Quelques secrets sur les arbres dévoilés par Catherine Lenne

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Catherine Lenne au micro pendant la soirée Tiko
Catherine Lenne, enseignante-chercheuse spécialiste des arbres, et préfacière du recueil "L'année Tiko 2025", était aussi le grand témoin de notre soirée Tiko. Une belle occasion de faire le point sur ce que les scientifiques étudient de la forêt face au dérèglement climatique. Revue de labo à travers de larges extraits de notre conversation.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

J’avais d’abord prévu un seul article, général, sur la soirée Tiko. Mais en réécoutant l’enregistrement de ma conversation avec Catherine, je me suis dit que c’était dommage de laisser perdre tout ce qu’on a appris dans ses propos.

Alors j’ai fait un deuxième article… et j’ai presque tout conservé. Catherine explique les choses avec tant de clarté et de pédagogie qu’on ne peut qu’avoir envie, après, de remiser (définitivement) la tondeuse au garage et aller faire un tour en forêt.

Petite confidence : j’ai depuis un petit moment en tête cette formule de « conversation », qui est assez proche de l’idée d’une interview en public. Je crois bien que je vais la développer dans un avenir proche. Si elle vous a séduit.e, guettez les infos et on en reparle…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • Les arbres n’en finiront jamais de nous étonner, nous fait comprendre Catherine Lenne. En hiver, ils entrent en dormance et ont besoin qu’il fasse froid pour se réveiller au printemps. Lorsqu’ils subissent des vents, ils cessent de grandir en hauteur et produisent du bois en épaisseur pour se renforcer. Et si le même vent se reproduit, ils s’en souviennent et ne réagissent pas. Autrement dit, ils sont capables d’apprentissage. Mais il reste encore beaucoup à découvrir sur la façon dont ça se produit.
  • Le dérèglement climatique a un grand impact sur les arbres et les forêts : sécheresses, canicules, tempêtes… C’est ce qu’étudient les équipes de recherche du labo PIAF où travaille Catherine. Cependant, l’accentuation de ces phénomènes amène le labo à se réorganiser pour tenir compte des interactions entre ces différents phénomènes climatiques, ainsi qu’avec les autres organismes vivants – de la faune au microbiote – qui vivent avec l’arbre et en lui. Heureusement, la recherche est encore libre en France et peut continuer à produire de la connaissance sur ces perspectives… tout en accueillant des chercheurs issus des États-Unis où ça devient compliqué.
  • Car l’arbre et les forêts nous sont indispensables et nous rendent de nombreux services écosystémiques : absorption du carbone, fourniture de bois et de nourriture, régulation du cycle de l’eau. Et plus important encore : les forêts sont les écosystèmes qui accueillent le plus de biodiversité, alors que nous la détruisons ailleurs. Nous pouvons aussi favoriser son retour par de simples gestes ; notamment en arrêtant de tondre dans les jardins. Car les jardins privés représentent une surface 4 fois supérieure aux réserves naturelles en France. Un beau jardin est un jardin vivant.

Enseignante-chercheuse à l’Université Clermont Auvergne, docteur en physiologie végétale, Catherine Lenne travaille au sein d’une des équipes de recherche du laboratoire PIAF, qui réunit des chercheurs de l’UCA et de l’INRAE autour des problématiques de l’arbre dans son environnement et notamment face au dérèglement climatique.

Elle est aussi l’autrice de quelques ouvrages de référence, destinés à tous les publics. Notamment « Dans la peau d’un arbre » paru en 2021 et « Vous avez dit biz’arbres ? » en 2024, aux éditions Belin.

Elle a eu la gentillesse d’accepter notre double invitation à préfacer le recueil « L’année Tiko 2025 » et d’être notre grand témoin la semaine dernière lors de notre soirée Tiko. C’était l’occasion d’avoir avec elle une passionnante conversation sur ses recherches, l’organisation du labo PIAF et quelques réalités parfois contre-intuitives sur la vie des arbres et sur ce qui les menace. Je vous propose ici de larges extraits de ce qu’elle a partagé avec le public.

En plus, nous étions le 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine…

Dormance

  • « À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine », dit le dicton. Pourquoi est-ce le bon moment pour planter des arbres ?

