Bronzer idiot ou lire à l’ombre ?

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Si vous avez prévu de passer vos vacances à vous cultiver, dans un hamac tendu entre deux tilleuls qui vous protègent d'un soleil trop ardent, voici quelques suggestions de lectures. Et plein de petits plus... parce que lire l'été, c'est cool.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Liste ci-dessous non exhaustive. Vous pouvez aussi lire « Les Trois Mousquetaires », « Du côté de chez Swann », « Le Club des Cinq » ou l’unique roman de Pierre Desproges.

Mais lisez, ça change la vie !

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • Lire des articles c’est bien. Lire des articles qui vous parlent de livres à lire, c’est un pas de plus. Lire des livres, c’est encore mieux. Et comme on n’a pas forcément le temps de lire des livres dans l’année, on peut se rattraper l’été.
  • Autant lire des trucs qui vous apportent un peu de connaissances, sérieux, instructifs, mais avec des petits plus qui vous facilitent la lecture : belles illustrations, humour, textes sérieux mais courts…
  • Cette sélection parle de nos sujets favoris, avec des livres récents (mais pas seulement), des auteurs d’ici (mais pas seulement), des livres ou auteurs dont nous avons déjà parlé dans Tikographie (mais pas seulement). Mais seulement des ouvrages que nous avions envie de vous recommander. Bonne lecture !

« Rendre l’eau à la terre : alliance avec le peuple castor face au désert qui vient » Baptiste Morizot et Suzanne Husky, Actes Sud, 2024

Si vous vous intéressez au vivant et à notre rapport au monde sauvage, vous avez certainement lu « Manières d’être vivant », ce merveilleux livre qui a fait connaître le philosophe et sa manière étonnante de communiquer avec les loups, entre autres considérations sur notre monde et son évolution.

Si vous ne l’avez pas lu, une séance de rattrapage s’impose. Puis passez à la suite. Après le loup et l’éponge, Baptiste Morizot s’est intéressé au castor, et aux techniques développées en Californie pour développer des barrages régulateurs-mais-pas-perturbateurs imités du castor. Il en a tiré ce beau livre conçu avec l’illustratrice Suzanne Husky.

Petit plus : Un des stages animés par les Californiens en France avec les auteurs s’est déroulé dans le Puy-de-Dôme, sur un petit affluent de l’Allier. Je vous le raconte ici.

« Les Sciences de la durabilité » Pierre Cornu et Claire Weill, Presses universitaires Blaise Pascal, 2025

Sujet costaud mais format facile… C’est le principe de la sympathique collection L’opportune, des PUPB. Le principe est de mettre à portée de toutes les poches (dans tous les sens que vous voudrez) les domaines de recherche qui se travaillent à l’Université de Clermont-Ferrand et ailleurs dans le monde.

Face à la crise du « système Terre », face aux incertitudes et risques inédits qui pèsent sur nos sociétés, la science a beaucoup à nous apprendre. Comment ce nouveau champ de recherche interdisciplinaire est né, s’est développé, s’est structuré et organisé ? Qu’a-t-il à nous apporter ? À quels défis il fait face ? Réponse en 60 toutes petites pages.

Petit plus #1 : Paru en mai dernier aux éditions clermontoises PUPB, il devrait être facile à trouver.

Petit plus #2 : Dans la même collection, lisez aussi « L’Ecocritique » de Sophie Chiari, et l’entretien que l’autrice m’avait accordé il y a un an. Il vous donnera encore plus envie de lire cet été !

« Nomen, l’origine des noms des espèces » Marc Mortelmans, éd. Ulmer, 2024

C’est une entrée dans le Vivant par un angle original : les noms que nous donnons aux animaux. Mine de rien, les noms savants ou vernaculaires, en français et diverses langues, nous racontent énormément sur la façon dont nous voyons et considérons nos voisins non-humains. En tirant ce fil linguistique, Marc Mortelmans, le créateur des podcasts Baleine sous Gravillon, Mécaniques du Vivant et quelques autres, nous invite à regarder de plus près l’humain qui regarde distraitement ou attentivement la crevette-pistolet et le crabe des cocotiers, la panthère des neiges et le cochon d’Inde (ni un cochon, ni d’Inde), le parastratiosphecomyia stratiosphecomyioides (une mouche thaïlandaise) et le ia io (une chauve-souris d’Asie)… Chaque espèce visitée ouvre la porte à une foule de petites histoires étonnantes, drôles ou invraisemblables. En courts chapitres joliment illustrés, une invitation à s’émerveiller… et à cohabiter.

Petit plus #1 : Ma conversation avec Marc Mortelmans est à lire ou relire sur Tikographie.

Petit plus #2 : Si vous voulez entendre nos voix, vous pouvez retrouver la version audio en 4 épisodes sur BSG. Profitez-en pour découvrir cette belle chaîne de podcasts !

« À vélo ! L’encyclo pratique & joyeuse » Adrien Zammit, éd. Ulmer, 2023

Si vous partez en voyage lointain ou en balade proche à vélo, ne manquez pas de glisser sur votre porte-bagages « À vélo ! L’encyclo pratique & joyeuse », écrite et illustrée par Adrien Zammit. C’est le guide ultime sur le vélo, qu’il soit quotidien ou voyageur, longues ou petites distances, sportif ou familial, débutant ou chevronné… L’auteur connaît son sujet : il ne circule qu’à vélo, même quand son boulot de graphiste l’amène à traverser la France pour un rendez-vous professionnel.

