L’art de la data-visualisation

Un dessin vaut mieux qu’un long discours, mais une bonne carte vaut mieux qu’une mauvaise carte (et un bon chasseur … bref)


Intéressant de se pencher sur la « data visualisation », l’art de présenter des données chiffrées sous forme graphique, et notamment cartographique. Le sujet est déjà ancien, mais le Cartographe dans l’émission Quotidien l’avait très bien abordé la semaine dernière.

Ci dessous, deux captures d’écran faites à l’instant sur deux sites média nationaux. Ils représentent les mêmes données : les résultats du 1er tour de la présidentielle pour les trois premiers candidats, sur le territoire national.

Deux captures d’écran issues de Libération (à gauche) et du Monde (à droite), mais j’aurais pu trouver des exemples sur d’autres sites. Allez tout de même jeter un coup d’oeil à ces médias en ligne car une « dataviz » est souvent interactive, et ne se résume pas à une image fixe.

Donc il ne s’agit pas de critiquer les données puisqu’elles sont factuellement exactes (enfin, fournies par les autorités compétentes). En revanche, le rendu est sensiblement différent.

Deux manières de représenter les données

D’un côté, la carte de droite fait apparaître des nuances plus fines, simplement parce que les couleurs utilisées sont « pastelisées » en fonction du score obtenu. Plus la couleur est contrastée, plus le score est important. On voit donc les territoires où le vote Le Pen, ou Macron, ou Méluche, est plus important.

De l’autre, la carte de gauche représente les principales communes (ou peut-être toutes les communes, je sais pas, il y en a 36 000 tout de même) et non pas les départements. On a davantage l’impression de fouillis, mais le détail est plus fin, surtout si l’on zoome – ce que l’on peut faire dans une carte numérique : là, on voit qu’une commune avec une population importante aura un cercle plus gros qu’un petit village.

Il y a donc une pondération en fonction du nombre d’habitants qui permet de redonner de l’importance aux villes par rapport aux campagnes, en termes de nombres de voix (et les villes votent, généralement, de manière différente de la campagne). Je me souviens d’une superbe animation de carte – que je ne retrouve pas, hélas – justement présentée dans Quotidien et qui montrait la différence de perception des résultats des élections US de 2020 entre des couleurs par Etats et des couleurs par villes, pondérées selon leur population. Rien à voir (et bien sûr, Trump mettait en avant la carte qui mettait plus en avant les résultats pro-républicains – comme quoi tout est question de perspective, mais je m’égare).

Data et écologie des territoires

Si je me suis un peu étendu sur ce sujet, c’est parce que la data visualisation m’attire beaucoup, à la fois intellectuellement et esthétiquement. J’aimerais vraiment la maîtriser suffisamment pour vous en proposer, et il existe quelques outils – notamment open source, à commencer par les fonds cartographiques Open Street Map – qui le facilitent. Il faut « juste » s’y mettre.

Plus largement, le prisme territorial qui m’anime sur Tikographie implique une approche assez géographique. Pas exclusivement, il y a d’autres dynamiques à l’oeuvre, mais la réalité du territoire, de sa topographie, de son climat, de sa biodiversité, et de la présence humaine par-dessus tout ça, sont des facteurs assez déterminants pour comprendre ce qui va nous tomber sur la tête.

Si cette complexité peut être représentée par quelques cartes et graphiques sympa, cela aidera. Probablement plus qu’un long entretien.

Damien

Image : Roger McLassus sur Wikimedia Commons (CC BY CA 3.0)