Nos lacs volcaniques en 10 questions

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Vue aérienne des lacs d'en haut et d'en bas à La Godivelle
Le Parc des Volcans et l’Université Clermont Auvergne lancent un suivi systématique des 14 lacs volcaniques du Puy-de-Dôme. Profitons-en pour faire le tour du sujet, des enjeux… et du lac.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Les lacs naturels de nos massifs volcaniques, c’est du patrimoine, de l’imaginaire, du bien commun. Il suffit de voir à quel point ils sont fréquentés au moindre rayon de soleil. Ou d’écouter les légendes, les « Il paraît que… »

C’est donc intéressant de voir la recherche scientifique se pencher sur ces objets si singuliers du paysage. Histoire de remettre un peu de savoir bien « carré carré » autour de ces lacs merveilleusement ronds.

C’est bien aussi de voir se mettre en place des programmes d’observation portant sur les risques de dégradation des milieux naturels sous l’effet du changement climatique et des activités humaines. Par les temps trumpiens qui courent, ça a quelque chose de rassurant.

Tout ça valait bien de (se) plonger dans le sujet…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • La plupart des lacs volcaniques de France se situent dans la partie puydômoise du parc naturel région des Volcans d’Auvergne. Ils sont au nombre de 14. Six sont des lacs de cratère (dont le Pavin, le gour de Tazenat, Servières) ; 3 se sont formés quand un phénomène volcanique – coulée ou éruption – a bloqué l’écoulement d’une rivière (Chambon, Aydat et La Cassière) ; 4 sont dus au creusement de roches volcaniques par des glaciers (Guéry, Bourdouze…). Le dernier site est le Creux de Soucy, un lac souterrain de température constante, formé au fond d’un gouffre proche du lac Pavin.
  • Cet ensemble constitue un patrimoine géologique remarquable, et accueille aussi une biodiversité d’une grande richesse. Ils s’avèrent cependant fragiles, affectés par de nombreuses activités telles que le tourisme, l’élevage, les loisirs nautiques, la pêche… Ils sont cependant mal connus. Seuls le lac d’Aydat et le lac Pavin font l’objet d’un suivi régulier.
  • C’est pourquoi le Parc des Volcans et l’Université Clermont Auvergne s’associent pour créer ensemble un observatoire des lacs volcaniques. Il va consister à recueillir dans la durée des données harmonisées et régulières, à mettre à disposition des projets de recherches et des gestionnaires de ces sites. Des relevés permettant un suivi de la qualité des eaux seront effectués sur les 13 lacs de surface et des instruments permettront sur chaque site de mesurer en continu la température et le niveau de l’eau. En outre, trois lacs pilotes – Aydat, le Pavin et le lac d’En-Haut de la Godivelle – bénéficieront d’un suivi plus important, avec des relevés mensuels poussés.

Pavin, Aydat, Guéry ou gour de Tazenat… Si ces noms ne vous évoquent rien, c’est sans doute que vous n’êtes pas Puydômois ou que vous venez à peine de débarquer en Auvergne. Car ils font partie des plus emblématiques et des plus populaires des lacs volcaniques de notre territoire.

Il y a ceux où on va se baigner et ceux qu’on apprécie depuis la rive, ceux autour desquels on randonne ou on pique-nique, ceux qui sont empreints de mystère, ceux qui inquiètent et ceux pour lesquels on s’inquiète. Ils ne laissent personne indifférent.

« Ces sites sont dans l’affect des gens. »

« On est tous fiers de nos lacs de montagne », soulignait jeudi dernier Lionel Chauvin, président du Conseil départemental et du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. « Ces sites sont dans l’affect des gens », ajoutait Nadège Guimard, responsable du service patrimoines naturels du même parc.

C’était au cours d’une conférence de presse marquant le lancement, par le Parc et l’Université Clermont Auvergne, d’un « observatoire des lacs volcaniques en lien avec le changement climatique ». Une belle occasion pour faire un petit tour de la question : que savons-nous de « nos » lacs volcaniques ?