Petit plus #1 : graphiste oblige, en plus d’être pédagogique et à portée de tous, ce manuel est plaisant à lire et à regarder, quasiment une BD.

Petit plus #2 : il a été écrit et dessiné à Cunlhat.

« Dans la peau d’un arbre » Catherine Lenne, éd. Belin, 2021

Sur un autre sujet, une autre encyclopédie. Vous aimez les arbres ? Vous voulez comprendre comment ils font pour vivre aussi vieux, pour être aussi grands, aussi verticaux, aussi immobiles ? Ce qu’est le cambium ou le méristème ? Savoir comment on peut mesurer un arbre ? Ce qu’il ressent ou comment il meurt ? Tout est là et bien plus.

Chercheuse clermontoise, Catherine Lenne a l’art de mettre la science à portée de tous, de partager son enthousiasme autant que ses connaissances. Volumineux et abondamment illustré, à explorer sous l’arbre ou en faire (comme moi) un livre de chevet.

Petit plus #1 : suivre Catherine Lenne en forêt est une expérience envoûtante. Je vous y emmène dans cet article.

Petit plus #2 : si après la lecture de ce livre vous pensez tout savoir sur le sujet, n’en croyez rien. La chercheuse a écrit la suite, tout aussi volumineuse et encore plus étonnante, comme le suggère son titre : « Vous avez dit biz’arbres ? »

« Perspectives terrestres » Alessandro Pignocchi, Seuil, 2025

Je vous ai parlé surtout de livres que j’ai déjà lu. Mais moi aussi je fais le plein de bouquins pour l’été. Dans le lot, il y a le volume 5 de la « Recherche du temps perdu » (j’en lis un tome par été depuis… 5 ans, donc). Mais aussi celui-ci. J’ai eu envie de découvrir cet auteur dont les ouvrages précédents, en complicité notamment avec l’immense anthropologue Philippe Descola, ont été recommandés dans la Biblitikographie (voir ci-dessous). Mais je ne pourrai pas vous en dire plus, sinon que le titre est de bon augure, je trouve.

Petit plus #1 : c’est un livre avec beaucoup de texte, mais aussi avec des bouts de BD et d’illustrations de l’auteur dedans. Elles sont superbes. J’ai un petit faible pour l’outarde canepetière qui inspire et dialogue avec le président de la République.

Petit plus #2 : dernière minute ! encore un livre que j’ai envie de lire, juste pour avoir entendu ses auteurs sur France Culture le jour où j’écris cette chronique, réjouissants comme un cadeau d’anniversaire. A trouver d’urgence, donc : « Dieu, Darwin, Tout et n’importe quoi », de la philosophe Vinciane Despret et du dessinateur Pierre Kroll, éditions Les Arènes.


« L’écologie tout terrain » Hélène Rajcak et Damien Laverdunt, Milan, 2022

Lorem Ipsum…

Damien

Petit plus : en avril dernier, nous avons participé aux 30 ans de notre complice Radio Campus avec une émission en direct. Tout à la fin, Claire nous a demandé une recommandation culturelle et Damien a cité cette BD. Un chouette souvenir, cette émission.

« L’homme Chevreuil – Sept ans de vie sauvage » Geoffroy Delorme, éd. Les Arènes, 2021

Un coup cœur pour ce livre ! Geoffroy Delorme nous emmène avec lui à la découverte de ses amis les chevreuils. Car c’est bien comme cela qu’il finit par en parler après des années passées à leurs côtés.

À travers cette immersion sont abordés les sujets de la gestion des forêts et la place exubérante de l’homme dans la nature, et pose question sur comment partager le territoire…

Christine

« Croire aux fauves » Nastassja Martin, éd. Verticales, 2019

Nastassja Martin est une sacrée nana ! J’ai d’abord découvert ses travaux d’anthropologue. Et seulement ensuite ce petit bouquin poétique et un peu plus grand public. Elle y raconte sa rencontre avec un ours, et surtout les vagabondages, après l’accident, de sa personne (d’hôpitaux russes en hôpitaux français, et entre ses attachements aux deux bouts du monde) et de son esprit qui essaie de comprendre ce qui est arrivé, à la lumière de son métier et de sa connaissance des pratiques shamaniques du peuple Even. Ce qui est arrivé ? Pas une attaque d’ours, analyse-t-elle, mais : « un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent ». Il nous faut croire aux fauves si on veut croire en nous-mêmes.

Le gros +++ :
Ces deux derniers ouvrages et leur commentaire sont issus de la Biblitikographie collaborative et sensible, construite avec les coups de cœur de notre communauté. Vous souhaitez y avoir accès ? Soit vous faites un don d’un minimum de 35 €, soit vous contribuez directement à la Bibli, en nous envoyant une suggestion de livre en lien avec les questions d’environnement, de transition et de résilience des territoires, avec quelques lignes pour nous dire en quoi cette lecture vous a marqué.e.

Textes Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. À la une : mes lectures et relectures d’été.

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