Volvic se voit dans « un processus d’amélioration continue » de son impact environnemental

Entretien avec Christine Raphanel et Amélie Pierron, directrices RSE et communication de Volvic : quelle approche derrière les nombreux engagements environnementaux de la marque ?


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Mon ressenti

Parmi les sujets les plus « chauds » du territoire en matière d’écologie, il y a l’impact de l’embouteillage de l’eau de Volvic sur les territoires en aval – entre Riom et Volvic, principalement. J’étais allé rencontrer l’association Preva l’an dernier (et ils avaient également participé à une Rencontre de la Résilience sur ce sujet), mais je n’avais pu m’entretenir avec la Société des Eaux de Volvic pour recueillir leur avis. J’imagine que le départ du PDG de Danone, Emmanuel Faber, rendait la chose difficile dans l’immédiat.

Néanmoins, j’entendais beaucoup parler de Volvic sur d’autres sujets que la ressource en eau : impact du festival VVX (notamment du trail) et protection de la biodiversité, sensibilisation à l’environnement sur le site du Goulet, degré de recyclabilité du plastique utilisé pour les bouteilles … et, bien sûr, Volvic est une des marques-phare de l’Auvergne, et sans doute celle qui communique le plus sur ses initiatives dans la protection de l’environnement.

Merci donc à Christine Raphanel et Amélie Perron, respectivement directrice RSE [Responsabilité Sociétale et Environnementale] et directrice communication, de m’avoir reçu fin février pour échanger sur toutes leurs actions liées à l’environnement. J’ai senti au cours de l’entretien beaucoup de volontarisme, de prise en compte du collectif territorial, mais aussi un regret et même une incompréhension, parfois douloureuse, de ne pas pouvoir échanger sereinement avec tous les acteurs du territoire. Pourtant, j’étais – à titre personnel – plutôt impressionné par la diversité des initiatives et par la manière de les présenter.

J’espère néanmoins que cet article permettra d’aider à faire passer des messages de main tendue, puisque tout le monde semble être ouvert au dialogue. Mais, si chacun est persuadé d’oeuvrer pour le bien de l’environnement, il n’est hélas pas facile de faire coïncider les logiciels de pensée – que ce soit à Volvic ou ailleurs.