Conférence de presse de lancement de l’observatoire. De gauche à droite : Romain Souzy, chargé de mission du Parc, Clément Floquet, ingénieur d’études à l’UCA, Philippe Labazuy, géophysicien et référent de l’observatoire de l’eau de l’UCA, Nadège Guimard, responsable du service patrimoines naturels du Parc, Lionel Chauvin, président du Parc.

1. Où sont les lacs volcaniques ?

En France et même à l’échelle de l’Europe, ils sont presque tous en Auvergne, à l’exception bien sûr de l’Islande, et de quelques représentants en Allemagne et en Italie.

En Auvergne, à quelques notables exceptions près aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche (Le Bouchet, Saint-Front, Issarlès), ils sont même bien regroupés dans le Puy-de-Dôme et ont aussi pour point commun de se situer dans le périmètre du parc des Volcans d’Auvergne, où l’on en recense quatorze.

La partie puydômoise du parc des Volcans recèle 14 lacs volcaniques. Ici le lac de Bourdouze, au sud de Besse.

Prenons la peine de les citer tous, puisqu’ils font l’objet de l’observatoire en question. Du nord au sud : gour de Tazenat tout au nord de la chaîne des Puys, La Cassière, Aydat, Servières, Guéry, Chambon, Pavin, Bourdouze, Montcineyre, Chauvet, la Landie (sans doute le moins connu, à Egliseneuve-d’Entraigues) et les deux lacs de La Godivelle. Ajoutons parce qu’il fait aussi partie du programme le Creux de Soucy, un lac souterrain proche du lac Pavin, au fond d’un gouffre, connu surtout des spéléologues et des chauves-souris.

2. Mais d’abord, c’est quoi un lac volcanique ?

Nous avons tous en tête la forme ronde presque parfaite du Pavin, du gour de Tazenat ou du lac Chauvet. Ce sont des maars, formés par la rencontre (explosive) de la lave, remontant vers la surface lors d’une éruption, avec une nappe d’eau souterraine. Un lac peut alors se former dans le cratère créé par les explosions.

Les maars ont en général un très petit bassin versant d’eaux de surface, qui se résume aux rebords du cratère ; mais ils sont alimentés aussi dans leurs profondeurs, par des eaux souterraines circulant dans un périmètre souvent plus étendu et dont le cheminement est forcément plus difficile à comprendre.

Le lac de Servières, le lac d’En-Haut à la Godivelle, tout comme la « demi-lune » de celui de Montcineyre appartiennent aussi à cette catégorie. Mais ce n’est pas la seule.

Servières est l’un des six lacs de cratère ou maars, formés par la rencontre de la lave avec une nappe d’eau souterraine.

L’autre principal phénomène volcanique qui peut provoquer la formation d’un lac est la formation d’un barrage naturel. Le lac Chambon résulte de l’irruption du volcan du Tartaret, qui a bloqué les eaux de la couze Chambon. Le lac d’Aydat est apparu lorsque qu’une coulée de lave – la cheire d’Aydat – a barré le passage à la Veyre. Et c’est le même flux de lave qui a provoqué l’apparition du lac de La Cassière.

Enfin, le Parc comptabilise aussi comme lacs volcaniques les modèles d’origine glaciaire, mais formés sur des terrains volcaniques. Quand un glacier a surcreusé la roche, il a pu laisser ici et là en se retirant des creux que les rivières et précipitations alentour se chargent de remplir d’eau : le Guéry, la Landie, Bourdouze ou la Godivelle d’En-Bas appartiennent à ce modèle.

3. En quoi sont-ils intéressants ?

À leur géologie exceptionnelle s’ajoute une biodiversité remarquable et d’une grande richesse. Des poissons comme l’emblématique omble chevalier, de nombreux amphibiens, des loutres. Certains de ces lacs accueillent aussi des micro-organismes et des plantes aquatiques très exigeants sur la qualité des eaux qu’elles fréquentent, comme les littorelles et les isoètes, herbes aquatiques fragiles, voire protégées.

Le lac de Montcineyre est une réserve d’eau potable pour alimenter le bassin d’Issoire en cas de pénurie, ce qui explique les restrictions d’activité.

