Charles-Etienne Dupont : « travailler la forêt, injecter de la naturalité »

Le métier de gestionnaire de forêt, adopté par Charles-Etienne Dupont, tend de plus en plus vers la sauvegarde de la résilience des arbres par un entretien de la diversité


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Pourquoi cet article ?

J’ai adoré le « talk » de Charles-Etienne au TEDxClermont en 2016. J’étais en coulisse, en mode « reportage photo », et j’ai écouté son discours d’une dizaine de minutes sur la nécessité de voir et d’agir dans le temps long, très long – plusieurs décennies – au sujet de la forêt.

Nous sommes restés en contact depuis, et je me suis même intéressé à la perspective d’investir dans une petite parcelle forestière sur le Puy-de-Dôme. C’est plus complexe que d’acheter un trois-pièces à Clermont, probablement moins rentable, mais la valeur globale de la démarche me séduit.

Aujourd’hui, je souhaitais mettre en avant la démarche long-terme et pro-diversité de Charles-Etienne, à l’approche d’un été a priori encore « chaud et sec », qui risque à nouveau de mettre à mal les forêts dont nous avons tant besoin.

L’intervenant: Charles-Etienne Dupont

Issu d’une famille bourgeoise de Lorraine, Charles-Etienne a une formation initiale tournée vers l’ingénierie. Il se pose très tôt la question du sens de la vie professionnelle. Après une expérience aux USA, il est conquis par les valeurs d’indépendance et d’entrepreneuriat.

Il décide alors de se tourner vers le monde de la forêt, attiré par la nature, la beauté des paysages (auvergnats, notamment), et le côté « sain » de l’activité. Il s’installe en Auvergne, passe un bac pro à Aurillac et devient apprenti bûcheron.

Sa découverte du monde rural – valeurs simples, respect du travail – en parallèle de la filière bois – un « far west » comme il le dit, où les petits propriétaires sont souvent « tondus » par de gros acteurs exploitants – le choque. De même, il se rapproche des méthodes de sylvogenèse Prosilva, qui prône une durabilité des forêts par la biodiversité entretenue.

Cela le pousse à créer sa propre structure, CaGeFor, en 2003, afin de proposer de la gestion de forêts pour les particuliers, puis de l’investissement dans des parcelles.

Charles-Etienne vit à Clermont-Ferrand, il est marié et père de 3 enfants

Contacter Charles-Etienne par mail : charles@cagefor.com
Contacter Charles-Etienne par téléphone : 06 78 37 22 24
Voir le profil LinkedIn de Charles-Etienne
La structure : CaGeFor

CaGeFor est une société dédiée à la gestion forestière dans un objectif de durabilité et de résilience. Créée par Charles-Etienne Dupont en 2003, elle propose une approche sur le long-terme afin d’optimiser la diversité écologique et la rentabilité économique.

Depuis quelques années, CaGeFor propose également de l’investissement dans des parcelles forestières (associées à la gestion durable évoquée plus haut), en complément d’une approche globale sur le patrimoine rural.

Voir le site de CaGeFor : www.cagefor.com

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Sur la scène du TEDxClermont 2016, tu as délivré un talk intitulé : “mon horizon, c’est le siècle”. Pourquoi souhaites-tu t’inscrire dans ce temps long ?

Mon opinion est que pour faire de la qualité, cela prend du temps. Et quand je parle de qualité, le critère ne concerne pas seulement un objectif de production, il y a d’autres fonctionnalités de la forêt à prendre en compte qui s’inscrivent dans le temps long. (cf les bâtisseurs de cathédrales !)

Dans une forêt naturelle, tu as une vraie biodiversité, des arbres majestueux, pour lesquels le cours du temps s’est déroulé naturellement. Et c’est là que l’on trouve les plus beaux arbres ! Rien à voir avec les forêts de bois de qualité industrielle et moyenne.

Pour faire de la qualité, cela prend du temps

La sylvogenèse naturelle peut [donc] prendre 800, 1000 ans (…) quand on parle de décennies pour les forêts artificielles, autour de 70/80 ans. D’où ma devise : “mon horizon, c’est le siècle”.

Comment parviens-tu à travailler sur une forêt artificielle dans une optique de long terme ?

