fera plutôt dans la proximité, en recherchant la fraîcheur et le ralentissement.
En découvrant la proposition de séjours bas carbone, j’ai eu l’intuition que le Livradois-Forez avait le profil pour ce tourisme bien assorti à un futur résilient et durable.
Pas tout à fait une intuition, en fait. Je dois tout de même à l’exigence de transparence de révéler que dans ma vie antérieure de communicante, j’ai eu des occasions de collaborer avec la Maison du Tourisme du Livradois-Forez, notamment sur ces propositions de petits séjours de proximité spécialement élaborés pour le comité social et économique de Michelin que j’évoque dans l’atout n°5.
J’avais donc déjà relevé cette tonalité « nature et déconnexion » qui me semble aller dans la bonne direction pour le territoire et pour ses visiteurs.
Voici donc ma proposition : le week-end prochain, on oublie pour une fois les volcans, on met le cap à l’est et on va arpenter les crêtes du Forez en se gavant de myrtilles et de fourme d’Ambert. C’est-y pas un beau programme, ça ?
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Le Livradois-Forez n’est pas une destination touristique majeure, mais attire des visiteurs qui recherchent la nature, la déconnexion, la quiétude du slow tourisme ou les sports de plein air. Il s’agit surtout d’un tourisme de proximité, notamment des urbains de la métropole lyonnaise, pour des séjours courts et même hors saison. Une majorité sont hébergés chez des amis ou en résidence secondaire.
- Le Livradois-Forez a de beaux atouts pour répondre à ce type de tourisme, à l’évolution du climat et à la nécessité de ralentir : beaucoup de forêt, de beaux paysages, des points de fraîcheur, un nombre important d’hébergeurs sensibles à l’éco-responsabilité. Son office de tourisme s’efforce de les valoriser dans la promotion de la destination, par exemple en proposant une offre de « séjours bas carbone », en renforçant les services autour de l’itinérance en modes doux, en imaginant des balades au coucher du soleil appréciables en période de forte chaleur…
- La structure même de l’office de tourisme est un atout de développement, car il est issu de l’action du parc naturel régional, qui a œuvré pour regrouper les structures en une seule, à l’échelle de 4 intercommunalités, pour une action plus cohérente. Étant aussi une structure associative, elle regroupe et fait travailler ensemble les collectivités et les acteurs socio-économiques du tourisme. Le nouveau schéma de développement, décidé collectivement, a acté une orientation forte sur le développement durable, qui devrait accélérer cette cohésion autour de valeurs et de modes de tourisme compatibles avec une certaine résilience du territoire.
« Lors d’une réunion récente des Parcs naturels régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons été seulement deux parcs, avec le Pilat, à estimer qu’on pouvait encore développer la fréquentation touristique. Tous les autres disaient ‘ça suffit’. Ils sont désormais sur la sensibilisation par rapport aux dégradations des espaces naturels. Ici, on voit du monde sur les Hautes Chaumes, mais c’est loin d’être saturé », relate Benoît Barrès, directeur de l’office de tourisme du Livradois-Forez.
Le massif montagneux de l’est du Puy-de-Dôme, aujourd’hui, n’est pas une destination de premier plan. Ici, pas de plages léchées par une mer aux teintes turquoise. Pas de Mont Saint-Michel, de tour Eiffel, de Mont-Blanc ou même de puy de Dôme pour asseoir sa notoriété. Mais demain ? Entre dérèglements climatiques, réticence à prendre l’avion, intolérance des habitants à la « surfréquentation », fragilisation du littoral et autres dégradations en perspective, la physionomie du tourisme pourrait aussi avoir à engager ou à subir de profondes mutations. Et si un territoire comme le Livradois-Forez détenait les atouts pour tirer son épingle du jeu ?
Entre constats sur ce qui est déjà en cours, signaux faibles et stratégie pour anticiper les mutations, voici ce que j’ai retenu de ma conversation avec Benoît Barrès, directeur de l’office de tourisme qui recouvre plus ou moins le territoire du parc naturel régional Livradois-Forez.

