CoCoShaker : 10 ans et 200 projets pour les territoires

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

L'équipe CoCoShaker aux Arboris
L'incubateur CoCoShaker accompagne les projets d'entreprises sociales et les territoires en Auvergne, renforçant leur cohésion et leur résilience. Tentons un bilan de dix ans d'action, avec plus de valeurs que de chiffres.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

C’est peu dire que je connais CoCoShaker depuis qu’il est tout petit… J’ai même à une époque préhistorique participé aux premières réflexions qui ont conduit à sa naissance. On pourra donc me soupçonner d’un petit biais de sympathie, que je reconnais volontiers. Mais tout de même…

Force est de reconnaître que le tout premier incubateur social en Auvergne a su perdurer et s’imposer dans le paysage, ce qui n’était vraiment pas gagné d’avance. Petit Poucet aux côtés des grosses machines d’accompagnement de start-ups et entreprises classiques dont un certain nombre ont disparu, fusionné ou muté depuis, la structure impose son style singulier où la lucidité sur les défis à affronter n’implique aucune ambiance de pression et de morosité. Cette équipe cool et chaleureuse préfère rire des objections et remarques un tantinet condescendantes en provenance des tenants de la soi-disant « vraie économie ». Et je serais tentée de dire qu’elle a bien raison.

Car l’incubateur et les entreprises qu’il accompagne relèvent des défis bien plus impressionnants, au service des populations, des personnes fragiles, de l’environnement, des territoires. Là où l’économie classique propose des solutions « rouleau compresseur », rentables parce qu’elles s’adressent de la même façon, massivement, à tout le monde, les tout petits entrepreneurs sociaux s’attaquent aux trous dans la raquette, font de la dentelle, vont chercher une par une ou presque les personnes laissées sur le bord de la route de l’économie.

Bref, des gens précieux. Et qui le seront encore plus quand les crises deviendront sévères. Et qu’il faudra faire preuve de cohésion, d’entraide, de solidarité…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • L’incubateur d’entreprises sociales CoCoShaker, créé à Clermont il y a dix ans, accompagne des porteurs de projets qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat pour répondre à un besoin social ou environnemental sans réponse en Auvergne, qu’ils ont le plus souvent constaté ou vécu personnellement. Ils sont sélectionnés sur leur posture et leur raison d’être, notamment leur souci d’inclure les plus fragiles. Des parcours d’accompagnement différents sont proposés en fonction de l’avancement des projets et plus de 200 projets ont été soutenus en dix ans.
  • Les entrepreneurs prennent des risques car ils s’intéressent à des problématiques qui relèvent du service public mais ne sont pas pris en charge, et qui sont généralement peu rémunérateurs. Le principal défi est de trouver un modèle économique pérenne. Mais à CoCoShaker, on considère que même les projets qui ont une durée de vie courte ne sont pas des échecs, car ils ont expérimenté et exploré des voies nouvelles et ont bénéficié à des personnes, à des territoires et aux porteurs de projet eux-mêmes.
  • L’incubateur, entouré d’un solide réseau, a développé une autre compétence dans l’accompagnement des territoires, notamment ruraux. Il les soutient en favorisant le dialogue local sur un besoin constaté, dont il anime la coconstruction, mettant en relation les acteurs et parties prenantes pour y travailler ensemble.

Un espace dédié au bien-être et à la santé des femmes, une salle de sport pour jeunes autistes, des ateliers de fabrication de cosmétiques et produits ménagers à base de plantes sauvages, une offre de livraison de fruits et légumes locaux intégrant un système de dons aux associations luttant contre la précarité alimentaire, un tiers-lieu culturel avec cantine d’insertion professionnelle offrant des repas durables, le développement d’un véhicule gonflable ultra-léger et accessible, un accompagnement pour les personnes endeuillées…

Ce sont quelques-uns des 17 projets accompagnés cette année par l’incubateur d’entreprises sociales CoCoShaker. Pas grand-chose à voir avec les structures qui encadrent des start-ups promises à générer de très gros bénéfices – ou à engloutir des sommes astronomiques récoltées auprès d’investisseurs avant de péricliter sans avoir pu engranger le premier centime de revenus.