Dans mon talk, je dis que je pars d’un existant, que j’essaye d’améliorer. C’est possible avec une forêt artificielle, qui a 50 ou 60 ans derrière elle. J’ai donc cherché à travailler dans des forêts anciennes [mais constituées par l’homme], contrairement à beaucoup de mes confrères.

Cette logique pérenne (…) est au-delà du “durable” : quand on coupe et qu’on replante, c’est durable, mais on repart à zéro sur le plan écosystémique. Moi, j’adhère à l’école de la sylviculture à couvert continu appliquée par l’association Prosilva : c’est une approche que je qualifie de “pérenne”, où la sylvogénèse ne s’interrompt jamais.

Quand on part d’une forêt artificielle (plantée) – cela veut dire qu’il n’y avait plus ou moins rien avant (en général, des prairies ou des estives). Après plusieurs décennies, mettons 70 ans, on peut avoir une forêt qui commence à se constituer, mais ce n’est que le tout début du processus ! On a planté en accélérant la sylvogenèse, en “constituant une ambiance forestière”.

Une forêt artificielle mais faite d’essence variée : tous les arbres sont en bonne santé / Crédit photo : Charles-Etienne Dupont (DR)

On comprend que tu “prends tes distances” avec l’approche majoritairement productiviste des forêts artificielles …

[Après la guerre], il y avait des aides, comme le Fonds Forestier National, qui ont permis de planter des milliers d’hectares avec des essences à croissance rapide – récoltables à 50, 60 ans. Pas de diversité à l’époque ! [Mais] aujourd’hui, le dérèglement climatique – plutôt que le réchauffement – impacte ces forêts artificielles, qui ont été conçues au départ pour occuper de l’espace et produire du bois.

Le dérèglement climatique impacte ces forêts artificielles, qui ont été conçues au départ pour occuper de l’espace et produire du bois.

En 2000, il y a eu la tempête, et j’ai passé 6 mois à répertorier les dégâts pour l’ONF. Tous les trimestres, on chargeait 40 000 m3 de Douglas sur des porte containers. C’était du volume à exploiter … mais quand tu arrives dans une forêt avec le couloir de vent qui a tout fait tomber, quand tu comprends que tout le tissu humain autour des forêts doit se remettre en question, c’est dur ! En même temps, c’est un événement naturel, il n’y a personne à blâmer.

Conséquences de la tempête « Martin » de décembre 1999 (ici à Javerlhac, en Dordogne) : des milliers de m3 de bois à évacuer / Crédit photo : Traumrune (Wikimedia Commons, CC BY SA 3.0)

Ma réaction, en voyant ce désastre, a été de me dire qu’il faut anticiper encore plus avec une gestion très fine, en réduisant les coûts qui plombent l’aspect économique, et en augmentant la qualité et la pérennité des forêts. C’était les prémices de cette approche écosystémique.

Quelle est ton approche quand tu prends en charge la gestion d’une forêt ?

Quand je trouve une forêt ancienne, je fais [d’abord] un audit qui est capital. Il ne s’agit pas que de mesurer, mais surtout de comprendre comment fonctionne le milieu, identifier les essences, d’évaluer l’IBP – Indice de Biodiversité Potentielle… à quel stade il en est…

[En fait,] certains arbres ont une valeur ajoutée économique moyenne. Mais, écologiquement, ils regroupent une forte diversité d’espèces végétales ou animales. Il faut les préserver ! On peut mêler l’approche économique et écologique. Chaque arbre peut avoir plusieurs vocations, par exemple en protégeant les autres arbres (pour certains arbres “solides”, bas et trapus).

Charles aux commandes de sa Land Rover, meilleur et indispensable outil de travail pour arpenter la forêt / Crédit photo : éditeur

Il est prouvé qu’un arbre se développe mieux quand plusieurs espèces, animales comme végétales, « poussent » côte à côte : c’est la potentialisation. Une forêt, sur le plan sanitaire, est plus résiliente et résistante quand il y a un écosystème varié.

Et sur le plan économique et logistique, comment agis-tu ?

Les arbres ont aussi un « Optimum de Valeur Economique » : en général, c’est le moment où il faut les prélever … sachant que certains arbres s’émulent, fonctionnent en groupe, quand d’autres “vivent” mieux seuls. Au global, je fais des plans de gestion entre 20 et 30 ans.