Catherine Lenne : En ce moment dans nos climats tempérés, les arbres et arbustes sont en dormance. Il ont entamé cette entrée en sommeil depuis l’été. Car la fabrication des bourgeons, qui a lieu au début de l’été, est la première étape vers cet état de dormance. Ces bourgeons contiennent la promesse de croissance de l’année prochaine. Si on essayait de les réveiller maintenant en coupant des branches et en les mettant dans l’eau, ils ne s’ouvriraient pas. Cette dormance va leur permettre de passer l’hiver sereinement, car leur métabolisme est très réduit ; tout est au repos.

« Les hivers trop doux font que les dormances sont mal levées et les croissances du printemps sont impactées. »

Et comme tout est au repos, l’arbre peut être transplanté de la pépinière jusque dans les jardins, entre maintenant et le moment de l’ouverture des bourgeons, vers fin mars (selon les espèces). Ensuite, cette dormance est levée, étonnamment, par le froid. Les hivers trop doux font que les dormances sont mal levées et les croissances du printemps sont impactées. C’est d’ailleurs une des problématiques du changement climatique.

On a par exemple gagné deux à trois semaines au printemps sur la vigne depuis la fin du XIXe siècle. La saison de végétation dure plus longtemps. On pourrait se dire que c’est bien parce qu’il y a plus de sucre dans les fruits. Mais le revers de la médaille, c’est que ça perturbe l’entrée en dormance qui permet à l’arbre de supporter le froid.

En mode conversation face au public.
  • Les arbres dans le vent : non pas les arbres à la mode, mais le travail de Catherine Lenne sur la mécanique des arbres.

Un chercheur ne travaille jamais seul. J’appartiens à l’équipe MECA du laboratoire PIAF ; MECA pour « mécanique ». Le PIAF étudie la sensibilité des arbres aux facteurs de l’environnement : comment les arbres perçoivent les facteurs de l’environnement, qui leur arrivent de l’extérieur ou qui circulent à l’intérieur, et comment ils y répondent de manière adaptée. La perception d’informations et la réponse adaptée, c’est ce qu’on appelle la sensibilité en biologie.

« La perception d’informations et la réponse adaptée, c’est ce qu’on appelle la sensibilité en biologie. »

Les équipes étudient différents facteurs de l’environnement. Et dans mon équipe, ce sont les facteurs mécaniques de l’environnement : le vent qui fléchit les troncs et les branches, et la gravité. Et donc : comment un arbre se tient debout dans la gravité et comment il se redresse à la verticale quand il est incliné.

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L’arbre apprend

  • Que reste-t-il à comprendre des arbres?

Nous étudions la façon dont un arbre perçoit le vent et on a montré qu’un arbre perçoit la flexion de sa tige parce que les cellules sont étirées dans la flexion, et c’est cet étirement qui est perçu. Ce qu’on ne sait pas encore bien, l’énorme boîte noire, c’est ce qui se passe entre la perception du signal et la réponse. C’est-à-dire la « décision » d’arrêter sa croissance en hauteur et d’augmenter sa croissance en épaisseur, en déposant plus de bois. Comment se fait le transfert de cette information à la réponse ? On ne sait pas.

« Ce qu’on ne sait pas encore bien, c’est ce qui se passe entre la perception du signal et la réponse. »

  • Les arbres dans le vent, ça envoie du bois.

Ça fait près de 30 ans que je suis sur ces recherches et j’ai vu évoluer l’avis extérieur des personnes. Il y a une trentaine d’années, quand on affirmait que les arbres dans le vent sont plus petits et plus trapus, les forestiers nous répondaient que ce n’est pas possible. Car si à chaque coup de vent l’arbre arrêtait de croître en hauteur, on n’aurait jamais d’arbres élevés et toutes les forêts seraient naines. Ce n’était pas idiot.

Donc on a travaillé là-dessus et on a compris que l’arbre est capable de filtrer les vents qu’il a déjà vécus. S’il a déjà répondu et que le vent est le même, il ne va pas répondre et il continuera à s’allonger. Il va pouvoir adapter sa croissance à son passé, à son vécu. C’est de l’apprentissage. Montrer qu’un arbre est capable d’apprentissage, c’est fort.

« On a compris que l’arbre est capable de filtrer les vents qu’il a déjà vécus. »

Il a une forme de mémorisation du signal ; on ne connaît pas le support de cette mémoire, mais il est sûr qu’il modifie son seuil de sensibilité au vent. Tous ces vents qui sont en dessous de son seuil de sensibilité, il n’y répondra plus.