« Notre critère, c’est la raison d’être du projet. »

Ici, on est plus modeste. Moins ambitieux sur le plan économique mais exigeant d’abord sur la finalité des projets et sur la posture des porteurs de projet. « Ce sont des personnes qui ont fait le constat d’un besoin social ou environnemental, qu’ils ont personnellement vécu ou subi, et auquel ils veulent répondre avec un projet innovant, explique Marion. Notre critère, c’est la raison d’être du projet. On considère un projet comme social quand il y a un bénéficiaire fragile, qui n’a pas accès aux mêmes choses que le reste de la population. Pour les projets environnementaux c’est plus facile… quoique ‘répondre aux besoins environnementaux’ peut poser question. »

Le chemin parcouru

Créé en 2015, CoCoShaker accueillait l’année suivante sa première promotion : cinq projets, portés par des entrepreneurs très jeunes, idéalistes et généreux, certains encore étudiants, qui rêvaient peu ou prou de contribuer à changer le monde.

Dix ans plus tard, la structure a beaucoup changé, a grandi, s’est consolidée, s’est adjoint de nouvelles compétences et de nouvelles missions. Elle accueille chaque année deux promotions de porteurs de projets – chacune à des stades différents de développement des projets, et réunissant 15 à 20 projets chacune, à l’échelle des quatre départements de l’Auvergne. Le profil des personnes accompagnées a bien changé aussi : 42 ans de moyenne d’âge, souvent parents et avec, pour la plupart, une première vie professionnelle derrière eux.

Les incubés de la promo 2024. Par rapport aux premières promotions, ils sont plus mûrs et expérimentés, mais passent à l’entrepreneuriat pour répondre à une problématique qui leur tient à cœur. – Photo Yann Cabello

Mais le souffle est toujours présent, régénéré sans cesse par les nouveaux arrivants dans l’équipe et par des porteurs de projets de chaque nouvelle promotion, débarquant avec leur propre fraîcheur. Et Marion Valladier Fumery (ou Audissergues du nom qu’elle portait au démarrage du projet) en est toujours la directrice.

Entourée d’une équipe opérationnelle qui se renouvelle d’année en année, et de partenaires, d’un conseil d’administration, de parrains et autres soutiens dont certains fidèles depuis les débuts.

Des trucs bien

Que CoCoShaker soit encore présent dans le paysage de l’Auvergne, alors que l’association a vocation à accompagner des projets fragiles au service des plus fragiles, est une bonne nouvelle. D’autant plus qu’elle accompagne aussi, depuis plus récemment, des territoires en questionnement, et particulièrement les territoires ruraux qui multiplient les handicaps : désertification, désertion des services publics, éloignement des structures de soin, complexité des mobilités…

Léo Perez, chargé de développement et d’accompagnement territorial, et Marion Valladier-Fumery, directrice, dans les bureaux de CoCoShaker à Clermont pour faire le bilan de dix ans d’action. – Photo Marie-Pierre Demarty

Le cap de l’incubateur ? Marion, aidée de Léo Perez, chargé de développement et d’accompagnement territorial, tâtonne pour le définir : « Notre baseline pourrait être ‘concentrer l’énergie autour de projets et de territoires engagés’, ou être un catalyseur… », s’essaie Léo. « Ce que je souhaite aux territoires et aux projets, c’est peut-être simplement qu’il y ait de l’écoute et de la compréhension, ajoute Marion. Car nos entrepreneurs prennent beaucoup de risques et nous misons sur le fait d’arriver à ce qu’ils obtiennent le soutien qu’ils méritent, d’être légitimés. On a juste pour objectif de faire des trucs bien pour le territoire. »

« Nous misons sur le fait d’arriver à ce qu’ils obtiennent le soutien qu’ils méritent. »

Et quand je demande ce que signifie « des trucs bien » et vers quoi il est question d’emmener les territoires accompagnés, Léo répond : « Plus d’autonomie, plus de solutions qui émergent d’eux-mêmes. » Marion poursuit : « Notre souhait serait qu’il y ait plus de considération des uns et des autres ; on revient à la question des personnes fragiles, sur des territoires qui vieillissent, et faire en sorte que chacun soit impliqué dans l’histoire de son territoire. » Et finalement, complète Léo, l’idée est « d’arrêter le déclin de ces territoires, en traitant les problèmes à la racine plutôt qu’en mettant des pansements. »

