La sobriété, d’accord, mais laquelle ?

Dans cette chronique, j’aborde la confusion entre sobriété – une des grandes stars parmi les mots à la mode – et efficacité énergétiques. Et, par là, pourquoi la vraie sobriété nous est bénéfique, même par petites touches.

Parmi les mots à la mode (j’allais dire « qui font le buzz », mais c’est aussi un mot à la mode) (on s’en sort pas) donc, parmi les mots à la mode depuis cet été catastrophique sur le plan écologique, la « sobriété » est sur le devant de la scène.

Auparavant cantonnée aux réunions des alcooliques anonymes, elle fait désormais l’objet de politiques nationales, de discours ministériels et de propositions de consulting. C’est bien… je pense. Mais, comme tous ses petits camarades à la mode, le terme est souvent utilisé un peu n’importe comment.

Sans parcourir tout le champ lexical, je vous propose de nous focaliser sur le domaine de la transition énergétique. Et de revenir sur une confusion assez classique entre « sobriété » et « efficacité ». Cette transition énergétique, qui veut à la fois décarboner nos sources d’énergie et faire des économies (en volume comme en coût) repose sur trois piliers que sont les énergies renouvelables, l’efficacité et la sobriété. En l’occurrence, l’efficacité revient à dépenser moins d’énergie pour la même fonctionnalité (se chauffer, se déplacer) mais, grosso modo, sans changement radical dans les usages – par exemple, isoler sa maison. La sobriété, elle, consiste généralement à moins consommer (donc à réduire un usage), ou à effectuer un changement important dans le moyen de réalisation d’une fonctionnalité – par exemple, prendre un vélo plutôt qu’une voiture pour se déplacer en ville.

Sobriété n’est pas efficacité (énergétique)

Ce qui est intéressant ici, c’est la réduction de la sobriété à l’efficacité que l’on entend dans beaucoup de discours, principalement dans le monde économique mais pas que. On a l’impression que, du moment que la consommation d’énergie diminue (ce qui peut être atteint, en effet, par l’efficacité), on est plus sobre. C’est vrai, mais ce ne sera pas suffisant. La baisse inéluctable de l’énergie disponible ne pourra être gérée qu’en jouant sur les trois piliers de la transition, et notamment en combinant efficacité et sobriété. L’isolation de nos toitures ne sera qu’une partie du chemin.

Au-delà d’une question de chiffres et d’objectifs, cela montre la difficulté à s’extraire d’habitudes de consommation dont beaucoup sont énergivores, simplement parce qu’elles datent d’une époque encore récente où l’énergie n’était pas perçue comme un problème. La sobriété, c’est d’abord s’arrêter un instant, examiner nos habitudes de vie, et se demander si on ne pourrait pas réduire l’impact de chacune d’entre elles.

Surtout, il faut prendre conscience qu’un acte de sobriété n’est pas forcément une baisse de « niveau de vie » ! Je sais que je reviens très souvent sur cet exemple, mais quand je suis passé au vélo en ville en 2000, je me suis facilité l’existence à un point inimaginable en voiture – que j’utilise encore quelques fois quand il n’y a pas d’autre moyen disponible. Sans parler de la santé, de la réduction du stress, du coût très faible de ce moyen de transport, de son impact minime, et j’en passe.

Et puis, si vous êtes un tant soit peu sincère avec votre engagement écologique, vous serez plus alignés avec vos valeurs en opérant ces changements. Même s’ils ne représentent pas grand chose à l’échelle globale, ils vous feront du bien. Et pourront faire des petits, si vous en parlez autour de vous (en adaptant votre discours 😉

Crédit photo: Kobby Mendez (Unsplash)