Damien

Les principaux points à retenir

  1. La politique environnementale de la Société des Eaux de Volvic est de concilier développement territorial (incluant le social et l’économique) et préservation de l’environnement, en particulier de la ressource en eau. Pour ce faire, son « outil territorial » principal est le CEPIV, une structure qu’elle a initié en 2007 et qui regroupe les acteurs concernés par l’impluvium de Volvic – le territoire en amont recevant les eaux de pluies qui alimentent l’aquifère. Depuis sa naissance, le CEPIV travaille notamment au changement de pratiques des agriculteurs et à faciliter les dispositifs d’assainissement de l’eau, en lien avec des partenaires locaux comme la LPO ou VetAgroSup.
  2. Néanmoins, Volvic reconnaît que la ressource en eau diminue nettement, sur l’impluvium comme ailleurs sur le département. Ce assèchement serait principalement lié au changement climatique. Concernant l’aquifère, son fonctionnement reste à étudier et un chercheur a été mandaté pour cela par les autorités. Par ailleurs, les dispositions de la Préfecture (autorisations de prélèvement selon les usages et les acteurs, arrêté sécheresse mis à jour en 2021, plans « PURE » pour optimiser la ressource en eau dans les entreprises) contraignent Volvic dans ses prélèvements et dans ses pratiques – jusqu’à des plafonds journaliers.
  3. L’entreprise affirme cependant avoir pris les devants en participant aux instances mises en place, en étant la première avoir présenté son plan PURE, et surtout en réduisant volontairement ses prélèvements dans l’aquifère. Elle a aussi fortement investi – 25 millions d’euros depuis 2017 – dans la modernisation de sa chaîne de production pour économiser l’eau nécessaire à la fabrication des bouteilles. Enfin, un projet dit « REUSE » est en oeuvre pour réutiliser les affluents en aval de l’usine et donc économiser davantage d’eau, à horizon 2025.
  4. L’amélioration de l’impact environnemental passe aussi par les matériaux d’embouteillage. Ici, Volvic insiste sur l’emploi depuis 2019 (date à laquelle le ministère a rendu possible cette option) de plastique PET, facilement recyclable, pour la fabrication des bouteilles. Elle travaille aussi sur des contenants innovants, notamment en carton, et diminue les rejets de CO2 de ses process en basculant sa flotte de camions au biogaz (pour l’acheminement des bouteilles près de la gare SNCF de Riom), en travaillant sur les process et en assurant une énergie 100% renouvelable sur son usine principale, via des certificats.
  5. L’entreprise souhaite travailler avec tous les acteurs concernés, sur le territoire ou plus largement, et dans ses nombreux engagements environnementaux. Elle cite le Conservatoire des Espaces Naturels, la LPO, une start-up dans la biodiversité, la fondation Chaîne des Puys Faille de Limagne, et bien sûr les acteurs locaux institutionnels comme la Préfecture, la communauté de communes Riom Limagne Volcans, le syndicat d’eau potable, etc. Cela inclut de nombreuses associations qui participent au CEPIV ou à d’autres initiatives transverses, avec toutefois une main tendue à des structures comme l’association PREVA qui critique fortement les prélèvements – qu’elle estime abusifs – de Volvic dans l’aquifère.
  6. Le grand public est également un objectif de sensibilisation de Volvic. Le principal canal de communication semble être le site du Goulet, espace d’accueil et de découverte de la source (et des produits) de Volvic. Aménagé en amont de la ville, sur la route des Puys, il propose des chemins pédagogiques, des espaces d’exposition, et même un jardin partagé appelé « Elysium » mettant en avant la biodiversité et l’agriculture régénératrice. Ce dernier est exploité par l’association CeCler spécialisée dans l’insertion professionnelle. Enfin, l’événement festif VVX tout comme la Réserve Naturelle des Cheires et Sources de Volvic font l’objet d’actions spécifiques dans le cadre de la politique environnementale de la marque.
  7. Toutes ces actions s’inscrivent dans une logique d’amélioration continue, selon mes interlocutrices Christine Raphanel – directrice RSE – et Amélie Perron – directrice communication. Elles en veulent pour preuve l’obtention de la certification BCorp en 2020, un label socio-environnemental américain très exigeant et qui implique la tenue d’audits tous les 3 ans pour suivre l’amélioration des pratiques et des indicateurs. Pour Christine et Amélie, l’obtention du label n’a fait que confirmer la politique menée depuis 15 ans par la marque, et cela est un motif de fierté majeur pour les collaborateurs de Volvic.

La structure : Société des Eaux de Volvic

Entreprise filiale du groupe Danone, produisant de l’eau minérale naturelle en bouteilles sur le site de Volvic


Marque mondialement réputée d’eau en bouteille, Volvic – en tant qu’entreprise – est née en 1956. Elle a poursuivi l’exploitation d’aquifères alimentant des sources sur le territoire de la ville de Volvic, à l’ouest de Riom, qui avaient débuté en 1927. L’eau de pluie qui tombe en amont (sur l’impluvium) y est progressivement filtrée par les couches volcaniques provenant du puy de la Nugère. L’eau minérale ainsi obtenue est très pure, faiblement minéralisée, d’un pH de 7.

D’autres forages ont été entreprises depuis la création de l’entreprise, donnant notamment lieu à la découverte de la source Clairvic et au classement « eau minérale naturelle » en 1965 par le ministère de la Santé.

Auparavant propriété du groupe Sellier Leblanc, la Société des Eaux de Volvic passe – avec sa maison-mère – sous le giron de Perrier en 1984, de Nestlé en 1992 puis de Danone en 1994. La marque innove régulièrement, avec des boissons parfumées (après avoir créé puis cédé la boisson Oasis), une bouteille de 5 litres pourvue d’un robinet, et, à partir de 2020, l’emploi de plastiques recyclés et le développement de contenants en carton.

Elle développe aussi un centre de recherche sur les oligo-éléments en 1995 et obtient plusieurs labels de qualité, des référencements ISO 9002 en 1994 pour l’ensemble de ses lignes de production à la certification BCorp décrochée en 2020.

