Action utile, message complexe

Comment faire passer un message vraiment efficace quand on veut soutenir l’Ukraine ? Comment aller du curatif au préventif ? C’est la question de notre dépendance aux hydrocarbures …

J’inaugure ici une nouvelle petite rubrique, « Choses vues ». J’y proposerai plusieurs fois par mois de simples impressions, anecdotes ou micro-analyses du quotidien, qui seront principalement l’expression de mon ressenti personnel. Et je commence avec une forte expérience ce week-end, qui m’a marqué et fait réfléchir


Ce dimanche, j’ai eu la chance d’assister au concert en soutien au peuple ukrainien, à l’opéra de Clermont. Très belle prestation musicale et lyrique, organisation impressionnante pour un événement monté dans l’urgence, salle comble et dons massifs (près de 15 000 € pour environ 540 participants … bravo).

Les organisateurs ont, avant le concert, dit quelques mots sur le pourquoi de cette initiative. Les dons seront orientés par le Rotary Club International – partenaire majeur de l’événement – pour l’achat de matériel destiné à aider les réfugiés ukrainiens (tentes, etc.)

C’est très bien, et absolument nécessaire.

Mais, sur l’instant, j’ai regretté qu’on n’aille pas plus loin, ne serait-ce que dans le message. Acheter des tentes, c’est une mesure « curative », encore une fois indispensable. Mais elle ne va rien résoudre du problème de fond, qui est l’attaque d’un pays par un autre.

Sans vouloir régler ici ce récent conflit, ni supposer qu’il aurait pu être influencé significativement par les dons de la soirée, je me suis dit : « pourquoi ne pas appeler les gens à réfléchir à notre dépendance au pétrole et au gaz russe ? ». Car, a priori, le « meilleur » levier d’action que nous ayons, collectivement, face à la Russie, serait de moins acheter ses hydrocarbures.

Tout de suite, je me suis demandé comment faire passer un tel message devant une telle assemblée. Dire que les dons permettront d’acheter des tentes, c’est simple, clair et direct. Facile à comprendre. Cela justifie l’engagement des participants. Mais demander à acheter moins de pétrole et de gaz russe … tellement d’implications, de complexité, d’impacts systémiques à prendre en compte ! En vrac : la décision au niveau européen avec l’Allemagne et l’Italie qui en dépendent majoritairement ; le remplacement par d’autres hydrocarbures ; l’impact sur la population russe qui subit aussi, indirectement, la guerre ; la « transition » nécessaire, avec quel financement, pour simplement moins dépendre du gaz ou du pétrole …

Le vrai message utile aurait sans doute été celui-là. Mais je suis bien en peine de savoir comment le formuler, et s’il aurait pu passer dans le cadre des mini-interventions de 1 ou 2 minutes qui ont précédé le concert.