[Ainsi,] dans une forêt uniforme, artificielle, il faut éclaircir petit à petit, créer des trouées, faire entrer des essences plus variées. J’appelle ça “injecter de la naturalité”, à condition qu’il y ait déjà une ambiance forestière constituée.

Eclaircir petit à petit, créer des trouées, faire entrer des essences plus variées. J’appelle ça “injecter de la naturalité”

Optimiser l’usage du bois pour son exploitation industrielle, ça me va. Mais ça ne peut être l’objectif unique, surtout dans une forêt qui a mis 1000 ans ou plus à se développer !

Nous nous dirigeons sans doute vers un troisième été très sec en Auvergne. Comment réagissent les forêts que tu connais au changement climatique ?

Ce qui m’inquiète est qu’on a une quantité gigantesque d’arbres de plus en plus sensibles au dérèglement climatique – les “coups de chaud”, les “coups de sec”. Ça créée une sorte d’embolie, les vaisseaux conducteurs de sève sèchent et privent l’arbre de son liquide vital. On va vers ça !

Quand un arbre est atteint par un parasite, son écorce peut se détacher très facilement. Les coups de chaud ou de sec fragilisent les arbres et les rendent plus susceptibles d’être ainsi parasités. / Crédit photo : éditeur

Par ailleurs, le renouvellement des forêts est menacé parce qu’on manque de capacité à reconstituer une forêt affectée. Et [cela impacte] la capacité à stocker le carbone, à être résilient par la forêt – c’est clairement une solution face au problème climatique, d’ailleurs il y a des dizaines d’entreprises qui proposent de replanter. Mais c’est toujours mieux de maintenir l’état forestier plutôt que replanter ! Cela se fait en amont : le laisser- faire n’est pas la solution ! Il faut travailler les forêts, injecter de la naturalité et de manière dynamique, pour accélérer les processus naturels.

C’est toujours mieux de maintenir l’état forestier plutôt que replanter !

D’un autre côté, on a des côtés positifs. Suite à la pandémie du Covid-19, il me semble que de plus en plus de monde prend en compte ces aspects nécessaires de travail en amont pour prévenir la survenue de ces crises. Mais on n’a pas encore trouvé le modèle économique de cette gestion à long terme, pour rémunérer ce service global que la forêt apporte, et le soin qu’il faut lui prodiguer. Aujourd’hui, le forestier est rémunéré au volume de bois qu’il coupe … c’est schizophrène ! Il faut changer de paradigme.

Dans une sapinière peu diversifiée, les arbres sont plus fragiles par définition. Ici, à proximité du col de la Moréno / Crédit photo : éditeur

Tu évolues entre deux mondes, celui de la ruralité, et celui de la “filière bois”. Sont-ils finalement proches ou lointains ?

Le monde rural, [ce sont] des gens qui font les choses par utilité, sans tchatche, sans esbroufe. Et le regard des autres quand tu dis que tu es forestier ! Quand tu as de la corne sur les mains, quand tu sais ce que ça implique d’abattre un arbre, tu gagnes le respect des gens.

Dans le monde du bois, c’est plus le far west. Pas de prix normé, pas de marché mondial. C’est différent du monde agricole conventionnel. D’un côté, ça le préserve, avec beaucoup de petits acteurs, mais ça engendre aussi ce côté franc-tireur, déstructuré, où une forme de libéralisme absolu règne.

En résumé, la filière de la gestion de forêt fonctionne avec ses vicissitudes humaines, ses enjeux politiques, sa compétition, dans un contexte rural difficile.

La coupe, sombre ou claire, fait partie de la vie et de l’entretien de la forêt. / Crédit photo : éditeur

Quelle est ton expérience personnelle dans ce milieu ?

En tant qu’acheteur de bois, dès 2002, je voyais que les vendeurs étaient totalement démunis face à la gestion de leur forêt – car c’était des propriétaires paysans, avec du bon sens, une logique de prélèvement ponctuel selon les besoins, mais sans professionnalisation.

Je voyais que les vendeurs étaient totalement démunis face à la gestion de leur forêt.