1. La nature
Commençons par l’atout-maître, presque évident : la nature. Le Livradois-Forez est couvert de forêts à plus de 50 %. Pas de grosse ville mais une ruralité encore bien peuplée. De la moyenne montagne, des prairies d’élevage, des crêtes et sommets qui offrent, depuis les Hautes-Chaumes, des paysages plus « paisibles » que les Alpes et quand même splendides. Le massif semble idéal pour faire le plein de nature quand on vit au rythme stressant d’une grande métropole.
À l’heure où tout le monde (enfin presque) prend conscience de l’urgente nécessité de prendre en compte le vivant et de préserver la biodiversité, les citadins ressentent le besoin de s’échapper parfois dans des endroits non bétonnés.
Benoît Barrès confirme : « Les gens apprécient la destination pour la nature. » Raison de plus pour que les acteurs locaux s’attachent à la préserver. S’il n’y a pas encore de problématiques de surfréquentation, le Parc naturel régional (PNR) fait un gros travail pour penser les circulations des visiteurs et randonneurs, protéger les zones classées, informer, rappeler les règles du jeu…
L’office de tourisme fait aussi sa part de sensibilisation du public. « Par exemple, nous proposons des balades nature pour faire comprendre ce que sont les milieux naturels et la nécessité de les protéger », cite son directeur.
Quand le Midi connaîtra un climat notoirement insupportable et quand les grands sites touristiques seront réellement saturés, nos territoires plus discrets auront une belle carte à jouer. En fait, c’est déjà un peu le cas.

Lectures d’été : demandez la Biblitikographie !
En 2024, nous avons publié un petit texte numérique (format PDF) rassemblant une liste d’oeuvres livresques ou bédéesques sur l’écologie et les territoires, recommandées par la communauté et la rédaction Tiko. Pour bronzer futé, malin et clever, vous pouvez vous la procurer en payant, ou sans payer, mais de toute façons en nous soutenant (teaser)…
2. La fraîcheur
Qui dit forêts et montagnes dit un peu plus de fraîcheur qu’en plaine, en ville ou plus au sud. Avec les canicules qui deviennent plus fréquentes, pouvoir indiquer des endroits ou activités rafraîchissants est devenu indispensable. « On a une demande énorme sur cette question de la part des touristes », relève Benoît.
En plus des forêts, le Livradois-Forez a aussi des rivières et même quelques lacs. « Les lieux de baignade, c’est crucial pour le tourisme », souligne le directeur. Ambert ayant définitivement fermé son plan d’eau, il reste trois plages pour les satisfaire : Saint-Rémy-sur-Durolle, Aubusson et Iloa. Ces rares lieux de tourisme aquatique sont tellement précieux que la communauté de communes Thiers Dore et Montagne a engagé une réflexion partagée pour leur imaginer un avenir.

Côté office de tourisme, le projet est de recenser et cartographier tous les points de fraîcheur pour informer dans les périodes de canicule : lacs, rivières, forêts… « Nous devons identifier aussi l’accessibilité de ces endroits, les parkings, les aménagements…, précise Benoît Barrès. Et il y a aussi une grosse demande de savoir quels sont les musées climatisés, que nous devons recenser aussi. »
« Les lieux de baignade, c’est crucial pour le tourisme. »
Fuir la chaleur peut aussi consister à décaler les horaires des animations. « Nous avons testé cet été une animation de ‘balades au coucher du soleil’ pour faire sortir les gens après la période la plus chaude. Elles ont eu un gros succès mais les touristes n’en ont pas profité, car les locaux les ont plébiscitées et se sont inscrits avant l’arrivée des touristes », ajoute-t-il.
Des initiatives intéressantes alors que le Livradois-Forez accueille déjà des visiteurs du sud du pays. Encore minoritaires certes, mais la tendance pourrait se développer.