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Stopper n’est pas échouer

On comprend pourquoi l’équipe, même à l’heure de faire le bilan des accompagnements, n’aime pas les indicateurs chiffrés. Tout juste consent-elle à admettre qu’elle a « dépassé les 200 porteurs de projets accompagnés », dont 41 sur le sujet de l’économie circulaire. Et qu’environ 70% se déclarent encore en activité trois ans après la sortie de l’accompagnement. Mais Marion et Léo sèchent à donner par exemple un chiffre sur le nombre de projets liés à l’alimentation durable ou à la mobilité « parce que c’est transversal et lié à d’autres problématiques. »

« Même un projet qui dure seulement trois ans aura montré un modèle alternatif. »

Surtout, l’arrêt d’un projet ne signifie pas un échec. « Prenons l’exemple du Pas Sage à Bourbon-L’Archambault : un restaurant d’insertion pour personnes porteuses de handicap, qui a été en activité trois ou quatre ans et qui vient de fermer, expose Marion. Pour nous, c’est un projet qui a bien fonctionné et qui a eu un impact positif le temps où il a fonctionné. D’ailleurs dans cette promo, tout le monde a créé son entreprise, avec des belles histoires, et trois sur quatre ont arrêté. Donc c’est très compliqué de se baser sur les enjeux de pérennité. Sans compter que les porteurs de projet, même quand ils retournent dans le salariat, valorisent ce qu’ils ont appris en termes d’intelligence collective, de co-construction. »

Léo insiste : « Dans leur essence même, ces projets ont un impact social ou environnemental. Ce sont des expérimentations. Même un projet qui dure seulement trois ans aura montré un modèle alternatif, démontré que des choses fonctionnent et d’autres pas, et ils montrent une autre vision de ce que peut être la société. »

Hybride ton modèle

Entrons dans le concret : CoCoShaker, ce sont d’abord trois types d’accompagnements chaque année. De janvier à avril, un parcours « expérimentation » est proposé à des porteurs de projets – une grosse quinzaine sélectionnée par un jury – qui sont encore dans leur toute première phase : une idée, un constat, mais pas encore vraiment de chemin bien défini. « Il s’agit d’aller tester, de valider le besoin. On peut avoir des personnes encore en poste, qui continueront ou pas », commente Marion.

Le deuxième parcours, que certains vont enchaîner avec le premier, est l’incubation proprement dite, de mai à décembre. Toujours par sélection, les entrepreneurs sont accompagnés pour passer du projet à sa concrétisation.

Incubés et accompagnant autour d'un ordinateur
Atelier plan de financement lors du séminaire incubation pour les porteurs de projet de Haute-Loire en 2024. Trouver un modèle économique pérenne est un vrai défi pour des projets à vocation sociale et environnementale – Photo CoCoShaker

Il s’agira durant ces parcours de s’armer en tant qu’entrepreneurs, de mûrir la solution imaginée, de trouver, tout de même, un modèle économique le plus solide possible, mêlant financements publics ou privés et revenus de l’activité. « Parce que ce sont des modèles nouveaux, dans un système où il y a de moins en moins d’argent public ; ils viennent répondre à des besoins là où ce serait la raison d’être de la collectivité de le faire, explique la directrice. Notre message, c’est : ‘hybride ton modèle’, car on a vu de très beaux projets appuyés essentiellement sur du financement public qui se sont arrêtés le jour où le soutien public a disparu. Mais c’est vraiment le plus complexe : s’il n’y avait pas de problème sur le modèle économique, on ne servirait pas à grand-chose ! »

« Ils viennent répondre à des besoins là où ce serait la raison d’être de la collectivité de le faire. »

Léo résume le défi de l’entrepreneuriat social : « Ce sont des projets où le public ne va pas par manque de moyens ou de volonté et le privé n’y va pas non plus car ce n’est pas assez rémunérateur. »

Le troisième parcours échappe cependant à cette difficulté car il s’adresse à des entreprises sociales déjà solides sur d’autres territoires, que CoCoShaker aide à se déployer en Auvergne. Un parcours plus discret, car complètement individualisé et adapté à des personnes déjà en activité.