De plus, au moment de vendre le bois, ils étaient des vendeurs atomisés avec des petites parcelles qui se retrouvaient face à des industriels très bien armés et qui avaient une vision globale. La plupart du temps, il n’y avait même pas de mise en concurrence ! Je me suis dit : on ne peut pas avoir une approche aussi peu professionnelle, quand on sait la durée de pousse d’une forêt. Les vendeurs se faisaient tondre …

C’est ce qui t’a poussé à créer CaGefor, ta société de gestion forestière …

[A l’origine], à 26 ans, je me suis installé comme gestionnaire forestier, un peu en justicier ! Je voulais défendre le petit propriétaire forestier face à l’industrie. Rééquilibrer le rapport de force. Et puis, j’avais vissée au cœur, la notion de transmission de patrimoine, et d’amélioration…

Tout ce qui est binaire ne me convient pas : le monde est complexe !

Les solutions juridiques et fiscales existaient, mais la clé était de mettre en relation les bonnes personnes. Le nouveau monde, il est là ! Travailler avec des amis d’amis, des gens qui se connaissent et qui s’apprécient. La complexité de la forêt m’attire, celle du monde [humain] aussi, et il y a des parallèles à faire.

En 2003, j’ai [donc] créé CaGeFor. J’ai défendu mon projet, j’ai gagné le Défi Jeunes des aides à l’installation, et plusieurs prix d’innovation. Car c’était une approche innovante ! Ça n’existait pas en tant que tel. Il y avait bien des techniciens forestiers indépendants, avec une vision métier, qui étaient des sortes de courtiers mais sans vision de gestion [de la forêt].

Comment fonctionnes-tu pour trouver des parcelles forestières ?

S’est alors structuré un process, que je continue d’améliorer : il faut « se promener » dans un paysage, repérer des parcelles qui méritent d’être travaillées, confronter au cadastre, contacter le propriétaire … c’est relativement ingrat et très intrusif ! Et les gens sont échaudés par ce que font d’autres forestiers ailleurs.

Parfois, des propriétaires de parcelles étalent des plans datant de Napoléon III au milieu des légumes / Crédit photo : Charles-Etienne Dupont (DR)

Mais, patiemment, en connaissant les papis et les mamies du coin (mais pas seulement !), je construis mon réseau, et les gens me font plus confiance. Et ils finissent par venir me solliciter quand ils ont des parcelles ! [Et] aujourd’hui, j’en suis à choisir les parcelles qui m’intéressent.

La forêt, l’horizon séculaire, t’apportent le sens que tu cherchais …

Pour faire le parallèle avec mon parcours, rien ne me passionnait – à part aller crapahuter sur les sentiers. Mais je sentais que le monde des humains n’avait pas de sens. Le monde d’avenir, pour moi, cherche le sens, est orienté vers le pour-quoi, en deux mots ! Ces questions, je me les suis posées à 19 ans, et je les ai développées depuis. Maintenant que ce sont des questions d’actualité, les gens voient mon métier comme exceptionnel !

[Aujourd’hui], je n’ai aucune culpabilité à couper un arbre, ou à utiliser un 4×4 parce que cela s’inscrit dans une démarche qui a du sens ! Je suis arrivé au début avec des a prioris sur ce milieu, mais je me suis rendu compte que pour aller loin, il faut être hyper sain, hyper droit, hyper rigoureux.

Pour aller loin, il faut être hyper sain, hyper droit, hyper rigoureux.

[Quand il fait 3° le matin], le gars qui passe ses journées dehors, sous la pluie, par cette température, dans la forêt, avec un résultat qui ne se verra que dans un siècle … il est courageux ! Et personne ne le félicite le soir pour au bout de sa journée. Avec une condition de sportif de haut niveau, une résistance tous les jours remise à l’épreuve ! Il faudrait avoir une considération énorme et une vraie reconnaissance sociale pour les gens qui travaillent en forêt aujourd’hui.

Mais comment as-tu évolué dans la perception de ton métier, depuis 2003 ?

La base de mon métier ne change pas : rendre pérenne une forêt. En revanche, la prise en compte sociétale – et non pas économique – d’une forêt (paysages, patrimoines, et de plus en plus les aspects environnementaux palliatifs et compensatoires !) évolue, mais cela me conforte dans l’idée qu’il faut plus travailler dans le sens de la capitalisation du carbone. On peut cumuler les objectifs économiques et écologiques ! C’est d’ailleurs ce qu’il faut pour la pérennité.