3. L’authenticité
Certes, c’est une tarte à la crème. Mais ici l’authenticité n’est pas de façade. Ni folklore, ni muséification, ni ostentation. Le Livradois-Forez est un territoire de culture, de patrimoine et de savoir-faire préservés. Thiers est la ville la plus connue du département à l’extérieur, grâce aux couteaux. Mais il y en a d’autres. La Route des Métiers a été créée il y a 40 ans et persiste encore, avec succès. En toute simplicité, les artisans, les fermes, la petite industrie ou les fabriques ancestrales sont nombreux à ouvrir leurs portes aux visiteurs.

On peut s’initier à assembler son couteau, utiliser les plantes sauvages, pratiquer la vannerie, fabriquer du papier à l’ancienne… Le regain d’intérêt pour ces savoir-faire est symptomatique d’une époque où on prend conscience de nos dépendances, qui pourraient nous fragiliser en cas de crise. Bonne pioche pour les environs de Thiers et Ambert.
4. Des sentiers pas trop battus
Tant que la destination restera peu repérée, elle bénéficiera de cet atout, auprès de plusieurs types de touristes qui permettent d’avoir ici une fréquentation très mélangée. D’une part une clientèle populaire, car les prix restent raisonnables. D’autre part les personnes éventuellement plus aisées qui viennent pour le côté insolite des « coins que personne ne connaît »… La destination gagne régulièrement en notoriété, mais pour l’instant, ce n’est « pas surfait ». Témoin cette anecdote d’un autocariste suisse, qui a récemment choisi le Livradois-Forez comme destination d’un séjour surprise.
« Nous sommes l’endroit idéal en cas de crise. »
C’est plutôt un signal faible qu’une vraie tendance. Les touristes n’ont pas déserté les lieux de vacances traditionnels et vont encore très très massivement à la mer. Mais la frange de vacanciers qui recherchent les sentiers moins battus bénéficie à des territoires comme le Livradois-Forez.
Indicateur intéressant : l’usage du territoire en période de confinement. Benoît Barrès souligne : « Nous avons connu une explosion de fréquentation au moment du covid et ça nous a permis de constater que nous possédons cette force : nous sommes l’endroit idéal en cas de crise. Si les frontières se ferment, contrairement à des destinations plus internationales, nous perdons peu de public car les étrangers représentent seulement 1 % de nos visiteurs. Et nous pouvons apparaître comme une destination refuge. »
5. La proximité
À part les îles perdues au milieu du Pacifique ou les oasis en plein désert, quasiment tous les lieux touristiques peuvent prétendre se trouver à proximité d’une « source » de visiteurs. Mais quand les sites réputés tablent sur une clientèle internationale, le Livradois-Forez assume son profil « courts séjours de proximité », qui correspond à une grande part de sa fréquentation. Celle-ci vient surtout pour le week-end ou quelques jours, depuis un rayon de deux heures de route. « Typiquement de la métropole lyonnaise, précise Benoît. Nous sommes pour cela en phase avec une tendance de fond qui est de partir moins longtemps et plus souvent : on le ressent ici car la part du hors saison estivale augmente. C’est un atout d’avoir une fréquentation peut-être moins importante à un instant donné, mais répartie sur toute l’année. »

En Livradois-Forez, deux-tiers des touristes séjournent dans des hébergements non marchands, que ce soit chez des amis ou en résidence secondaire. Les gens viennent ici pour trois choses : ne pas faire grand chose, les paysages et se détendre, précise Benoît Barrès. Mine de rien, avec 3 millions de nuitées par an, le Livradois-Forez est presque à la hauteur du Sancy qui en décompte 3,2 millions, mais plus concentré sur la saison hivernale et l’été.