Ces lacs constituent donc un patrimoine précieux, aussi bien géologique que biologique. Mais ils sont aussi au cœur de nombreuses activités humaines, qui vont de l’agriculture au tourisme, en passant par la pêche ou les loisirs nautiques. Deux d’entre eux, Servières et Montcineyre, ont même été constitués en réservoirs d’eau potable pour les grosses agglomérations en aval, ce qui explique qu’ils sont strictement interdits à la baignade.

D’autres conflits ou limitations d’usage peuvent également naître de la nécessité de les protéger, de leur statut – privé ou public – voire de leur état… quand on peut l’établir.

4. Ah oui au fait, dans quel état errent-ils ?

« Leur niveau baisse, l’agriculture les fait souffrir, ils se comblent, les cyanobactéries s’y multiplient… », disent les rumeurs. « Leur état s’est amélioré », s’empresse d’affirmer Lionel Chauvin. « Cela dépend de l’activité qu’on y pratique : les plus fréquentés, comme le lac d’Aydat ou le Chambon, sont forcément les plus impactés. Mais les impacts peuvent provenir aussi des pratiques d’élevage, des cheminements, de défauts d’assainissement… », indique Nadège Guimard.

« Le lac d’Aydat et le Pavin sont très suivis depuis une quinzaine d’années, mais pour d’autres, on n’a aucune connaissance. »

« On ne sait pas trop », répondent les scientifiques, sans démentir formellement ce qui précède. « Notre niveau de connaissance est très inégal. Le lac d’Aydat et le Pavin sont très suivis depuis une quinzaine d’années, mais pour d’autres, on n’a aucune connaissance. Nous avons besoin de les étudier pour mieux comprendre leur fonctionnement », indique Philippe Labazuy, géophysicien à l’UCA et référent de l’Observatoire de l’eau dans lequel s’emboîte l’initiative d’observatoire des lacs volcaniques. Il précise que d’autres éléments peuvent entrer en compte : le changement climatique, les pollutions amenées par les précipitations, ou la configuration du bassin versant.

vue générale du lac Chambon et de son environnement
Les lacs les plus fréquentés, comme le très touristique lac Chambon, sont logiquement les plus impactés par les activités humaines.

Au minimum, on fait d’ores et déjà le constat que les eaux de surface se réchauffent. Mais les indications sur le niveau de l’eau ou l’état de la biodiversité sont très parcellaires. Et leurs modifications ou dégradations sont potentiellement multi-factorielles. C’est pourquoi au Parc et à l’UCA, on parle de « changements globaux ».

On peut s’étonner que ces joyaux n’aient pas été suivis de plus près. « Mais pendant longtemps on a supposé qu’ils étaient en bon état », justifie Nadège Guimard, qui fait état d’alertes plutôt récentes émanant des propriétaires, par exemple sur la présence inhabituelle d’algues ou sur des « impressions » que le niveau d’eau baisse.

5. Mais on n’a vraiment rien fait pour les protéger ?

« Depuis plus de vingt ans, le parc des Volcans accompagne les propriétaires, qui nous interpellent quand ils ont l’impression qu’il y a un problème », précise Nadège Guimard, qui souligne aussi la possibilité d’agir sur la préservation des milieux aquatiques à travers différents dispositifs de protection que sont les zones Natura 2000, les espaces naturels sensibles et les réserves naturelles.

« Auparavant des troupeaux venaient s’abreuver directement dans les eaux du lac Chauvet. »

Exemple d’action menée par le passé, décrite par son collègue Romain Souzy, chargé de mission du Parc en charge de l’animation de l’Observatoire des lacs volcaniques : « Auparavant des troupeaux venaient s’abreuver directement dans les eaux du lac Chauvet. Cela a des incidences à la fois par le piétinement qui déverse des sédiments, et par les déjections qui produisent un apport excessif en phosphore et en azote. En accord avec les agriculteurs, nous avons mis en place un système de pompage qui permet aux vaches de s’abreuver à la même eau, tout en éliminant cet impact. »

Prairies de pâturage en bordure du lac Chauvet. Le parc a accompagné les éleveurs et le propriétaire du lac pour réduire les nuisances de l’élevage sur la qualité des eaux.