Catherine Lenne lors de notre balade dans la chaîne des Puys en juillet 2024. « Si vous allez dans une hêtraie, il est facile de reconnaître que ce sont tous des hêtres, mais chaque individu est différent », nous explique-t-elle.
  • Une mémoire, mais pas de cerveau.

Nous sommes « des nains sur les épaules de géants » ; c’est-à-dire que d’autres chercheurs nous ont précédés et ont recherché depuis Darwin l’existence d’un cerveau dans une plante ou un arbre, mais il n’y en a pas. Pas de centre intégrateur des informations et il n’y en a pas besoin : c’est ce qui est formidable. À quoi bon chercher des structures comparables aux nôtres, étant donné que c’est un être autre ? Les signaux sont perçus à l’échelle cellulaire, à l’échelle tissulaire et à l’échelle du système entier. On ne sait pas comment, mais ça marche.

Variabilité… des recherches

  • La recherche : en forêt ou en laboratoire ?

Je ne vais pas vous faire rêver ! On imagine le chercheur sur l’arbre, dans la forêt. Mais en science, quand on étudie un facteur et ses effets sur un organisme, il faut être très rigoureux, et ne faire varier que ce facteur-là, tous les autres étant maintenus constants. Dans les autres facteurs, il y a la variabilité génétique. C’est comme pour nous, humains : nous sommes tous de la même espèce, Homo sapiens. Et pourtant nous ne nous ressemblons pas ; nous avons des formes de gênes légèrement différentes ; c’est cela, la variabilité génétique au sein d’une espèce.

« Nous travaillons sur des peupliers qui sont des clones. »

C’est pareil chez les arbres. Si vous allez dans une hêtraie, il est facile de reconnaître que ce sont tous des hêtres, mais chaque individu est différent. Dans nos études, il faut que la population qu’on étudie soit parfaitement homogène. Nous travaillons sur des peupliers qui sont des clones : ce sont des boutures produites à partir de morceaux de tige. […]

Dans d’autres équipes, par exemple celles qui travaillent sur la sécheresse, les chercheurs vont beaucoup plus sur le terrain, pour chercher dans la variabilité génétique les caractères qui permettent à un arbre de résister à la sécheresse. Ils travaillent beaucoup en forêt de Tronçais. Je suis très jalouse !

  • Le laboratoire PIAF se réorganise…

Dans un laboratoire de recherche, il y a une thématique divisée en différentes équipes et leur organisation peut varier, au fil des années et des évaluations qui ont lieu tous les 5 ans. Nous venons d’être évalués et en préparant cette évaluation, on s’est rendu compte qu’on avait besoin d’évoluer. Nous sommes passés de quatre équipes à trois, en rassemblant les facteurs qui agissent le plus souvent ensemble : la sécheresse et la chaleur. Il y a parfois aussi des sécheresses printanières ou automnales, mais l’impact sur les arbres est plus important en été. Ces derniers étés, on a subi des températures de plus de 40°C, auxquelles les arbres des régions tempérées ne sont pas préparés.

Chaque équipe a ses thèmes et ses modes de recherche. Ici, un dispositif qui permet d’étudier les effets de la sécheresse sur des sapins. Aujourd’hui, les équipes travaillant sur la sécheresse et sur la chaleur se regroupent pour étudier la combinaison de ces deux facteurs.

Donc on continue à travailler sur tous les facteurs, mais dans un contexte de changement climatique plus fort. Des questions nous sont posées par la société et les décideurs politiques et c’est à nous d’y répondre. Par exemple : que faut-il planter dans nos forêts pour l’avenir ? Personne n’a la réponse, mais on travaille sur les différentes solutions auxquelles on peut penser.

« Dans nos modèles, on ne prenait jamais en compte les organismes vivant dans l’arbre. »

Et bien sûr, les recherches sur le vent sont concernées aussi, car dans les modèles de prévisions climatiques, la fréquence et l’intensité des tempêtes augmentent. On le constate déjà.

Dans cette réorganisation, il y a donc l’équipe ThermEau qui travaille sur la température et la sécheresse, l’équipe Méca qui reste ce qu’elle est, et une nouvelle équipe, Interactions, parce que dans nos modèles, on ne prenait jamais en compte les organismes vivant dans l’arbre : champignons du sol, bactéries qui vivent à l’intérieur de l’arbre. Un arbre contient des microbiotes partout, dans ses feuilles, son bois, ses racines et cette dimension « vivant » est nouvelle pour notre labo. Elle va débuter avec des collaborations. Nous travaillons déjà beaucoup avec d’autres labos, à Nancy, Bordeaux, Montpellier ou à l’étranger.