« Nous sommes pour cela en phase avec une tendance de fond qui est de partir moins longtemps et plus souvent. »
L’office de tourisme s’adapte à cette clientèle particulière, notamment en mettant en avant les courts séjours hors saison. Y compris dans l’hyper proximité. Par exemple, depuis la sortie du covid, un partenariat solide est engagé avec le CSE Michelin ; l’intention partagée est de promouvoir des séjours qui font sens, sont en accord avec la nécessité de ralentir et de ne plus inconsidérément prendre l’avion pour passer des week-ends au bout du monde.
Plus écologique, mais aussi plus résilient pour le territoire.
6. La force du Parc
En soit, le PNR est un bel atout touristique. Question d’image : il garantit et renforce auprès des touristes quelques-uns des atouts déjà cités.
Mais il a aussi été facteur d’une dynamique qui a modelé l’esprit, la stratégie et même la structure de l’office de tourisme : celui-ci est inter-intercommunautaire, ce qui est rare, et associatif, ce qui devient rare aussi. Le parc a œuvré pour que les offices existants – près d’une quinzaine – se regroupent. C’est fait officiellement depuis une dizaine d’années, à l’échelle de quatre communautés de communes (Billom Communauté, Entre Dore et Allier, Thiers Dore et Montagne, et Ambert-Livradois-Forez), y compris sur les zones de ces quatre EPCI qui ne sont pas dans le périmètre du parc.

Un office de tourisme a quatre missions classiques : informer les visiteurs, faire la promotion de la destination, éventuellement la vendre et animer les réseaux des professionnels du tourisme. L’action de celui du Livradois-Forez est liée à la vision du Parc et coordonnée avec celui-ci.
La façon de faire du Parc ayant été guidée par une logique d’assistance au développement plutôt que de faire à la place des acteurs locaux, elle a créé une dynamique de réseaux qui a fait éclore de nombreux projets collectifs, comme la Route des métiers (qui perdure depuis 40 ans), la Boucle Dore équestre, l’association Randonnée en Livradois-Forez… et donc la Maison du tourisme.
7. Une dynamique solidaire
Le statut associatif renforce encore le sens du collectif. L’office de tourisme est géré ensemble par les collectivités et par les socio-professionnels, qui sont représentés à parts égales au conseil d’administration. « Nous menons des actions mutualisées sur des propositions qui ont été approuvées collectivement. Cette mutualisation est assez facile parce que les opérateurs ont besoin, plus que dans les grosses destinations, de se rencontrer, d’échanger, de se former… Ce réseau crée une dynamique de solidarité », dit Benoît, qui aspire à aller encore plus loin : « Nous commençons seulement à pouvoir le faire depuis environ deux ans, mais il faut qu’on laisse plus de place à la créativité du réseau pour imaginer des projets collectifs. »
Cette dynamique est intéressante, quand on se rappelle qu’un office du tourisme a seulement la possibilité de promouvoir la destination. Ce sont les acteurs – publics et privés – qui détiennent le rôle d’aménager et d’animer le territoire, d’héberger et nourrir les visiteurs. Les avoir tous autour de la table facilite la création, perpétuellement en chemin, d’un territoire d’accueil attractif et en cohérence avec la « promesse » vendue aux touristes.

8. Ceux d’ailleurs et ceux d’ici
On ne s’installe pas dans le Livradois-Forez par hasard, surtout pour ouvrir des chambres d’hôtes. Les hébergeurs qui viennent là avec ce genre de projets, au dire de Benoît, apportent deux atouts : la sensibilité aux sujets de l’éco-responsabilité et de la préservation de la nature, et un regard valorisant sur le territoire. « C’est pour eux un vrai choix de vie et pas seulement un métier. Ils nous permettent de prendre conscience du potentiel de ce territoire », dit-il. S’il y a aussi des gens du crû qui se lancent dans des projets d’accueil teintés d’écologie (voir témoignage ci-dessous), ces apports extérieurs viennent renforcer le nombre d’hébergements éco-responsables, au moins dans le modèle chambre d’hôtes, et ils participent à créer une dynamique autour de ces questions.