L’usine de Volvic emploie environ 900 personnes aujourd’hui et produit 1,2 milliard de bouteilles chaque année, la grande majorité partant à l’export mais surtout dans des pays européens.

Enfin, Volvic affiche de nombreux engagements environnementaux, principalement pour garantir la qualité et la pérennité de la ressource en eau. L’entreprise a créé et co-finance le CEPIV, qui réunit les acteurs concernés par l’impluvium de Volvic et participe à plusieurs initiatives sur la biodiversité ou l’agriculture responsable. Elle modernise ses lignes de production pour économiser de l’eau, notamment dans le processus de rinçage des bouteilles (voir le projet REUSE). Et elle affiche une volonté de réduire de son propre chef, mais aussi dans le cadre des obligations réglementaires décidées par la préfecture, ses volumes de prélèvement dans l’aquifère.

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Crédit visuel : Société des Eaux de Volvic (DR)

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L’eau devient un sujet majeur de préoccupation sur le territoire. En tant que producteur d’eau minérale, quelle est votre stratégie locale pour cette ressource ?

Christine : nous souhaitons concilier développement territorial – autant économique que social – et protection de la ressource en eau. Certains producteurs d’eau minérale ont choisi d’acheter les terrains avoisinants pour éviter toute intervention humaine, mais ce n’est pas notre approche.

Nous souhaitons concilier développement territorial et protection de la ressource en eau.

Christine Raphanel

Il y a 15 ans, nous avons choisi de créer une association regroupant les quatre communes de l’impluvium, et la Société des Eaux de Volvic [SEV] : il s’agit du CEPIV, le Comité Environnement pour la Protection de l’Impluvium Volvic. L’impluvium est le territoire de 38 kilomètres carrés au sein duquel l’infiltration des eaux de pluies alimente l’aquifère – la nappe d’eau souterraine.

L’objectif du CEPIV est de protéger ce territoire. C’est un sujet complexe, mais passionnant, car il implique de travailler avec tous les acteurs locaux. Car le territoire, et bien sûr sa ressource en eau, appartiennent à tout le monde. L’enjeu, c’est de trouver le bon équilibre.

L’impluvium est le territoire recevant l’eau de pluie qui alimentera naturellement l’aquifère souterrain / Crédit photo : Arnaud Guérin (DR)

Quel constat faites-vous sur la baisse de la ressource en eau ?

Christine : il y a une diminution de la “recharge” hivernale en eau, en termes de quantité. C’est principalement dû au changement climatique, comme l’expliquent les experts – et donc à la hausse des températures.

Cette situation [d’assèchement] ne touche pas uniquement le territoire de Volvic

Christine Raphanel

On peut d’ailleurs considérer que l’on est régulièrement en situation de stress hydrique, depuis 2017. Malheureusement, cette situation ne touche pas uniquement le territoire de Volvic : on la constate ailleurs dans le département, et même dans le Massif Central. Parfois, des années moins difficiles surviennent, comme en 2021 avec un hiver neigeux. Mais la tendance est celle d’une diminution de la ressource en eau.

Lire l’entretien : Le changement climatique dans le Massif Central, suivi par Vincent Cailliez

Et comment y faites-vous face dans vos process industriels ?

Christine : avec 21% de l’ensemble des usages, en moyenne, nous sommes exploitants minoritaires de la ressource en eau provenant de l’impluvium. Néanmoins, nous sommes mobilisés depuis plusieurs années pour préserver la qualité de cette eau et répondre aux enjeux du changement climatique.

Pour ce faire, nous avons investi 25 millions d’euros depuis 2017 dans l’amélioration des équipements et l’optimisation des process pour économiser l’eau. Cela nous permet de mieux préserver la ressource tout en pérennisant l’activité. L’objectif est ici de préserver à la fois l’environnement, le social et l’économique, les trois piliers du développement durable.

Nous avons investi 25 millions d’euros depuis 2017 (…) pour économiser l’eau [dans nos process].

Christine Raphanel

Plus précisément, une partie de l’eau est utilisée dans nos process pour nettoyer les installations industrielles. Cette eau doit être d’excellente qualité, pour garantir en retour la qualité de l’eau minérale naturelle. C’est sur cette partie que nous avons engagé une démarche volontaire de réduction de la consommation.

