Marion Canalès : « Comment Clermont Métropole peut-elle impulser un nouveau modèle ? »

Pour les collectivités territoriales et notamment Clermont Métropole, l’heure de s’engager dans la résilience a sonné, estime la Conseillère Métropolitaine en charge de l’ESS.


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Pourquoi cet article ?

Etant au Conseil d’Administration d’Epicentre Factory depuis quelques années, j’y côtoie Marion Canalès qui représente la Ville et la Métropole – membres sociétaires de la SCIC Epicentre.

J’ai ainsi compris l’engagement de Marion en faveur des thématiques de l’ESS bien sûr, et progressivement de la résilience territoriale. Aujourd’hui, elle insiste pour que ce sujet soit pris en compte de manière plus transversale, avec l’aide des acteurs territoriaux existants.

L’intervenante : Marion Canalès

Marion est élue à la Ville de Clermont-Ferrand, ajointe en charge de l’économie et de l’emploi. A Clermont Métropole, elle est Conseillère Communautaire sur l’ESS (Economie Sociale et Solidaire), et par là présente dans de nombreuses instances soutenues par la Métro – comme le CISCA ou Epicentre Factory.

Elle y travaille avec l’aide de Raymond Collet, fonctionnaire territorial, et de Geoffrey Volat, chercheur en thèse CIFFRE. Leur mission, depuis 2014, est de mettre en place une politique de l’ESS sur le territoire métropolitain.

Marion est également présidente de la SPL – qui poursuit la mission de la SEAU sur l’aménagement – et de la Mission Locale de Clermont.

Accès direct aux questions

Tu milites ardemment pour la mise en place d’une politique territoriale de résilience sur Clermont Métropole. La pandémie du Covid-19 a-t-elle fait bouger les choses sur ce point ?

[Cette crise sanitaire] a poussé les élus locaux à se remettre en question. [Pour un élu], s’interroger sur l’avenir de son territoire, c’est interroger le monde, car il est composé de la somme des territoires. C’est donc un moment de vérité collectif, et c’est le sujet de la résilience.

On en parle beaucoup, notamment avec les mouvements de défense de la planète – la résilience est surtout portée par ces mouvements. Là, on est déjà dans le dur : comment impulse-t-on un nouveau modèle ? (…) On ne peut pas juste revenir en arrière, en matière économique notamment.

Comment résumes-tu l’enjeu pour les élus locaux ?

Soit ils se posent les questions maintenant, anticipent, acceptent de dire que ça ne va pas si bien – et auquel cas on peut moins subir les choses, voire les amoindrir (…) Soit [ils] ne se posent pas ces questions, et feront face aux crises comme ils pourront, avec les moyens disponibles à l’instant t.

L’importance vitale des services publics sera pour toi un axe majeur de ces politiques de résilience …

Je pense qu’il y a une vraie prise de conscience [sur] le service public. Je connais le monde hospitalier, mais c’est valable pour les autres services. Par exemple, le CCAS de la ville était le seul service [public social] ouvert pendant le confinement. La demande pour le portage des repas à domicile a explosé, l’aide alimentaire a représenté 95% des demandes exceptionnelles. chacun a pu s’apercevoir de l’importance vitale de ces services !

Il faut résister au retour en arrière dans les anciens systèmes.

A l’école, on savait déjà [par exemple] que certains enfants ne mangent que à la cantine. Pas le matin ni le soir, uniquement le midi à l’école ! Plusieurs centaines d’enfants scolarisés à Clermont ont [ainsi] bénéficié de l’aide alimentaire du CCAS. Sans service public, on voit donc l’impact de la crise. Et on n’a pas encore [pris conscience de] tous les effets collatéraux.

Alors, oui, il faut avoir des plans d’investissements pluriannuels, des objectifs … mais on ne peut pas gérer les services publics comme une entreprise. Parce qu’ils sont essentiels à la vie de la nation. C’est un nouveau contrat social pour paraphraser Rousseau qu’il convient d’écrire en remettant le service public à sa juste place, centrale !. J’espère qu’il y aura (…) au minimum un débat sur [cette] question.

Quels sont les points principaux de ces politiques de résilience territoriale ?

La résilience, c’est une politique globale. D’abord, être lucide sur un constat local. Puis, mettre en place les outils pour anticiper, affronter et dépasser. “Résilier”, c’est accepter de devoir changer, et de le faire en co-construction. Il faut [donc] résister au retour en arrière dans les anciens systèmes.

On ne peut pas gérer les services publics comme une entreprise.