D’autres mesures ont permis d’améliorer la qualité des eaux, en agissant sur les bassins versants ou sur les cours d’eau qui alimentent les lacs. Les contrats territoriaux de rivière mis en place par les collectivités pour répondre aux objectifs européens sur la qualité des eaux, éventuellement en collaboration avec le Parc, ont été décisifs pour endiguer certaines nuisances d’origines diverses.

L’exemple le plus spectaculaire a été la reconstitution d’une zone humide dans l’amont immédiat du lac d’Aydat, accompagnée d’opérations de reméandrage de la Veyre. En une vingtaine d’années, la plage des Clermontois, au bord de l’asphyxie à la fin des années 1990, a retrouvé une qualité satisfaisante, malgré la forte fréquentation estivale.

Pour en savoir plus sur la reconstitution de cette zone humide, lire aussi le reportage : « Le lac d’Aydat arbore pavillon bleu : remerciez la zone humide et le SMVVA »

6. Comment faire mieux ?

Pour être plus précis dans leur préservation, il faut les connaître davantage. C’est l’enjeu du projet d’observatoire qui démarre. Il va consister en deux types de suivis : d’une part la généralisation des mesures déjà en place à Aydat et au Pavin. D’autre part la mise en œuvre d’un suivi plus poussé sur ces deux derniers et sur le lac d’En-Haut à la Godivelle, qui serviront de projets pilotes. Détaillons.

Le protocole de suivi déjà en place sur Aydat et le Pavin consiste à faire tous les trimestres un prélèvement permettant d’analyser différents paramètres : la composition physico-chimique de l’eau, la présence de nutriments et micropolluants, l’étude du phytoplancton et de la faune aquatique. Ces relevés permettent d’établir la qualité des eaux d’un plan d’eau – ou d’un cours d’eau – dans le cadre de la directive européenne Eau : cette fameuse directive qui a imposé l’objectif si difficile à atteindre d’aboutir à des eaux de surface classées « bon état écologique », en théorie en 2015 (on en était loin) mais avec une tolérance jusqu’à 2027. Encore faut-il mesurer cet état : c’est pourquoi ces analyses vont être généralisées à l’ensemble des lacs, sauf au peu accessible Creux de Soucy.

Gros plan sur les ondulations de l'au à la surface du lac Servières
Les analyses permettant d’établir la qualité écologique de l’eau selon la nomenclature de la directive européenne vont être généralisées à l’ensemble des lacs. Ici les eaux (ondulantes) du lac de Servières.

Ce dernier sera cependant inclus dans un autre type de mesures, appliqué à l’ensemble des sites : une mesure en continu de la température et du niveau des eaux.

« Ils sont tous les trois en tête de bassin, avec des exutoires qui alimentent nos deux bassins versants. »

Quant aux trois lacs pilotes, ils seront scrutés d’un peu plus près, en plus des mesures communes à tous. Chaque mois, hormis pendant la période hivernale où la glace et les intempéries rendent l’opération difficile, des prélèvements supplémentaires permettront d’en analyser l’état physico-chimique, le zooplancton et le phytoplancton, et de rechercher la présence de microplastiques.

Le choix s’est arrêté sur ces trois comme lacs pilotes pour différentes raisons, que Philippe Labazuy explique : « Nous avons naturellement retenu les deux qui sont déjà les plus étudiés et complété par un de ceux qu’on connaît le moins, et qui est aussi le plus préservé. Ils se situent à des altitudes différentes et connaissent des taux de fréquentation divers. Enfin ils sont tous les trois en tête de bassin, avec des exutoires qui alimentent nos deux bassins versants : Dordogne pour la Godivelle, Loire-Allier pour le Pavin et Aydat. »

Le lac d'Aydat et sa zone humide
Le lac d’Aydat est un des trois lacs pilotes qui bénéficieront d’un suivi plus poussé.