Le site de l’usine de Volvic emploie plus de 900 salariés. La modernisation de ses installations a mobilité 25 millions d’euros depuis 2017 pour économiser l’eau dans le process industriel, selon Christine Raphanel / Crédit photo : Denis Pourcher (DR)

Êtes-vous parvenus à effectivement réduire ces consommations ?

Christine : oui, en effet. Depuis 2017, nous avons économisé 390 millions de litres. Entre la réduction de l’eau “entrante” dans le process, et le recyclage dans la chaîne de production, cela représente une diminution de la consommation d’eau pour la fabrication des bouteilles de 15% en quatre ans.

En outre, nous travaillons sur un projet appelé “REUSE” [Re-Use, pour Ré-Utiliser, NDLR] : il s’agirait, d’ici 2025, de traiter les effluents en aval des usines. Le but est de ré-utiliser l’eau dans le process pour nettoyer nos installations.Pour cela, nous sommes en train de tester un process innovant à l’échelle pilote, avant une possible généralisation en phase industrielle. Cela nous permettrait, à l’horizon 2025, de doubler nos économies d’eau.

Qu’en est-il des fameuses “autorisations de prélèvement” dans la nappe phréatique ?

Christine : c’est la préfecture qui délivre ces autorisations de “prélèvements”, partout en France, et pour tous les usages. Cela concerne bien sûr l’impluvium de Volvic, et l’ensemble des prélèvements effectués, y compris l’eau potable.

Les prélèvements que nous effectuons sont cadrés réglementairement par une autorisation délivrée par l’Etat.

Christine Raphanel

Ainsi, les prélèvements que nous effectuons sont cadrés réglementairement par une autorisation délivrée par l’Etat. Nous avons des volumes annuels, mensuels et journaliers à ne pas dépasser.

On parle ici de pluviométrie “normale”. Mais que se passe-t-il en cas de sécheresse ?

Christine : c’est toujours la Préfecture qui définit une procédure spéciale en cas de sécheresse. Dans le département, cet “arrêté sécheresse” date de 2014, et il a été remis à jour le 1er avril 2021. Et c’est important de comprendre que cet arrêté nous concerne directement. On ne fait pas ce qu’on veut en ce qui concerne les prélèvements, surtout en cas de sécheresse. 

Lire l’entretien : Pour Lucie le Corguillé, “les zones humides ont un rôle capital dans le cycle de l’eau”

Spécifiquement, l’arrêté de 2021 demande aux entreprises du Puy-de-Dôme prélevant des eaux souterraines de s’engager sur un “Plan d’Utilisation Rationnel de l’Eau” [PURE]. Cela concerne 27 industriels du territoire en plus de la SEV, et nous sommes fiers d’être la première entreprise du département à avoir signé ce document en septembre 2021.

Ce PURE reprend les démarches faites par chaque entreprise dans le passé pour économiser l’eau, ce qu’elle prévoit à moyen-terme, et sa procédure en cas de sécheresse. Afin de participer à l’effort collectif et dans le cadre du PURE, nous allons à partir de cette année réduire les débits mensuels maximum autorisés de 5% en cas d’alerte sécheresse, et de 10% en cas d’alerte sécheresse renforcée. En adaptant en conséquence nos modes de production.

Il est capital de participer à l’effort collectif.

Christine Raphanel

Mais le PURE a aussi un impact hors sécheresse : dans notre cas, il a acté une baisse de notre autorisation annuelle de prélèvement de 10% dès le 1er janvier 2022. Nous pourrons doubler ce chiffre en 2025 si le projet REUSE aboutit.

Mais l’assèchement constaté en aval de l’impluvium n’est-il pas lié aux prélèvements effectués, combinés au changement climatique ?

Christine : il y encore des efforts à faire pour comprendre l’hydrogéologie du territoire. Pour cela, un chercheur en post-doctorat a été nommé par la Préfecture et va étudier le sujet dans les mois à venir.

De toute façon, notre but est bien de préserver la ressource. J’ai évoqué la réduction de nos prélèvements pendant les périodes de sécheresse : il est capital de participer à l’effort collectif.