Ça commence à être partagé à la Ville. Par exemple avec les pistes cyclables transitoires (…) Dans chacune de nos délégations, on a tous essayé de mettre en place dans la gestion de la crise des actions qui vont dans le sens des futures politiques publiques à développer, si on accepte le principe d’une politique de résilience.

Préparation des pistes cyclables en « urbanisme tactique », boulevard Jean Jaurès à Clermont le 15 mai 2020 / Crédit photo : éditeur

Également, plusieurs solidarités avec des associations peuvent être pérennisées ou encore des dispositifs présents déjà en creux, comme les brigades mobiles de la politique de la ville. Ce dispositif constitue un vrai « plus » selon moi

Et à la Métropole ?

Je n’y siège pas dans l’exécutif, j’en ai une vision moins précise. Mais il y a un plan d’aide à l’économie, et l’un des leviers fondamental selon moi est la commande publique qui peut orienter positivement l’activité économique locale.

Il faut accepter la co-construction de cette politique de résilience territoriale.

La Métropole a également abondé le fonds d’aide aux jeunes, essentiel dans le cadre de cette nouvelle politique qui vient de nous être transférée. Tout ceci se fait dans une période politique inédite.

Quels sont les acteurs locaux impliqués dans cette politique de résilience ?

[Il faut] accepter la co-construction [de cette politique, et] c’est un sujet complexe. Quand on dit qu’il faut résister à un système déjà ancré, ce sont de nouvelles façons de gouverner, pas si faciles à mettre en place dans une métropole ni dans une grande ville. Parce que ça implique que tout le monde revoit ses systèmes de fonctionnement.

Chacun doit déconstruire ses modèles, ses systèmes, ses méthodes, et les faire différemment.

Or, nous avons tous la tête dans le guidon, et pas forcément le temps de le faire. [En face,] la demande citoyenne est souvent pressante, et le temps compté – je rappelle que beaucoup d’élus travaillent à côté de leur mandat !

C’est aussi l’enjeu de la politique de résilience : chacun doit déconstruire ses modèles, ses systèmes, ses méthodes, et les faire différemment. Il faudra prendre ce temps nécessaire !

Le CISCA a réuni à plusieurs reprises des acteurs variés du territoire pour réfléchir ensemble aux enjeux de la résilience / Crédit photo : CISCA

En interne, quel rôle peuvent jouer les fonctionnaires des collectivités ?

[A mon avis, ] les fonctionnaires territoriaux ne peuvent pas [porter seuls la résilience]. Au CNFPT – la formation des fonctionnaires locaux – il y a encore assez peu de formations en adéquation avec la résilience.

Mais [il s’agirait] plutôt de faire venir tous ceux qui travaillent sur ces sujets, notamment les chercheurs et les universitaires, dans la Métropole. Tout en sensibilisant les fonctionnaires pour qu’ils comprennent les enjeux, sans devenir des experts en la matière.

Il s’agirait de faire venir tous ceux qui travaillent sur ces sujets, notamment les chercheurs et les universitaires, dans la Métropole.

On serait plus sur des partenariats avec les chercheurs et les universitaires pour impulser ce changement. C’est tout l’enjeu d’intégrer des contrats CIFRE, et je suis très favorable à cette méthode que la délégation à l’ESS a développé pendant le mandat précédent.

Et en externe, collaborez-vous avec d’autres territoires hors Métropole ?

Au CISCA, on travaille avec Thiers, mais le PNR Livradois-Forez est aussi investi [sur le sujet]. Idem pour le Territoire à Énergie Positive : on l’a évidemment acté sur les frontières de la Métro.

Panorama forézien vu depuis le rocher de l’Olme (commune de Chalmazel). Le PNR Livradois-Forez est notamment impliqué dans le Projet Alimentaire Territorial avec Clermont Métropole / Crédit photo : Rayman78 (Wikimedia Commons, domaine public)

Mais une telle politique se construit plus largement. La résilience, ça se partage. [Même si] il faut commencer bien sûr par acculturer la Métropole.

Clermont bénéficie notamment du label “French Impact”. Que nous apporte-t-il dans la logique de la résilience ?

[Avec] la taille humaine du territoire, on arrive rapidement à se connaître. C’était notre force pour obtenir le label French Impact, que nous avons eu sur trois sujets : la mobilité, l’alimentation et le numérique. [Ce label] permet de nous crédibiliser, de mieux travailler ensemble et de montrer que des acteurs nationaux s’intéressent [à notre territoire].

On a parlé des fonctionnaires territoriaux, des partenaires locaux … mais quid des élus ?

[Il faut] sensibiliser les élus qui ne [se sentent pas encore tous forcément concernés] … Quand on veut changer de système, il faut prendre le sujet par tous les bouts : l’eau, la voirie, les déchets, la culture… On commence par l’économique et le social – c’est le principe et l’ADN de l’ESS. Mais tous les champs d’action publique sont concernés.