Disons encore un mot sur le cas très particulier du Creux de Soucy, mal connu évidemment, pour lequel Romain Souzy explique : « C’est un gouffre à température constante toute l’année ; il y a surtout un enjeu autour du niveau de l’eau, qui connaît des variations tout au long de l’année. Leur mesure permettrait d’avancer sur la compréhension de son fonctionnement. »

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« l’Intelligence Artificielle et les territoires« 

Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour de la question de l’impact local de l’I.A., dans le sens du lien social et des imaginaires

50ème Rencontre Tikographie, mardi 10 juin 17-19h (à l’hôtel Océania) – tous publics, accès libre

Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

7. Concrètement, ça se passe comment ?

Romain Souzy explique comment sont prises les mesures en continu : « On pose une sorte de corde qui va de la surface jusqu’au fond du lac et qui est équipée de capteurs, à distances régulières d’un bout à l’autre. Ces capteurs enregistrent la température et une ou deux fois par an, on vient relever les données enregistrées. Pour la mesure du niveau de l’eau, nous nous basons sur la pression, mesurée au-dessus et au-dessous de la surface de l’eau. »

Proche du bassin de vie riomois et fascinant par sa forme parfaite, le gour de Tazenat est lui aussi de plus en plus fréquenté. – Photo Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne

Parallèlement à ces instruments installés de façon permanente, des relevés seront effectués tous les mois sur les trois lacs pilotes et tous les trimestres sur les autres. Clément Floquet, ingénieur d’études de l’UCA qui pilote ces relevés, détaille : « Nous allons en bateau sur le lac, nous recherchons le point le plus profond et nous mesurons à cet endroit, à divers niveaux de la colonne d’eau, la transparence qui nous donne des indications sur la teneur en oxygène. Nous mesurons aussi la chlorophylle et la conductivité, indicateurs de la présence d’algues ou de nutriments. Nous effectuons également des prélèvements pour réaliser des analyses de l’état physico-chimique de l’eau, c’est-à-dire les sédiments et minéraux présents, de la présence de nutriments ou de plastiques, du phytoplancton, de la faune aquatique et des micro-organismes. »

« On pose une sorte de corde qui va de la surface jusqu’au fond du lac et qui est équipée de capteurs. »

Signalons que le projet envisage aussi, de façon un peu plus floue, de compléter ces dispositifs par d’autres types d’observations : étude de l’occupation et de l’usage des bassins versants pour mieux comprendre ce qui affecte l’état des lacs ; carottage des sédiments déposés au fond des lacs pour comprendre leur histoire ; étude d’espèces spécifiques, ou de la formation de la glace en hiver…

8. Qui fait quoi dans cette histoire ?

Le projet a pris corps à partir de 2022, à l’initiative de Nadège Guimard (côté parc des Volcans) et de Delphine Latour, chercheuse à l’UCA, spécialiste des micro-organismes et notamment des cyanobactéries, animatrice de l’observatoire de l’eau aux côtés de Philippe Labazuy.

Ensuite, il a fallu trouver des financements. L’État, à travers le Fonds vert, participe à hauteur de 70% du projet pour les premières années. Le syndicat mixte du Parc apporte la plus grande part du complément.

Vue du lac Chauver avec panneau indiquant ses mesures
Le lac Chauvet, ainsi que la Landie et les deux lacs de la Godivelle, partagent la particularité de déverser leur « trop-plein » dans le bassin versant de la Dordogne, les autres étant orientés vers l’Allier, à l’exception de Montcineyre, Servières et La Cassière qui n’ont pas de rivière exutoire.

Les agences de l’eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne sont maîtres d’ouvrage (donc financeurs) des suivis qui relèvent de la directive européenne sur l’eau, pour les dix lacs raccordés au réseau hydrographique de l’un ou l’autre bassin versant.

Quant à l’Université, elle apporte sa compétence scientifique et s’engage à favoriser les projets de recherche liés à ces lacs et aux données recueillies. Cela dans le cadre d’un observatoire plus global sur les questions liées à l’eau, lui-même inclus dans une « Fédération de Recherche eau, environnement et territoires » créée récemment au sein de l’UCA.