Tous les acteurs du territoire, Société des Eaux de Volvic compris, constatent un assèchement des « résurgences » en aval de l’impluvium. Ce phénomène a déjà eu des impacts très importants sur les écosystèmes entre Volvic et Riom, causant notamment la fermeture d’une pisciculture centenaire. L’origine de cet assèchement est la principale pomme de discorde entre les associations et l’entreprise / Crédit photo : Alternatiba 63 (DR)

Justement, comment interagissez-vous avec les acteurs du territoire sur le sujet de l’environnement ?

Christine : je parlais d’équilibre à trouver tout à l’heure. Pour notre part, nous avons établi des partenariats directs avec les acteurs concernés, ou ceux qui peuvent nous aider à protéger l’environnement. Nous sommes convaincus que chacun peut avoir une contribution positive pour garantir la préservation de ce beau territoire. Cela va de la start-up belge Beeodiversity qui installe des ruches sur l’impluvium à la LPO [Ligue de Protection des Oiseaux] ou à l’ONF [Office National des Forêts].

Lire l’entretien : “La protection de la nature est indispensable … et possible !” insiste Christian Bouchardy

Amélie : ce travail se fait via des structures transverses comme le CEPIV. Mais nous sommes aussi soutiens de la Fondation Chaîne des Puys-Faille de Limagne. Globalement, nous souhaitons participer aux projets d’aménagement du territoire, en travaillant avec des acteurs locaux.

Ce travail collectif aide-t-il à résoudre le problème de l’assèchement en aval de Volvic ?

Christine : nous avons entendu des doutes et des critiques à notre égard, sur notre activité. Mais je tiens à réaffirmer notre engagement pour faire de l’eau une ressource durable. C’est en discutant ensemble que nous trouverons des solutions d’avenir, et nous souhaitons y prendre part.

Le 21 mars 2021, une « marche pour l’eau » était organisée par plusieurs associations militant pour la protection de l’environnement. Elles voulaient ainsi dénoncer les prélèvements à but industriel qu’elles jugent abusifs et néfastes pour les écosystèmes en aval / Crédit photo : Alternatiba63 (DR)

Pour essayer de trouver des solutions, nous avons participé aux initiatives de la Préfecture, comme le “Comité de Transparence” organisé régulièrement depuis 2020 : on y trouve tous les acteurs du bassin de Volvic, la communauté de communes Riom-Limagne-Volcans [RLV], mais aussi l’opérateur local pour l’eau potable [SMUERR], les fédérations de pêche, la Chambre d’Agriculture, les associations, les autorités, etc.

Il y a une vraie dynamique collective de gestion de la ressource en eau.

Christine Raphanel

Dans ce comité, chacun agit à sa mesure. RLV et le SMUERR, par exemple, travaillent sur la “performance” de leur réseau de canalisations – c’est-à-dire qu’elle lance des travaux pour en améliorer le rendement et pour réduire les fuites. Il y a une vraie dynamique collective de gestion de la ressource en eau.

Une association locale, PREVA, basée à Saint-Genès l’Enfant, est très critique envers les prélèvements de Volvic. Elle estime qu’ils sont responsables majoritairement de l’assèchement en aval …

Christine : nous avons échangé à plusieurs reprises avec l’association PREVA, qui est également présente lors des Comités de Transparence. Nous comprenons leurs préoccupations qui sont aussi les nôtres. Néanmoins, la porte reste ouverte, car nous souhaitons échanger et travailler avec tous les acteurs du territoire.

Lire l’entretien : Avec Preva, Jacky Massy focalise l’attention sur la question de l’eau en aval de Volvic

Sur l’amont de l’impluvium maintenant, dans les hauteurs de Volvic et vers les Combrailles, quelles sont vos actions de protection environnementale ?

Christine : l’eau de Volvic est de qualité exceptionnelle, parce qu’elle a “percolé” dans les roches volcaniques pendant des années. Pour autant, nous ne voulons pas nous imposer contre le développement du territoire. Là, nous essayons d’accompagner au changement vers des bonnes pratiques, ou d’aider à la réalisation d’infrastructures d’assainissement par exemple – dans le cadre du CEPIV, principalement.