Pour découvrir deux projets incubés par CoCoShaker, lire aussi le portrait de Cécile Alibart (réalisé au tout début de son projet) : « Cécile Alibart, la presque-fleuriste qui préfère la créativité éco-responsable aux roses importées par avion », et plus récemment le reportage : « Halt ô Stop repense la mobilité en mode low-tech »

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« l’Intelligence Artificielle et les territoires« 

Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour de la question de l’impact local de l’I.A., dans le sens du lien social et des imaginaires

50ème Rencontre Tikographie, mardi 10 juin 17-19h (à l’hôtel Océania) – tous publics, accès libre

Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

Accompagner aussi les territoires

Quand on a décrit ces trois parcours, et même en incluant les nombreuses animations (66 événements en 2024) que l’incubateur propose à Clermont, dans ses locaux qui font face à la cathédrale, ou dans de nombreux replis du territoire auvergnat, pour repérer, challenger, encourager et recruter des porteurs de projets, on n’a pas fait le tour des activités de CoCoShaker. Car à force de « ratisser » l’Auvergne, aussi bien pour y rechercher les talents que les financements, l’incubateur a tissé un réseau et déployé des compétences qui ont amené l’association à aider plus directement les territoires, le plus souvent à l’échelle de la communauté de communes.

« On met différentes parties prenantes autour de la table pour répondre à un besoin du territoire. »

Et deux nouveaux « métiers » se sont ajoutés à son action. Le premier est un dispositif nommé « l’épicerie des idées », qui consiste, dit Léo, à animer la coopération territoriale : « On met différentes parties prenantes autour de la table pour répondre à un besoin du territoire. Par exemple ce matin, j’ai travaillé avec une association de l’ouest de la Haute-Loire avec une association locale, FIT, spécialisée notamment dans la mobilité inclusive, pour aider des entreprises de ce secteur sur la mise en place d’une solution de covoiturage inter-entreprises. On est clairement sur de l’accompagnement de territoire car les entreprises ont des difficultés à recruter, mais aussi sur l’aide aux plus fragiles qui n’ont pas d’accès à la mobilité. »

Marion explique que sur un tel projet, CoCoShaker apporte un savoir-faire pour faire travailler ensemble des acteurs qui, en l’occurrence sur ce projet, avaient des intérêts convergents sur un même territoire mais ne se rencontraient pas.

Animer des rencontres, faire dialoguer des acteurs divers d’un même territoire et leur faire construire ensemble des solutions aux besoins constatés localement est une compétence développée par CoCoShaker. Ici une soirée intitulée « Imagine ton territoire » proposée dans l’Allier. – Photo Jonas Demblon

Et entre ces deux métiers, selon la formule de Léo : « tout ce qui les lie ». Par exemple les journées thématisées, sur des sujets de prédilection et bénéficiant de financements spécifiques de partenaires : l’économie circulaire, l’alimentation durable, vieillir en santé. Ou encore les apéros de territoire… Des animations qui relient la recherche de projets à accompagner et le soutien aux territoires, « l’un nourrissant l’autre et réciproquement », souligne Marion.

La belle équipe

Difficile de parler de tout ce qu’a permis, lancé, imaginé et développé l’incubateur clermontois tant les initiatives et les formats ont foisonné. Mais à l’heure de se retourner sur ces dix premières années, on peut au moins mettre en avant quelques réussites ou motifs de satisfaction.

« CoCoShaker va bien. »

On a déjà évoqué l’équipe : fluctuante au fil des années, variant entre 5 et 10 personnes (ils sont huit actuellement), mais toujours engagés, travaillant en complicité, incités à réfléchir ensemble, à proposer des choses, à participer à la stratégie et à questionner le projet. « CoCoShaker 2025 ressemble à l’équipe 2025 », dit Marion qui tient à souligner que, malgré les constats pessimistes sur les marges de manœuvre pour l’économie sociale et solidaire, « CoCoShaker va bien. »

Surtout que l’équipe s’appuie sur un solide réseau, que la directrice a su mettre en place, rassembler, fidéliser en une communauté enthousiaste. Les financeurs, les parrains et marraines des projets incubés, les intervenants, les alliés de toutes sortes et les anciens porteurs de projets accompagnés portent ensemble l’efficacité et la pérennité de la structure tout autant qu’une ambiance aussi joyeuse qu’engagée.