Je pense [d’ailleurs] que l’on pourra avancer en un mandat. Par exemple, ouvrir les commissions à plus d’auditions [pour ouvrir les sujets]. Mais la question est de savoir si les élus peuvent se mobiliser encore plus ? Nos conseils métropolitains durent déjà parfois six heures, demandent des heures de préparation en commission

Or, nous sommes tous des gens normaux avec [bien souvent] des métiers et même une vie personnelle à côté. Il faut trouver une manière de faire, par des séminaires sans doute, en mélangeant avec des fonctionnaires, des chercheurs … je n’aurai personnellement de cesse de pousser ces solutions !

Quels “outils” faut-il mettre en place sur le territoire pour faciliter cette politique ?

[La résilience, c’est notamment] savoir quel impact écologique ou social on a sur le territoire. Le CISCA, à l’origine, a été créé pour cela : c’est l’outil intellectuel pour “dresser des constats et proposer des pistes, des solutions”. Mais aussi pour que tous ces acteurs puissent se parler – rassembler des acteurs économiques, chercheurs, institutionnels. Des gens qui à l’origine ne parlaient pas forcément la même langue.

Lire l’entretien avec Nicolas Duracka, directeur du CISCA : « on est obligé de changer de logiciel, et ce n’est pas facile ! »

[Il faut donc] une intermédiation, des lieux pour relier. Le CISCA n’est pas le seul moyen [pour cela], il peut aussi y avoir par exemple Epicentre comme cela a pu être proposé dans le cadre de la nouvelle orientation de ce tiers-lieu. [D’une manière générale], la création de moments de sensibilisation, comme de rendez-vous, est fondamentale.

A mon sens, la politique de Développement Durable de la Métro est vraiment remarquable, certes perfectible, mais déjà très aboutie. Il manque peut-être aujourd’hui plus de liens et d’outils pour relier les univers. C’est un des trois maillons capitaux [de la résilience].

[Finalement,] quand on développe le Territoire Commerce Equitable, ou la ferme urbaine … quand on collabore à la SCIC Combrailles Durables, ou encore la Coop des Dômes … on participe de la résilience. [Il faut] des acteurs impliqués autour des ressources économiques et naturelles : numérique, nouvel entrepreneuriat, entreprises engagées …

Combrailles Durables est une coopérative favorisant la production « d’énergie citoyenne ». Une des initiatives soutenues par Clermont Métropole / Crédit photo : Combrailles Durables

Revenons dans le cadre de l’action Métropolitaine : tu crois beaucoup au levier de la commande publique pour faire bouger les choses …

La commande publique est un des leviers énormes à la disposition de la Métropole. [Par exemple,] en organisant des petites sessions d’aides auprès des nouveaux acteurs, pour [les aider à savoir] comment répondre à la commande publique. On l’avait fait en petites sessions avec les incubés Cocoshaker : [la commande publique] peut représenter des ressources énormes pour eux !

Si seuls les [grosses entreprises] peuvent [accéder aux commandes publiques] parce qu’ils ont une armada de juristes, ce n’est pas le but du jeu. Il faut ouvrir un maximum aux nouveaux entrepreneurs, celles et ceux qui portent en eux les principes de l’ESS. On souhaite développer cet outil qui nous permet de faire vivre les locaux de l’étape tout en participant au développement territorial. Allotir est la clef [pour la rendre accessible], et nous le faisons à la Métropole.

Quelles autres mesures peuvent compléter la commande publique ?

On demande [par exemple] l’éco-conditionnalité des aides. C’est dans le Manifeste [signé par Olivier Bianchi et publié le 14 mai dans le Nouvel Obs – NDLR]. Mais je pense qu’on doit faire œuvre de pédagogie, mettre le paquet sur les outils d’intermédiation, de vulgarisation, d’accompagnement. Non au seul green washing !

Es-tu globalement confiante dans une prise de conscience sur la résilience territoriale ?

Soit on accepte de se poser des questions qui vont déranger, soit on assume d’être mis devant le fait accompli. Je ne suis pas catastrophiste, et il ne faut pas jouer à se faire peur, mais on doit évoquer des scenarii de stress hydrique maximal où des solutions doivent être trouvées pour les habitants. On doit être prêt à parer à toute éventualité : c’est important, au moins, d’en parler.