Un arbre quasiment mort à cause des parasites. L’approche de Charles-Etienne consiste à renforcer la résilience forestière en diversifiant les espèces et accélérant la sylvogenèse / Crédit photo : éditeur

Tu es d’ailleurs en train de t’engager politiquement, à ta manière …

Je suis en train de jeter les bases d’un manifeste, sur les orientations forestières nécessaires … au niveau national ! C’est ambitieux. J’ai été sollicité par un spécialiste des lichens (David Happe, de Génération Écologie) qui est venu dans une forêt que je gère depuis 15 ans (et qui existe depuis 800 ans). Il y a un an, il a publié un post sur l’importance du collectif pour les enjeux écologiques, et qui veut accompagner les politiques dans leurs choix. Je pense en effet qu’il faut faire remonter l’information aux hommes politiques. Il m’a demandé d’écrire quelque chose pour Delphine Batho.

Du côté du monde de l’entreprise, tu prends part à l’initiative du Sylvomimétisme. Pourquoi ?

Il me semble important de rapprocher l’expérience vécue en forêt et la compréhension des enjeux. Dans le milieu de l’entreprise, on doit pouvoir s’inspirer des grandes lois des écosystèmes naturels pour développer une certaine éthique, une “écologie de management”. L’entreprise, c’est le lieu de l’initiative, de l’action … mais quel est son sens, au fond ? 

On doit pouvoir s’inspirer des grandes lois des écosystèmes naturels pour développer une “écologie de management”.

L’initiative du Sylvomimétisme s’adresse à ces organisations qui sont à la recherche de leur sens, de leur utilité sur la planète. Pour faire émerger chez les managers des inspirations de solutions pour leurs propres entreprises.

Lire l’entretien avec Pierre Gérard : « s’inspirer de la forêt pour trouver des solutions inédites en entreprise »

Concrètement, j’ai développé avec Pierre [Gérard] et Catherine [Redelsperger] un accompagnement de petits groupes – moins de 12 personnes – venant de structures variées, en forêt. D’abord, le cadre de la réunion est sympa, original ! Ensuite, c’est sain. Enfin, on cherche à apporter du sens. Là, j’aide à observer, je vulgarise les notions d’écologie forestière, et on fait le lien avec les problématiques d’entreprise. Tout cela se fait dans un cahier des charges spécifiques, autour de problématiques bien définies. Ce sont des moments de cohésion, de construction de la confiance et de recentrage des objectifs.

Pour refermer le cercle, revenons sur ton “TEDx” : quelle vocation ce talk avait-il pour toi ?

Cette volonté pédagogique [que j’ai toujours eue] m’a poussée à emmener des amis en forêts et à leur parler de mon approche. Je voulais notamment contredire des a priori, rapprocher les mondes des villes et des bois … tout ce qui est binaire ne me convient pas : le monde est complexe !

Lire le reportage du Connecteur « Leurs plus belles minutes » qui décrit la préparation et le talk de Charles-Etienne

Un jour, Pierre [Gérard] m’a proposé de faire ce speech devant 300 personnes au TEDxClermont. Ça m’a obligé à formaliser, rendre intelligible ce discours ! Et à me rapprocher de courants intellectuels, pour universaliser le message. Depuis le TEDx [en 2016], mon métier a forcément évolué. Mon approche intellectuelle a été formalisée, ça me permet d’aller plus vite en face de mes clients.

Côté régie, durant le « talk » de Charles-Etienne au TEDxClermont 2016 / Crédit photo : éditeur

Le modèle de l’arbre est inspirant, il tend vers le soleil, la lumière. Il faut avoir cette approche, être vertueux, s’intéresser au côté lumineux de la “force” ! Pour moi, c’est le modèle de la résilience. Et ça marche surtout quand on est plusieurs. Les derniers mots de mon talk sont “soyons une forêt”.

Pour aller plus loin : le site de Prosilva Europe (en anglais)

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Propos recueillis le 7 novembre 2019 et mis à jour le 4 octobre 2020, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigés par Charles-Etienne. Crédit photo de Une : éditeur