SOIREE TIKO 2025

Cette année, retrouvons-nous pour la soirée annuelle de notre association, avec Catherine Lenne en invitée d’honneur + distribution du recueil Année Tiko 2025 + apéro et surprises !

Mardi 25 novembre (18h) à la Baie des Singes à Cournon – inscription nécessaire

La science contestée

  • La science, les chercheurs et la remise en question de la science.

On n’y est pas insensible, mais c’est aussi la mission des scientifiques de sortir de leur labo, d’aller à la rencontre des personnes pour expliquer ce que nous faisons, partager les résultats. Et cela d’autant plus que nos recherches sont financées à 90 % par nos impôts à tous : c’est de l’argent public.

« Chez nous, on peut encore mener des recherches sereinement. »

Le fait que les sciences sont dénigrées, voire muselées dans certains pays, nous en sommes effarés. On s’organise déjà entre collègues. Nous avons offert un peu partout, y compris à Clermont, la possibilité à des chercheurs américains ou travaillant aux États-Unis de quitter leur labo pour rejoindre des laboratoires européens. Pour cela il faut des crédits et on ne peut pas accueillir tout le monde. Mais certains ont décidé de venir en Europe parce que chez nous, on peut encore mener des recherches sereinement.

Personnellement, je ne me sens pas encore attaquée ; je sens que la parole est encore libre et qu’on nous sollicite encore. Mais c’est toujours délicat de choisir à quelles invitations on se rend. Je me suis déjà retrouvée dans des situations très désagréables où j’étais invitée pour être le faire-valoir de croyances pseudo-scientifiques, où le but était de ridiculiser la science. Dans ces cas-là, je n’avance que des faits, des arguments, des sources. […]

  • La question provocatrice de Monsieur Changement Climatique à Catherine Lenne : « Pourquoi ne pas me laisser faire pour que les hêtres, les chênes, les sapins laissent la place à des cocotiers et des bananiers qui pourraient donner des fruits en abondance ? »

Pourquoi pas ? Dans l’histoire de la Terre, il y a eu plusieurs fois des changements climatiques qui ont bouleversé complètement la végétation et ont fait changer les paysages. Mais si on laisse faire, ce ne sera pas tellement des palmiers et cocotiers qui vont arriver. Ce sera plutôt la toundra qui va s’installer – pas la toundra arctique mais des végétations rases. Sans forêt, il n’y a plus de bois. Et sans bois, il n’y a plus de société humaine. Même nos sociétés les plus occidentales ont besoin de bois, pour les charpentes, les lits, les étagères et les livres…

« Le problème, c’est que vous, Monsieur Changement Climatique, vous allez trop vite. »

Ensuite, pourquoi pas laisser faire effectivement ? Dans la diversité génétique dont j’ai parlé, il y a sûrement des hêtres, des chênes, des bouleaux qui seront plus résistants au changement climatique, vont continuer à vivre et vont imposer leur descendance plus adaptée. Le problème, c’est que cette adaptation est très lente et il faut un certain nombre de générations pour arriver à inscrire des traits dans la descendance. Le problème, c’est que vous, Monsieur Changement Climatique, vous allez trop vite. En dix, quinze, vingt ans, vous bouleversez tout et la végétation ne peut pas suivre. C’est pourquoi on cherche à protéger les forêts, à diminuer la déforestation, à accompagner ces forêts pour qu’elles soient plus résilientes.

Face à face avec Monsieur Changement Climatique. Une confrontation cordiale, mais Catherine Lenne peut avancer des arguments sérieux sur un phénomène qu’elle étudie depuis 30 ans.

Les arbres et nous

  • Les forêts ne sont pas là pour nous servir mais nous avons besoin d’elles.

Les forêts nous rendent un certain nombre de services écosystémiques. Cependant, je n’aime pas le dire comme ça car encore une fois, on ramène tout à nous, pour dire en quoi les arbres et les forêts nous sont utiles.