En contrepoint : témoignage d’une hôte [cliquer ici pour y accéder]
« Partager l’idée qu’on peut associer l’éco-responsabilité au plaisir »
Au Coq en Pat à Augerolles, Patricia et Vincent ont créé il y a deux ans une mini-ferme bio qui accueille les touristes pour des séjours en gîtes et hébergements insolites éco-responsables, avec propositions d’activités sportives. Ils ont été parmi les premiers volontaires pour proposer une offre de « séjours bas-carbone » mis en avant par l’office de tourisme. Patricia témoigne :
Le choix du Livradois-Forez n’est-il pas pénalisant pour un projet touristique ?
Nous habitions Lyon quand nous avons créé ce projet mais je suis originaire du Puy-de-Dôme et nous voulions y revenir. Par contre je connaissais peu le Livradois-Forez, beaucoup plus les volcans. Ça complique un peu les choses que le territoire soit moins connu : parfois les gens que nous accueillons nous disent qu’ils vont aller randonner côté volcans et nous essayons de les convaincre de rester par ici, qu’on a aussi des paysages magnifiques. Ce qui nous avantage, c’est qu’on est plus près de Lyon. Les Lyonnais viennent beaucoup plus facilement ici en court séjour.
Pourquoi avoir répondu au projet de l’office de tourisme de mettre en avant des propositions de « séjour bas carbone » ?
C’était évident pour nous car c’est dans la continuité de ce que nous proposons déjà et de nos valeurs. Notre idée initiale était de proposer des séjours pour les sportifs : pour qu’ils posent leur voiture et viennent pour marcher, courir, nager, faire du vélo… L’offre « bas carbone » est trop récente pour savoir si ça peut motiver spécifiquement mais on sent qu’il y a un type de tourisme de plus en plus sensible aux aspects environnementaux. Ça ne sera peut-être pas motivant pour des groupes, mais peut-être pour des couples en quête d’escapade par exemple.
Qu’est-ce qui motive les personnes que vous accueillez ?
Les sportifs qui viennent, en général, sont déjà sensibilisés à la nécessité de respecter l’environnement. Les gens en général viennent ici pour la reconnexion à la nature, à l’alimentation et au sport, donc il n’y a pas de décalage avec ce que nous proposons. On essaie aussi de sensibiliser les gens en leur faisant découvrir la vie de la ferme, les produits que nous servons. Nous essayons de partager avec eux l’idée qu’on peut associer l’éco-responsabilité au plaisir. Certains viennent aussi dans une intention de ce qu’on appelle le slow tourisme. Par exemple nous avons eu récemment deux copines qui sont restées une semaine avec simplement l’idée de ne rien faire.
Comment faire sans voiture dans un séjour à la campagne ?
Nous proposons des solutions : un service de « frigo plein à l’arrivée », des boutiques de produits locaux et un marché hebdomadaire à 2 km, des possibilités de nous commander un repas. Les gens apprécient de ne pas avoir à prendre la voiture. C’est une forme de déconnexion aussi.
9. Une stratégie cohérente
Travailler sur un territoire aussi vaste et dans une optique de coopération apporte un autre atout : la cohérence. Le syndicat mixte du Parc naturel régional vient de finaliser un schéma de développement touristique à l’échelle de tout le périmètre, avec des déclinaisons dans chaque intercommunalité mais en cohérence avec le schéma global.
« À l’échelle nationale, le tourisme représente 8% du PIB, mais 11% des émissions de gaz à effet de serre. »
Celui-ci positionne la destination sur deux axes forts : l’expérience et le développement durable. « L’expérience », c’est l’idée de faire vivre des choses aux visiteurs, à qui il est proposé d’être « acteurs de leurs vacances ». On leur propose des expériences de rencontres, d’apprentissage de savoir-faire, mais aussi de nature et de déconnexion. Et parmi les rencontres, il y a l’entrée en contact avec des acteurs du changement, qui expérimentent et agissent pour inventer d’autres modes de vie. L’exemple type, cite Benoît, c’est Ana’chronique, un lieu alliant hébergement écologique et animations autour de l’alimentation saine, naturelle, locale, avec un volet nutrition et des ateliers thématiques gourmands.