9. Combien de temps ça prend ?

L’observatoire des lacs volcaniques entre tout juste dans sa phase opérationnelle. Romain Souzy et Clément Floquet, les hommes du terrain, confirment que les premiers prélèvements sur le lac d’En-Haut ont été effectués il y a deux semaines. Et le tout premier comité de pilotage, réunissant l’ensemble des parties prenantes ainsi que divers experts, a eu lieu jeudi dernier.

Mais le projet n’a pas de date de fin : on parle de « long terme ». En insistant un peu, on apprend qu’il se décompose en plusieurs phases diversement consolidées.

Vue aérienne du lac Pavin
Le maar du lac Pavin, vieux de 6900 ans, est le plus jeune volcan d’Auvergne. L’observatoire projette un suivi des lacs volcaniques sur le long terme… au moins à l’échelle des humains. – Photo Philippe Tournebise

Un financement de deux ans, de 2024 à 2026, a été obtenu sur le Fonds vert « pour l’enclencher », précise Nadège Guimard. Côté universitaire, Philippe Labazuy indique que « l’UCA s’est engagée à soutenir des projets de recherche sur les cinq prochaines années ». Mais, ajoute-t-il, « dans mon idée ça doit porter sur au moins 15 ans. » Un minimum pour répondre aux objectifs que se sont fixé les partenaires.

Le premier jeu de données complet, compte tenu de la mise en place des protocoles, de la prise en compte des variations en fonction des saisons et d’une année sur l’autre, ne devrait pas intervenir avant deux ou trois ans. À cette échéance, on devrait obtenir un tableau de l’état des lacs en démarrage de l’observatoire, à partir duquel il sera possible d’observer leur évolution.

10. Finalement, à quoi ça va servir tout ça ?

L’intention première est de recueillir des données harmonisées, de les centraliser et de « les rendre accessibles aux gestionnaires et aux chercheurs », indique Nadège Guimard. Côté recherche, Philippe Labazuy complète : « Le but est de disposer d’une base de données ouverte qui puisse être utilisée pour des projets de recherche. Il s’agit de caractériser notamment les effets du changement climatique, de pouvoir construire des modélisations sur la base de ces données, de se donner la capacité d’observer les évolutions pour prendre les bonnes décisions. »

«  Il s’agit de caractériser notamment les effets du changement climatique. »

Autrement dit : acquérir des connaissances dans une perspective de recherche pure, mais aussi d’aider à comprendre comment mieux protéger et préserver ces sites singuliers.

Parce que c’est entendu, nos lacs volcaniques, avec leur formes étonnantes, leurs couleurs improbables, la vie atypique qui s’y développe et leur part de mystère et de légendes… on y tient tous.

Pour un aperçu en vidéo du projet, le Parc a conçu un court film consultable ici.

Article réalisé par Marie-Pierre Demarty, sur conférence de presse du jeudi 5 juin 2025 et entretiens complémentaires. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. À la une photo Philippe Tournebise : vue aérienne du lac d’En-Haut (maar) et du lac d’En-Bas (creusement glaciaire) à La Godivelle.

Soutenez Tikographie, média engagé à but non lucratif

Tikographie est un média engagé localement, gratuit et sans publicité. Il est porté par une association dont l’objet social est à vocation d’intérêt général.

Pour continuer à vous proposer de l’information indépendante et de qualité sur les conséquences du dérèglement climatique, nous avons besoin de votre soutien : de l’adhésion à l’association à l’achat d’un recueil d’articles, il y a six façons d’aider à ce média à perdurer :

La Tikolettre : les infos de Tikographie dans votre mail

Envie de recevoir l’essentiel de Tikographie par mail ?

Vous pouvez vous inscrire gratuitement à notre newsletter en cliquant sur le bouton ci-dessous. Résumé des derniers articles publiés, événements à ne pas manquer, brèves exclusives (même pas publiées sur le site !) et aperçu des contenus à venir… la newsletter est une autre manière de lire Tikographie.