Être, partir, rester en vacances

Perso j’adore passer l’été chez moi. Est-ce si bizarre ?

La chronique mensuelle de Marie-Pierre Demarty

Nous y sommes. Ce moment où je me sens (une fois de plus) en décalage avec mes contemporains. A cause d’une question rituelle que tout le monde pose et à laquelle je ne sais pas quoi répondre : « Et toi, tu pars où cet été ? » Avec ses variantes : « Et toi, tu pars quand en vacances ? » ou « tu pars loin ? »…

Et là, telle l’extraterrestre de service, j’ai un blanc.

Déjà, je suis rarement en vacances (vu que j’ai l’immense chance de beaucoup aimer mon boulot). Ensuite, c’est encore plus rarement en été. Et quand par extraordinaire je fais un break en été, c’est pour rester chez moi. Passer l’été chez moi, cela signifie : du temps pour prendre soin de moi et bichonner ma maison, des fruits et légumes locaux en abondance, de la tranquillité loin des plages bondées, la douceur des soirées et le petit déj sur la terrasse, la rencontre avec les autres extraterrestres du quartier, la symphonie des oiseaux dans les forêts alentour… Je trouve que ça vaut largement le non-déplacement.

Bref, la question pourrait être éventuellement : « Et toi, tu pars cet été ? ». Là c’est plus facile, je peux répondre « Non ». Alors qu’il n’y a pas de réponse logique aux questions précédentes. « Je pars chez moi » me paraît grammaticalement bizarre.

Je ne veux pas dire pour autant que je suis plus exemplaire que les plus exemplaires. J’ai la chance d’avoir l’âge d’avoir pu partir au bout du monde à une époque où on pouvait prendre l’avion sans culpabiliser, et j’en ai largement profité. C’est pourquoi je souhaite autant que possible passer mon tour.

Il n’est pas question de dire qu’il ne faut plus voyager du tout. Mais peut-être voyager moins systématiquement ou voyager autrement, en train par exemple. J’adore les voyages en train.

Exotisme

J’ai aussi une pensée pour les 40 à 45% de Français qui ne partent pas en vacances, dont un bon paquet pour des raisons économiques. Alors mon interrogation sur la question rituelle n’est peut-être pas si saugrenue que ça ; je ne suis peut-être pas la seule à être embarrassée pour y répondre.

Enfin, si je vous en parle ici, c’est que les allers-retours en avion vers des endroits où il fait trop chaud, les papiers et plastiques gras sur les plages, les bouchons sur l’autoroute, le nourrissage des poissons à l’huile solaire, les selfies avec le pied sur le rhinocéros qu’on vient d’abattre (Ah ben zut, c’était le dernier…), on pourrait peut-être commencer à ne plus en faire des évidences.

Bref, tout ça pour vous souhaiter de bonnes vacances, ici ou ailleurs.

Restez quand même connectés à Tikographie, au moins en juillet : on va encore vous parler des forêts où rôde le chat sauvage, des moutons qui broutent des volcans et de plein d’autres trucs très exotiques.

Promis, on vous enverra de belles cartes postales d’ici. Car ici tout va bien.

Mais jusqu’à quand ?

Photo de une : Marie-Pierre Demarty