Le côté développement durable, c’est l’idée de vacances les plus écologiques possibles. Hébergements, déplacements, aménagements, activités seront à travailler dans ce sens. « À l’échelle nationale, le tourisme représente 8% du PIB, mais 11% des émissions de gaz à effet de serre. Même si ici, on n’a pas le transport en avion dans la balance, on se doit de questionner nos pratiques », dit Benoît. En interne, l’équipe est en télétravail deux jours par semaine, mais son directeur se désole des contraintes de ses locaux, difficilement adaptables sur le plan thermique car le tourisme est installé dans des bâtiments patrimoniaux ou est seulement locataire. Reste qu’il y a des actions à engager pour verdir (encore plus) les séjours proposés.
10. En mode bas carbone
Et voilà comment on en arrive à créer un dernier atout : une proposition de « séjours bas carbone ». L’idée est audacieuse pour un territoire tout en montées et descentes, avec peu de transports en commun et une ligne de chemin de fer en cul-de-sac depuis 10 ans.

« Les séjours sont entendus comme ‘bas carbone’ à partir de l’arrivée sur place. Nous avons proposé aux opérateurs de concevoir des séjours sans voiture sur trois jours et deux nuits, avec un hébergement bénéficiant d’un écolabel. Les prestataires étaient un peu réticents car il n’est pas simple de pouvoir visiter ou faire des courses uniquement en modes doux à partir des lieux d’hébergements. Mais nous voulions faire quelque chose pour avancer et ça nous semblait juste pour des raisons philosophiques et écologiques. On s’est dit qu’on allait le proposer avec ceux qui étaient partants, dans l’idée que ça fasse boule de neige », explique Benoît. C’est donc la nouveauté 2025 : sept séjours sur le thème « bas carbone » sont proposés, plutôt hors été, avec encore peu de contraintes pour encourager les opérateurs à participer.
« On s’est dit qu’on allait le proposer avec ceux qui étaient partants, dans l’idée que ça fasse boule de neige. »
Mais ce n’est que le début de la mise en œuvre de ce schéma stratégique. Il restera à développer et compléter cette offre, convaincre plus d’acteurs du tourisme d’entrer dans cette logique, travailler sur les transports en commun, revoir les propositions (déjà bien existantes) et les services (où il y a des manques) pour accueillir l’itinérance en mode doux : rando à pied, à vélo, à cheval.
Un travail de long terme pour aboutir à « vendre » un territoire cohérent, écoresponsable et vivant… donc résilient.
Reportage Marie-Pierre Demarty, réalisé lundi 25 août 2025. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. À la une : Contemplation du paysage depuis le col du Béal – photo David Frobert transmise par la Maison du tourisme du Livradois-Forez.
Soutenez Tikographie, média engagé à but non lucratif
Tikographie est un média engagé localement, gratuit et sans publicité. Il est porté par une association dont l’objet social est à vocation d’intérêt général.
Pour continuer à vous proposer de l’information indépendante et de qualité sur les conséquences du dérèglement climatique, nous avons besoin de votre soutien : de l’adhésion à l’association à l’achat d’un recueil d’articles, il y a six façons d’aider à ce média à perdurer :
La Tikolettre : les infos de Tikographie dans votre mail
Envie de recevoir l’essentiel de Tikographie par mail ?
Vous pouvez vous inscrire gratuitement à notre newsletter en cliquant sur le bouton ci-dessous. Résumé des derniers articles publiés, événements à ne pas manquer, brèves exclusives (même pas publiées sur le site !) et aperçu des contenus à venir… la newsletter est une autre manière de lire Tikographie.