Olivier Bianchi s’était exprimé pendant une heure en public, à Epicentre, sur sa vision de l’écologie, le 17 février 2020 / Crédit photo : éditeur

[D’ailleurs], quand on décide de ne plus urbaniser de surfaces agricoles pour y installer des grandes surfaces, ça fait partie des prémices de la politique de résilience. Revenir sur des circuits courts, des commerces locaux … cela change le rapport à l’économie et à l’alimentation des ménages. “Habiter autrement”, en d’autres termes.

Chaque territoire doit avoir sa plus-value, identifier [ses points forts]. Et on coche pas mal de cases : on a la chance ici d’avoir [notamment] de l’eau, des terres hyper fertiles, des industries de pointe, des chercheurs …

Ecouter le podcast de l’intervention d’Olivier Bianchi sur son programme écologique, dans le cadre des Municipales 2020 à Clermont, le 17 février 2020 à Epicentre

Tu parles de ce qui sera sans doute la prochaine crise territoriale : l’eau. Qu’est-ce qui peut être fait dans ce domaine ?

Concernant la gestion de l’eau, ce n’est pas la Métropole seule qui peut traiter un sujet aussi complexe. Mais, avec sa compétence, nous avons un rôle déterminant à jouer. D’autant que nous avons toujours fait le choix de la gestion publique de l’eau à Clermont-Ferrand. Nous ne sommes pas en régie privée, ce qui n’est pas fréquent en France. Et que le prix de l’eau y est l’un des moins élevé.

Nous avons toujours fait le choix de la gestion publique de l’eau à Clermont-Ferrand.

[Aujourd’hui], tout le bassin, tous les acteurs doivent mener ces travaux de recherche. Je suis sûre qu’on regorge d’informations, mais elles ne sont pas mises en commun.

Les stations d’épuration sont gérées par la Métropole, mais ne sont pas les seuls leviers d’action pour la gestion de l’eau / Crédit photo : Seb common swiki (Wikimedia Commons, CC BY SA 3.0)

En attendant, il faut que l’on continue à entretenir les réseaux pour réduire les fuites, à garantir la qualité de l’eau par les installations dédiées. Mais aussi se projeter sur la gestion de l’eau, et pourquoi pas, quand cela est urgent avec l’Etat, [envisager de] prendre des mesures plus coercitives. Moi, que des stations de lavage restent ouvertes en amont d’une canicule, ou que l’eau des toilettes soit potable en France, ça me sidère ! [Cela dit], l’eau, ce ne sont pas que les infrastructures, il y a aussi les usages ou la tarification.

Il y a également le Schéma de Transition Écologique qui avait été élaboré par la Métropole … est-il à la hauteur des enjeux ?

[Ce schéma] est une bonne base, il pose les jalons de ce qu’on veut faire. Tout y est amendable, il n’y a rien de définitif. Mais il donne une image de ce qu’on veut faire dans les années à venir, [et montre] qu’on ne part pas de zéro ! Par exemple le schéma cyclable, qui est arrivé tard, mais qui est bien présent.

Le Schéma de Transition Ecologique pose les jalons de ce qu’on veut faire.

Je rappelle juste que, si on a accusé du retard en matière de vélo, en 1995 nous étions la première et seule ville de France à instaurer une aide d’urgence pour les étudiants boursiers ! Rappelons aussi les priorités de l’époque devenues des acquis, parfois oubliés.

Pour conclure, quelles sont les prochaines étapes dans cette politique de résilience ?

Elargir ce qui a été préfiguré par le Cisca à une autre échelle, par exemple une forme de “conseil » ou « observatoire territorial et scientifique” – même si ce n’est pas forcément la bonne formulation. L’agence d’urbanisme publie aussi déjà beaucoup de choses de très grande qualité.

C’est mon opinion personnelle, je ne parle pas à la place d’Olivier Bianchi. [Cette] idée de conseil, par exemple, j’espère la faire passer dans la majorité, on verra bien. C’était en creux dans le schéma de l’ESS co-construit en 2015 avec les acteurs, au tout début du mandat. Je n’invente rien.

On n’est pas encore à la hauteur des enjeux de modification du système.

[Plus globalement], on a bâti les choses petit à petit, avec des acteurs variés. Mais on n’est pas encore à la hauteur des enjeux de modification du système, ce qui nécessite davantage d’ingénierie, des espaces de co-construction, d’intermédiation … j’aimerais modéliser ce système, pour ne pas agir trop ponctuellement mais plutôt montrer la cohérence de l’ensemble et le faire monter en puissance. « Plus loin, plus haut, plus fort« , comme pour les JO !

Pour aller plus loin : le schéma de Transition Energétique et Ecologique de Clermont Métropole

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Propos recueillis le 15 mai 2020, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigés par Marion. Crédit photo de Une : Patrick Bagein