Tant pis pour Amazon

Le livre de Tiko ne sera pas sur Amazon. Retour sur ce choix évident en termes écologiques, beaucoup moins en termes économiques … mais qui a surtout nécessité un bref aller-retour de l’autre côté de la barrière.

Il ne vous a pas échappé que Tikographie a publié un livre récemment (allez, micro pub : www.livretransitionauvergne.fr. Voilà). Etant auto-publié, je m’occupe de sa communication, de sa promotion et de sa distribution.

Quand on parle distribution pour un livre, difficile d’échapper à la question « au fait, il est sur Amazon ton bouquin ? ». Si la France maintient en vie nombre de librairies indépendantes – ce qui est très bien – il ne faut pas oublier que la majorité des consommateurs achètent leurs livres en ligne, en particulier chez M. Bezos.

Le souci est que le livre que j’édite (qui parle, donc, de transition écologique et de résilience territoriale en Auvergne) traite d’un sujet pas facilement compatible avec la politique d’Amazon. Cette dernière entreprise a beau être impressionnante (et même un peu flippante) par sa taille, son ambition, ses robots dans ses entrepôts, et même son efficacité … je ne suis pas du tout sûr qu’elle participe à un meilleur avenir pour nous tous.

Je ne pers pas, j’apprends – Mandela

Le livre est sorti le 5 septembre. J’ai pas mal tergiversé, procrastiné, et je me suis tout de même lancé (merci Jérôme pour tes conseils !) dans la procédure de « création d’un compte vendeur » sur Amazon, toute fin octobre. C’était à la fois très cadré, stressant (il faut donner son numéro de passeport, passer un entretien avec un correspondant en visio qui vérifie quelques points d’identité en précisant que je n’ai pas le droit d’enregistrer ni de photographier l’écran, ce genre de choses) … et tentaculaire. J’en veux pour preuve à la fois l’interface vendeur – à laquelle j’ai pu accéder, puisque la procédure a abouti, mais dans laquelle je me suis complètement perdu malgré mes années de numérique. Egalement, et surtout ! la politique tarifaire, d’une complexité effrayante pour un novice, et qui m’a coûté tout de même 46 € alors que, selon moi, je n’avais pas clairement choisi mes options de tarification.

Bref, tout ça mis bout à bout, j’ai supprimé mon compte 48 heures après l’avoir activé (et sans avoir vendu un bouquin sur Amazon). C’est bête, me direz-vous, mais il me fallait cette expérience pour me décider. Je n’étais déjà pas très chaud pour vendre sur un GAFA, cette fois j’ai laissé tomber. Tant pis pour Amazon, je tente ma change dans les librairies physiques, et tout de même sur AchetezenAuvergne.fr, petite plateforme montée par la Marque Auvergne et tout à fait fonctionnelle.

Je concluerai sur la difficulté de se passer des GAFA. Je n’ai pas dit impossibilité ! La preuve ci-dessus (et encore, il m’arrive de commander un ou deux trucs chez eux, mais pas des livres si on les trouve aux Volcans). Cependant, pour qui a recours quotidiennement au numérique, tout est fait pour nous faciliter la vie avec Google, Facebook, Netflix, etc. Mais quand on regarde l’envers du décor, les interfaces vendeurs ou éditeurs, l’impact écologique ou social réel, la politique RH …

Sans revenir sur Amazon, j’ai souvent été consterné par la complexité des meringues que ces entreprises, anciennes start-ups dévolues au lean et à l’efficacité, mettaient en place. Pour le simple utilisateur, c’est plutôt bien fait, certes. Mais en tant qu’éditeur sur Facebook par exemple, je n’ai jamais compris – et JAMAIS trouvé quelqu’un en ligne qui aurait pu m’aider – comment éviter que certaines de mes petites promotions de posts (3 € la pub) ne soient retoquées parce qu’un article évoquait un élu local. Je n’ai jamais compris pourquoi Google ne corrige pas, depuis des années alors qu’ils ont des développeurs à la pelle, des bugs sur les interfaces Gmail ou Google Sheets. Je n’ai jamais compris pourquoi Netflix produit autant de daubes (avec quelques bons voire très bons films ou séries au milieu), engloutissant des millions et saturant son espace médiatique. Je m’arrête là, j’ai la tête qui tourne.

Reste à casser le lien. En assumant ce choix. Techniquement, c’est faisable, il faut bien se documenter, s’organiser, et tenir dans la durée. « Socialement » … je publie cette chronique sur Facebook car j’ai une page avec des abonnés et parce que beaucoup d’entre vous – inutile de nier – ne lisent plus les médias en ligne sur leurs sites web (et encore moins les journaux papier). La vie est faite de choix : vais-je vous quitter sur une phrase aussi plate ? Hélas oui.

Damien

Crédit image de Une : Daniel Eledut, Unsplash