Les agriculteurs sont des partenaires-clé dans cette démarche. Il faut les aider à “vivre mieux” pour qu’ils puissent, idéalement, se convertir au bio, au raisonné ou à l’agriculture régénératrice. Et cela va au-delà de la protection de l’environnement : l’action du CEPIV porte sur toute la filière agricole locale, notamment celle de l’élevage.

Le CEPIV travaille notamment à développer des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement en accompagnant les agriculteurs sur l’impluvium / Crédit photo : Hervé Schmelzle (DR)

Enfin, le CEPIV est aussi en partenariat avec des acteurs comme VetAgroSup, dans la lutte contre les campagnols par des moyens mécaniques plutôt que chimiques. Et il finance une aide au changement de pratiques sur le chaulage et l’amélioration de la qualité des sols.

Lire l’entretien : Regeneration veut “pré-financer la transition agro-écologique de millions d’hectares”

La biodiversité est généralement un bon indicateur de santé environnementale. Qu’en est-il dans l’impluvium ?

Amélie : outre le déploiement de ruches déjà évoqué, nous travaillons avec la LPO sur la Réserve Naturelle Régionale des Cheires et Grottes de Volvic – un site très protégé pour la biodiversité. Là, plusieurs centaines de chauve-souris y hibernent. C’est un des plus importants sites d’Europe ! 

Nous devons absolument le prendre en compte : c’est ce que nous avons fait en adaptant le déroulement de notre événement festif annuel VVX, dont le concert, initialement, dérangeait les mammifères.

Nous travaillons avec la LPO sur la protection de la biodiversité dans la Réserve Naturelle

Amélie Perron

Christine : la flore est aussi importante. Là, la LPO – à nouveau – mais aussi l’ONF nous aident dans l’aménagement d’un site de stockage vers l’usine du Chancet. Pour le faire, nous devons couper certains arbres : comment compenser cet impact ? Les deux structures nous conseillent sur la coupe, les essences à replanter, l’adaptation au changement climatique …

Sur le site web, dans les événements, sur les emballages, à l’espace d’accueil au Goulet ou le long de l’usine principale, Volvic communique tous azimuths sur ses engagements environnementaux / Crédit photo : Damien Caillard, Tikographie

Vous êtes également propriétaires et opérateurs du site du Goulet, où est installé l’espace d’information dédié au grand public …

Amélie : c’est un lieu très important pour présenter au grand public notre activité, notre engagement, mais aussi pour sensibiliser aux enjeux environnementaux. Hors Covid, il y passe annuellement 150 000 visiteurs ! C’est pourquoi nous y avons aménagé plusieurs sentiers pédagogiques, notamment sur des parcours familiaux de courte durée, expliquant le trajet d’une goutte d’eau, la biodiversité du site, l’habitat forestier …

Le site du Goulet est un lieu très important pour sensibiliser le grand public aux enjeux environnementaux.

Amélie Perron

Nous avons également mis à disposition de l’association CeCler un espace de 4000 mètres carrés sur l’impluvium, baptisé “Jardin Elysium”. Le but est ici de développer un jardin participatif appliquant les pratiques d’agriculture régénératrice. Le public pourra y participer, et des réfugiés et des personnes éloignées de l’emploi entretiendront le jardin.

Christine : dans ce projet, également, CeCler travaille avec des partenaires locaux. Le Conservatoire des Espaces Naturels [CEN] Auvergne les a ainsi aidés à choisir les bonnes espèces, et à les associer en permaculture. Ce sera un lieu à la fois pédagogique et un peu expérimental, pensé pour les groupes scolaires à terme, et géré par CeCler.

L’espace d’information Volvic est le principal site de réception du public, en amont de la ville et des usines. Il accueille 150 000 visiteurs par an / Crédit photo : Denis Pourcher (DR)

Revenons à l’usine : pourquoi avoir fait le choix du plastique plutôt que du verre pour vos bouteilles ?

Christine : nous avons des bouteilles en verre ! Mais elles sont réservées aux restaurateurs auvergnats.

Plus généralement, le choix du “polyéthylène téréphtalate” [PET] se base sur la recyclabilité. Le PET, c’est tout simplement le plastique le plus facilement recyclable au monde. A condition de le mettre dans la bonne poubelle, il est inerte, léger, et à faible empreinte carbone. Pour nous, c’est le “moyen de transport” idéal pour l’eau de Volvic.