Le premier de ces « services écosystémiques » est de réduire l’impact de Monsieur Changement Climatique, en capturant par la photosynthèse ce CO2 qu’on relargue dans l’atmosphère. Le problème est que ces puits de carbone commencent, depuis quelques années, à s’inverser. Car un arbre aussi respire et libère du dioxyde de carbone. Normalement il en fixe plus qu’il n’en recrache ; mais quand il n’est pas en bonne santé et ne peut pas croître, il se met à en relarguer plus qu’il n’en stocke.

À l’échelle mondiale, ces puits de carbone diminuent aussi parce qu’on déforeste. À la COP30 à Belem, il y a eu quand même – je suis une éternelle optimiste – un message passé par M. Lula pour demander de freiner la déforestation.

« Nous sommes complètement dépendants de cette trame verte et on l’a oublié. »

Les forêts jouent aussi un rôle dans la régulation du cycle de l’eau. Les arbres sont un des acteurs principaux de la circulation de l’eau, de l’atmosphère jusqu’au sol, sur toute la planète. On peut même dire que les forêts créent les nuages et les vents. Un autre service important est de nous fournir du bois, éventuellement des choses à manger.

Et le service pour moi le plus important, dont on parle assez peu, c’est la biodiversité : dans le changement climatique, on a complètement érodé la biodiversité. Par exemple, la biomasse des insectes a chuté de 30 à 60 % en 30 ans. Comme les insectes s’effondrent, les oiseaux s’effondrent ; les prédateurs des oiseaux souffrent également. La pollinisation se fait moins bien et donc c’est la flore qui souffre, et aussi nos cultures, notre alimentation qui va en pâtir. Cet érosion de la biodiversité est dramatique. Et les forêts sont l’écosystème qui accueille le plus de biodiversité sur la planète. Voilà pourquoi les arbres sont importants. Nous sommes complètement dépendants de cette trame verte et on l’a oublié.

Le sujet est sérieux, mais ça ne doit pas empêcher un peu de rire, d’humour et de belles raisons de rester optimiste malgré tout.
  • Le rôle que chacun peut jouer…

Tout ce qu’on raconte là peut paraître très anxiogène. Mais pour la biodiversité, l’espoir est là. Car c’est un des leviers que chacun d’entre nous peut actionner, et qui a une action positive, très rapidement. Si vous avez un jardin, ou même un balcon ou au moins quelques fenêtres où accrocher des jardinières, vous pouvez agir. Dans chaque jardin au moins, arrêtez de tondre votre pelouse. La tonte, c’est dépassé : ça ne sert plus à rien et c’est fatigant !

« Si on met tous les jardins privés de France bout à bout, leur surface totale représente quatre fois celle des réserves naturelles. »

Donc on ne fait plus rien, on laisse pousser. Éventuellement on tond un chemin, on tond autour de sa chaise longue ou de la table de l’apéro mais pas plus. Vous allez voir revenir les plantes sauvages fleuries, donc les insectes, les papillons, donc les oiseaux, donc la biodiversité ordinaire. Et cela en une seule saison. À la fin de la saison, vous êtes autorisés à faucher, en laissant tout sur place. Ça va pourrir doucement sur votre sol et l’alimenter. Et au printemps ça va repartir.

Évidemment, il va falloir lutter avec votre voisin qui va vous dire « C’est sale chez toi », parce que l’œil est éduqué pour trouver propre les golfs, la pelouse rase. Il faut changer notre point de vue. Un beau jardin, c’est un jardin vivant. Si on met tous les jardins privés de France bout à bout, leur surface totale représente quatre fois celle des réserves naturelles du pays. Il faut se rendre compte de la puissance que l’on a : en quelques années, on peut faire remonter les populations d’insectes et d’oiseaux. C’est plein d’espoir, c’est simple et facile. Il suffit de ne rien faire ! La solution est évidente : arrêtez de vous agiter dans vos jardins.

On pourra aussi lire le portrait de Catherine Lenne : « Dans la peau d’une chercheuse fascinée par les arbres »
Et pour en savoir plus sur le laboratoire PIAF, c’est ici.
Pour en savoir plus sur la soirée Tiko où s’est déroulé cet entretien, lire aussi le reportage : « Un bon climat pour accueillir le recueil 2025 »

Entretien Marie-Pierre Demarty, réalisé samedi 25 novembre 2025 face au public pendant la soirée Tiko. Photos Sébastien Dambrun. À la une : Catherine Lenne sur la scène de la Baie des Singes, avec Marie-Pierre Demarty.

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