La soirée des partenaires de CoCoShaker en 2024 : une ambiance aussi joyeuse qu’engagée a permis de consolider un réseau fonctionnant comme une véritable communauté. – Photo Yann Cabello

Baromètre des vulnérabilités

Soulignons aussi l’éventail des sujets sur lesquels les projets accompagnés agissent, qui dessinent en creux les points de fragilité de nos territoires et la façon dont CoCoShaker joue un rôle pour colmater les « brèches ». Grosso modo, ces sujets tournent autour de quelques thématiques : « La santé, l’alimentation durable, l’environnement notamment par le prisme de l’économie circulaire, la mobilité, et le lien social, énumèrent Marion et Léo. On est un peu un baromètre des vulnérabilités des territoires hors Clermont-Métropole. Même si certaines problématiques, comme la mobilité ou la revitalisation des bourgs, sont moins présentes dans les projets accompagnés parce qu’elles sont trop lourdes pour être portées par des entrepreneurs seuls ou en toutes petites équipes, nous retrouvons ces sujets sur des diagnostics de territoires. »

« C’est précieux que ce partenariat dure dans le temps. »

Si l’incubateur a d’abord été identifié dans le paysage local comme un acteur sur les thématiques sociales, l’environnement a largement émergé à partir de 2019, grâce à un partenariat : « Historiquement le Valtom avait un concours de projets, dans lequel il donnait une enveloppe mais ça ne déclenchait pas grand’chose. Parallèlement de notre côté, nous faisions le constat qu’on n’accompagnait pas assez de projets environnementaux. Nous avons créé notre première journée thématisée avec eux sur l’économie circulaire. Nous invitons des porteurs de projets en codéveloppement le matin et en rencontre d’experts du sujet l’après-midi, même si le format a évolué au fil du temps. Le Valtom nous a aussi suivi sur l’alimentation durable et nous a permis de commencer à expérimenter des formats. Et c’est précieux que ce partenariat dure dans le temps », raconte Marion.

Après les premières animations thématiques créées grâce au partenariat avec le Valtom, CoCoShaker s’est penché sur d’autres thématiques, pour faire émerger des projets. Ici un « sprint thématique » en 2024, à Pérignat-lès-Sarliève, sur la notion de vieillir en santé. – Photo CoCoShaker

Un lieu de résilience

Il a aussi permis d’attirer une multitude de candidats ayant la volonté d’apporter des réponses aux problèmes environnementaux, qui doivent aussi, pour être sélectionnés, se montrer innovants, inclusifs, attentifs aux plus fragiles. Parmi les plus emblématiques, Léo et Marion citent les Arboris, un parc de loisir près d’Aydat qui propose « la forêt pour tous, y compris ceux qui n’y vont jamais, tout en étant très exigeant sur l’impact environnemental » ; ou encore Cimélo, qui propose de repenser les tombes des cimetières, « avec un potentiel environnemental incroyable, mais un vrai défi car le sujet est sensible », commente Marion. Citons aussi Réempack, sur les emballages industriels réutilisables ; Fleur’T avec les Sens, salon de thé et fleuriste qui vient d’ouvrir à Montferrand autour des fleurs bio et locales ; Green Couture, entreprise d’insertion pour réutiliser des textiles ; Halt’ô Stop, sur la mobilité ; Poom, sur les surplus de fruits des vergers… 

Difficile de faire des choix. D’autant plus, dit Marion, que « beaucoup de projets sont à la fois sociaux et environnementaux et croisent différentes thématiques. »

« Les crises vont d’abord taper sur les plus faibles. »

Quand je lui pose la question de ce qu’apporte CoCoShaker à la résilience du territoire auvergnat, elle prend le temps de considérer la question qu’elle reconnaît ne pas aborder dans ces termes, puis développe : « Nous ne nous posons pas la question de ce qu’apportent les projets par exemple dans la perspective d’une crise environnementale, mais si on se la posait, il y aurait plein de manières d’y répondre. On parle d’accompagnement de personnes fragiles. Vu sous cet angle, la résilience territoriale est dans tous les projets accompagnés. La communauté CoCoShaker est en soi un lieu de résilience. Car nous avons le souci de garder le lien entre toutes ces personnes qui agissent sur le territoire, et qui agissent au service des plus faibles. Or les crises vont d’abord taper sur les plus faibles. »

Pour en savoir plus sur CoCoShaker, ses accompagnements et tous les projets soutenus, consulter son site internet

Reportage Marie-Pierre Demarty, réalisé le jeudi 15 mai 2025. À la une, photo CoCoShaker : L’équipe opérationnelle de l’incubateur, réunie récemment dans la forêt des Arboris, parc de loisirs éco-citoyen à Aydat accompagné en 2020.

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