En plus, il est très facile à utiliser dans une chaîne de production industrielle : les anciennes bouteilles sont recyclées, puis la matière est pré-formée, chauffée puis injectée dans un moule. Et nous travaillons avec nos fournisseurs et sur nos machines pour diminuer au maximum les pertes dans ce process.

Le PET, c’est tout simplement le plastique le plus facilement recyclable au monde.

Christine Raphanel

A noter que la fabrication de bouteilles PET à partir d’anciennes bouteilles ne date que de 2019. Avant, les bouteilles PET recyclées servaient principalement pour fabriquer des stylos, des polaires … mais les procédés ont évolué : ils garantissent désormais le niveau de qualité requis pour contenir de l’eau minérale. C’était donc une étape capitale pour nous, et cela nous a permis de sortir des nouvelles bouteilles, par exemple celle “100% plastique recyclé” de 8 litres en 2019.

Cela dit, nous travaillons aussi sur des alternatives au plastique, sur la base du carton – notamment pour les boissons parfumées. Nous sommes d’ailleurs fiers d’avoir lancé deux formats en carton, durant l’année 2021.

Les briques « Volvic Zest+ » sont un exemple d’emballage carton pour l’eau minérale naturelle parfumée, développé récemment et en complément des efforts sur la recyclabilité du plastique / Crédit photo : Société des Eaux de Volvic (DR)

Et enfin, parvenez-vous à progresser sur la consommation énergétique ?

Christine : l’usine Chancet Nature bénéficie déjà d’une énergie 100% renouvelable, via des certificats. Plus largement, nous considérons l’énergie un peu comme l’eau : une ressource à préserver, et dans la mesure du possible à récupérer.

Sur 2021 et 2022, nous réalisons de gros investissements – en plus de ceux déjà évoqués sur le cycle de l’eau – pour optimiser la génération de fluides froids ou chauds dont nous avons besoin. Nous parions notamment sur des pompes à chaleur pour récupérer l’énergie.

Nous considérons l’énergie un peu comme l’eau.

Christine Raphanel

Côté mobilité, nous disposons d’un entrepôt près de la gare de Riom : il nous sert à stocker des produits avant expédition. Là, le projet d’espace de stockage agrandi sur le Chancet nous permettrait d’optimiser les trajets en camion vers cet entrepôt, donc de réduire l’impact carbone du transport. Sachant que les camions qui vont jusqu’à cet entrepôt roulent au biogaz depuis 2021.

Sur le site web, dans les événements, sur les emballages, à l’espace d’accueil au Goulet ou le long de l’usine principale, Volvic communique tous azimuths sur ses engagements environnementaux / Crédit photo : Damien Caillard, Tikographie

Pour conclure, vous souhaitez avancer sur de nombreux sujets de RSE en parallèle. Quel ressenti en avez-vous ?

Christine : pour répondre à cette question, j’évoquerais la certification BCorp que nous avons obtenue en 2020. Je précise que c’est un label d’origine américaine, à approche sociétale et écosystémique très large – qui dépasse donc l’environnement. Et dont l’obtention est très difficile ! Seule 5% des entreprises candidates le décrochent

Pour nous, ce label a certifié et valorisé ce qu’on faisait depuis longtemps : protection de l’impluvium, participation au CEPIV, inscription à l’UNESCO pour laquelle nous nous étions engagés depuis le début … Pour obtenir cette certification, nous avons consolidé tout ce que nous faisions depuis plus de 15 ans, et qui est dans l’ADN de Volvic.

Le label BCorp est la garantie que nous sommes dans un processus d’amélioration continue.

Christine Raphanel

Et ce label BCorp nécessite de refaire un audit tous les trois ans. C’est donc la garantie que nous sommes dans un processus d’amélioration continue, et que l’on doit montrer la façon dont on s’est améliorés, notamment à travers une série d’indicateurs environnementaux et sociétaux. Notre souci est de faire toujours mieux, pour nous mais surtout pour le territoire. Cela nous rend fières de pouvoir agir dans ce sens, en tant qu’entreprise.

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Propos recueillis le 23 février 2022, mis en forme pour plus de clarté et relu et corrigé par Christine et Amélie. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie